En trouvant le juste milieu entre ses influences sud-américaines et son amour pour la pop, Juan Wauters signe un sincère et réjouissant quatrième album avec « Introducing Juan Pablo ».

Coincé au milieu des artisans du revival « guitare claire » devenu franchement épuisant (Wild Nothing, Beach Fossils, DIIV s’en sort grâce à sa discrétion), Juan Wauters fait un peu figure d’exception culturelle sur le label Captured Tracks. Au point qu’on n’a jamais vraiment trop fait attention à lui. Le tarissement du filon 80’s de ses collègues de label devrait l’aider à mieux faire connaitre ses talents de songwriter pop.

Vite – mais non sans raison – catalogué comme une sorte de Jonathan Richman latino, l’Uruguayen débarqué à New-York en 2002 a l’art de cultiver son originalité. A l’image de sa superbe nuque longue (récemment coupée malheureusement), il part un peu dans tous les sens depuis ses débuts garage avec les Beets il y a une dizaine d’années.

Et si ses premiers pas en solo s’annonçaient tout aussi prometteurs que perfectibles, le compatriote d’Enzo Francescoli est quand même resté muet pendant quatre ans depuis le « Who Me » de 2015. Avant de se prendre pour le premier groupe de garage psyché venu en sortant deux albums en quelques mois début 2019. Car Juan Pablo Wauters (son nom complet) a voyagé, beaucoup voyagé pendant ses quatre années de silence et ramené pas mal de musique grâce à son studio mobile tenant dans deux mallettes. Marchant sur les pas du gourou des citoyens du Monde Manu Chao, il a bourlingué dans toute l’Amérique du Sud pour délivrer un premier « La Onda De Juan Pablo » sorti en janvier et très marqué par la culture latino-américaine sous toutes ses facettes. Un disque jugé réussi mais pas forcément facile à appréhender pour un vieil Européen nourri au rock indé.

A peine quatre mois plus tard, il remet le couvert avec « Introducing Juan Pablo », album enregistré entre Londres, Paris, New-York, Toronto et Montevideo autour de 2015 et 2016 où il mêle cette fois allègrement ses deux cultures. De là à dire qu’il s’est trouvé serait un peu facile mais pas complètement faux non plus. En donnant cette chaleur propre aux musiques latines à sa brillante écriture pop, il en ressort une ambiance « feel good » un peu abrutissante mais vraiment pas désagréable. Ca donnerait presque envie de parler de disque idéal pour l’été à déguster avec une Quilmes bien fraîche si on n’avait pas peur de se faire insulter.

Entrecoupé de « field recording » et autres courts instrumentaux, l’album presque entièrement acoustique et confectionné sur la route gagne en variété ce qu’il pourrait perdre en cohérence. Entre folk latino (Rubia, Lora au final renvoyant aux relents hispanisants de Love) et anglo-saxon classique (Mystery), il ose même le melodica sur le reggaeisant Doing Alright.

Plus proche des sympas et rigolos Richman ou Ben Lee que des cramés comme Syd Barrett ou Daniel Johnston, Juan Wauters se montre aussi capable de petites merveilles pop : que ce soit l’enjoué Letter et sa basse moelleuse (dont deux versions sont sur le disque) ou l’impeccable piano/voix El Hombre De La Calle qui se boucle sur un solo de clavecin rappelant tout l’amour qu’il porte aux Beatles (Straighten Up And Lose ou Dos sont d’autres exemples intéressants). S’il tente également avec succès les nappes de synthés planantes (Lonely) ou la ballade à la Velvet (Crazy Funny avec sa copine Maxine Yolanda dont la voix rappelle incroyablement Katrina Mitchell des Pastels), le guitariste artisanal maintient toujours une intimité et une certaine naïveté qui confèrent au disque un côté réellement attachant et reposant. Il y a finalement beaucoup de sincérité dans « Introducing Juan Pablo », ce qui n’est plus forcément très courant ces derniers temps.

Juan Wauters // Introducing Juan Pablo // Captured Tracks

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