Planquée volontairement au beau milieu de mon interview, je pose enfin à l’intéressé la question « à mille dollars » : peux-tu te définir en cinq disques ? C’est typiquement le genre de question un peu conne qu’un mélomane rêve de poser à un autre, situé un cran au-dessus sur l’échelle de la connaissance et (surtout) de la pratique, déjà parce que n’importe quel clampin pourrait la formuler, ensuite parce qu’elle appelle une réponse qui peut sembler jouissive au premier abord, mais s’avère en fait beaucoup plus délicate de par sa nature délibérément restrictive.
Contre toute attente, la réponse de Joakim ne tarde pourtant pas à tomber : « Remain in light » (Talking Heads, 1980), « Nebraska » (Bruce Springsteen, 1982), « Pansoul » (Motorbass, 1996), « More G.D.M » (compilation, 2002) et « Shenzou » (Biosphere, 2002). Soit un disque de songwriter de facture « classique », une pièce maitresse de la « French Touch » première période, un bon résumé de l’éclectisme et de l’intransigeance « made in » Tigersushi, un sommet d’ambient largement inspiré par les travaux de Debussy, et au-dessus de tout ça, l’extraordinaire troisième album des Talking Heads avec Brian Eno, insurpassable croisement de pop blanche et d’afro-funk enregistré en exile (aux Bahamas). Comme aujourd’hui ce « Tropics of Love » qui a pris forme dans un petit appartement new-yorkais, loin des habitudes prises à Paris… Ça nous en fait donc un en commun, et pas des moindres.
Non contente de témoigner de son bon goût (on s’en serait douté), la réponse de Joakim parvient plutôt bien à circonscrire sa vision musicale à 360° : musique populaire ET musique de niche, musique d’aujourd’hui ET musique d’hier, musique de club ET musique de salon, musique synthétique ET musique organique, mais surtout : bonne musique OU mauvaise musique. Joakim sait tendre l’oreille, il aurait été dommage de ne pas en profiter.
Depuis aujourd’hui plus de quinze ans, Joakim Bouaziz creuse un sillon à part sur le créneau des musiques électroniques en France. Sur la forme, il est ce qu’on appelle communément un touche-à-tout : il produit des disques sous son nom ou pour le compte d’autres artistes (Poni Hoax, Panico, Zombie Zombie), préside à la destinée d’un label dont on ne connaît aucun équivalent (Tigersushi), joue au graphiste et au DJ dès qu’il le peut et à l’instinct, fraye avec les milieux de la mode (sa marque Tigersushi Furs lancée en famille) et de l’art contemporain (son travail sur les installations de Camille Henrot, lauréate du Lion d’Argent à la dernière Biennale de Venise). Sur le fond, il s’intéresse en général aux passerelles qui peuvent unir ces différentes formes artistiques, et en particulier à celles qui existent dans son domaine de prédilection : la musique, ou plutôt, les musiques. Car s’il est affilié, par défaut et pris dans la spirale de son époque, aux musiques électroniques, Joakim n’a jamais été « purement » un musicien électronique. Son bagage musical est classique (quinze ans de conservatoire) et sa culture, son savoir, vont puiser aussi bien dans la pop mainstream que le rock underground, la techno des origines que les musiques « ethniques », les musiques savantes que les tendances nées dans la rue. Tout cela se retrouve dans son parcours, qui l’a vu démarrer en lançant un website spécialisé aux idées larges (la première mouture de Tigersushi) avant de prendre à bras le corps toutes les fonctions que son statut présuppose, par nécessité, par passion évidemment, sans trop avoir à se poser de questions. Disons-le tout net : pour toutes ces raisons, Joakim joue un peu en solo à domicile. En France, on a en effet nos lubies : la chanson à texte, la variété millésimée, le rap en écho à la jeunesse immigrée, la house filtrée ou compressée, ce genre. Mais dès qu’il s’agit de s’intéresser à ce qui se passe ailleurs, au-delà de nos petites frontières, il n’y a plus grand monde. Alors pour ce qui est de l’hybridation entre les genres…
Le seul contemporain de Joakim, ici bas et dans cet ordre d’idée, ce serait Gilb’r du label Versatile. Pas de hasard là-dedans : c’est justement sur le label de ce dernier que Joakim a sorti l’essentiel de ses albums solo (les quatre premiers). Pas un d’entre eux ne se ressemble : du jazz électronique de « Tiger Sushi » (1999) à la pop mutante de « Milky Ways » (2009), dix années-lumière se sont bel et bien écoulées, traduisant l’évolution constante d’un musicien en prise directe avec son temps, mais moins avec ses homologues de la « French Touch », dont il s’est toujours naturellement démarqué. En se dirigeant petit à petit vers une fusion de disco et de rock très prisée outre-Atlantique, Joakim a essayé de chercher son chemin, quitte à pâtir de la comparaison avec les sociétaires de DFA – qui étaient là les premiers, qui jouaient quand même un cran au-dessus, c’est entendu. Mais il a avancé ses pions, des albums, des remixes, des compilations impeccables (« More GDM » donc, « So Young But So Cold », « How To Kill The DJ », « Dirty Space Disco »…) que personne d’autre n’aurait osé sortir à l’époque. Oui, Joakim est un branché, mais il est du bon côté de la ligne, celle qui distingue les leaders d’opinion de toute la masse informe des suiveurs – aussi bien sapés que généralement incultes. Et finalement, son « presque » grand disque, il l’a sorti il y a trois ans tout juste : ce « Nothing Gold » à l’équilibre remarquable, varié, maîtrisé, avec quelques accroches potentiellement déclinables en maxi (« Forever Young », « Find a Way », « Labyrinth »), qui le voyait revenir à quelque chose de plus électronique et radieux. A posteriori, on peut aujourd’hui dire que « c’était le bon » : le disque où Joakim s’était enfin trouvé.
Ce qui nous amène maintenant à son successeur, « Tropics of Love ». Il y a quelque chose de très suranné dans ce titre, tout à fait raccord avec le contenu du disque. On imagine déjà le décor, les embruns, les palmiers, le soleil qui vient brunir ces jolies fesses placées en rangs d’oignons sur le sable fin, et cette humeur, légère, comme si ces instants de douceur pourraient durer une éternité… Stop ! Ce décor, cette bande-son, on connaît déjà : c’est Everybody’s Got To Learn Sometimes (The Korgis) ou bien I’m Not in Love (10cc) ou encore Wonderful life (Black). Et d’une manière ou d’une autre, tous ceux-là, on les croise sur ce disque : c’est parfois juste un feeling, mais un feeling qui en appelle nécessairement à une certaine nostalgie – normal, les années 80 ne nous vendent que ça depuis des années, car pour les gens de cette génération, ça marche. En poursuivant l’écoute de « Tropics of Love », on croise aussi Art Of Noise (souvent), Laurie Anderson, The KLF, voire le New Order de « Technique ». C’est déjà une autre conception de ces 80’s si décriées, plus expérimentale et pointue, seulement voilà : avait-on besoin d’un autre disque qui vienne puiser dans cette décade pillée dans les plus grandes largeurs ? Et surtout : ce disque, finalement (fatalement ?) en-deçà de ses illustres modèles, devait-il être signé des mains de Joakim, qui nous avait jusque-là habitués à regarder droit devant ? Plutôt que de théoriser sur ce qu’aurait pu être le disque « new-yorkais » de Joakim dans d’autres circonstances, nous avons préféré laisser directement l’intéressé s’en expliquer, mais aussi nous parler de sa relation à la musique, de ses machines, de ses projets, de son besoin de respiration et de sa difficulté à dire non.
Tu t’es récemment installé à New-York. Quelles sont les raisons qui t’ont amené à quitter tes « bases » parisiennes (ton studio, ton label, ton réseau) pour aller enregistrer ce disque là-bas ?
Il fallait d’abord que j’échappe au fisc (rires). Plus sérieusement, j’avais envie de changer d’air, et un certain nombre de conditions étaient réunies pour que cela soit possible (visa, logement). New York fait partie des rares villes où j’envisageais d’aller vivre un jour. Si je n’avais pas déménagé là, je ne l’aurais sans doute jamais fait.
Souhaitais-tu que l’atmosphère de cette ville, son histoire, musicale notamment, puisse avoir une influence sur cet album ?
Je n’ai pas vraiment déménagé pour que la ville inspire ma musique, même si cela va sans doute avoir une influence sur elle dans le futur. Une bonne partie de mes références musicales viennent clairement de New York, et la ville en général est source d’inspiration. Il y a toujours quelque chose à observer, une scène en train de se dérouler à un coin de rue… Sur ce disque, on peut dire que New York se manifeste davantage au travers des participations : j’ai pu rencontrer Luke Jenner de The Rapture (que je connaissais très vaguement) et Akwetey de Dragons Of Zynth, et ces deux collaborations se sont faites très vite, comme presque tout à New York. Je continue d’ailleurs de bosser avec Luke puisque je suis en train de produire son premier album solo post-Rapture.
« Nothing Gold » avait été enregistré dans ton studio parisien avec les musiciens qui t’accompagnent sur scène, et « Tropics Of Love » a été enregistré avec peu de moyens, sans ton matériel habituel, seul à New-York. Avais-tu envie de revenir à quelque chose de plus brut, de plus naïf ?
Oui, mais c’est plutôt une conséquence de mon déménagement qu’un choix délibéré. Je dis peu de moyens, mais j’avais quand même ramené mes Arp2600, MS20, SP1200, plus quelques samplers et boites à rythmes, des synthés plus cheap, et j’ai aussi construit un synthé modulaire sur place. J’en ai profité pour me replonger dans cette manière de travailler en home studio, en immersion dans les morceaux et les sons, comme à mes débuts. Je voulais retrouver certaines sensations, et l’économie de moyens permet cela.
« En France, dès que tu mets de la reverb sur une snare et un arpeggio de synthé, c’est décrit comme un truc 80’s »
Pour la première fois, j’ai le sentiment qu’un de tes albums choisit de regarder vers le passé plutôt que de s’inscrire dans le temps présent. « Tropics Of Love » est-il un disque nostalgique ?
J’espère que ce n’est pas un disque nostalgique, ce serait un véritable échec. Je ne suis pas du tout intéressé par faire de la musique rétro. J’utilise des machines souvent anciennes, mais parce qu’elles sonnent objectivement mieux, et que je préfère l’interaction avec des machines analogiques plutôt qu’avec un ordi qui ne fait que bêtement obéir aux ordres. Et c’est toujours dans l’idée de pervertir un peu ces instruments vintage, de ne pas les utiliser de la même manière qu’à l’époque. J’aime aussi utiliser les outils plus récents : plug-ins bizarroïdes, traitements de sons digitaux… Par rapport à mes disques précédents, il y a ici plus de synthés modulaires et aussi quelques synthés fin 80’s/début 90’s qui donnent cette couleur presque « new age » par moment. Mais je ne crois pas que ce soit trop 80’s… J’ai remarqué qu’en France, dès que tu mets de la reverb sur une snare et un arpeggio de synthé, c’est décrit comme un truc 80’s. Après, je ne vais pas nier qu’il y ait des influence 80’s sur le disque, plutôt fin 80’s en fait, notamment Art Of Noise, les début acid-house et ambient…
J’ai lu quelque part que tu allais défendre cet album sur scène avec deux groupes différents, l’un pour l’Europe, et l’autre pour les Etats-Unis.
Oui, deux groupes pour des raisons pratiques. En France, ce sont les musiciens avec qui je tourne depuis des années, Juan De Guillebon (basse, synthés) et Mark Kerr (batterie). Aux Etats-Unis il s’agit de Chris Berry (batterie) et Benjamin Campbell (basse). Moi je m’occupe des séquences, des claviers et manipulations sonores, et du chant.
Au travers de ton label, de tes productions, de tes multiples casquettes, tu montres depuis toujours un amour immodéré pour toutes les musiques, et plutôt celles qui sont à la marge. N’est-il pas difficile de trouver sa propre « couleur » quand on prend le parti de défendre un aussi large spectre musical ?
Si, bien sûr, mais je ne vois pas pourquoi je sacrifierais mon amour et ma curiosité de la musique pour simplifier mon propos et rendre ma musique plus facile à définir. Je suis conscient que le chemin est plus long, plus casse gueule quand on choisit l’hétérogénéité, mais je ne saurais pas vraiment faire autrement. J’admire les gens qui ne font qu’une seule chose pendant toute leur carrière, mais j’en suis incapable et ça ne m’intéresse pas. Je suis assez content car avec ce disque, j’entends des gens me dire qu’ils voient un fil conducteur dans les différents albums, une identité sonore aussi. Je ne fais pas chaque disque comme un recommencement mais plutôt dans l’idée d’un travail en plusieurs étapes, une recherche au long court, un « work in progress », avec un même but à chaque fois… J’espère que ça apparaitra avec un peu de recul.
Sur This is my life, tu énumères des anecdotes liées à ta vie personnelle et ton éducation à la musique : une sorte de petit bilan… Avec le recul, quand as-tu pris conscience de l’importance qu’allait occuper la musique dans ta vie ?
J’ai commencé tôt la musique, mais je n’ai pas pensé que cela puisse devenir mon métier jusqu’à ce que je sorte un premier disque et que je commence à avoir des DJ-sets. Au départ j’étudiais la musique classique, de six ans à la vingtaine. Puis j’ai découvert qu’on pouvait créer de la musique avec des machines, un séquenceur et un synthé, ça a été une révélation, mais je ne pensais pas encore que je pourrais en faire un métier, et je n’avais aucune notion de production. J’ai du apprendre énormément sur le tas. Mais la musique a toujours occupé la place centrale dans ma vie, même lorsque ce n’était pas mon « métier ».
« Comparée à la musique classique, la musique électronique c’est quand même de la rigolade… »
Quel regard portes-tu sur ton éducation musicale « classique » (le conservatoire) au vu de ce que tu as pu accomplir par la suite en tant que musicien « électronique » ?
Ce sont deux choses assez séparées, d’ailleurs dans 99% des cas je trouve nullissimes les tentatives de mélanges entre musique classique et pop (ou musique électronique). La musique classique et la pop au sens large, c’est comme la philo et la BD, c’est le même médium mais c’est vraiment éloigné. Je ne peux pas dire que je m’inspire de la musique classique, mais je sais lire une partition et écrire la musique. Comparée à la musique classique, c’est quand même de la rigolade la musique électronique…
Tu es à la fois de la « génération French Touch » et à la fois totalement à côté. Que penses-tu de l’évolution de cette mouvance ?
J’ai juste toujours essayé d’éviter d’être catalogué, donc je suis resté un peu en marge même si sur mes premières K7 démo, il y avait pas mal de morceaux très pompés sur Motorbass ou Daft Punk. Comme prévu, ceux qui sortaient du lot à l’époque sont encore là (les Daft, Zdar, I:Cube, Pepe Bradock…) et pas mal d’autres trucs plus anecdotiques ont disparu. C’est intéressant de voir que ça a aussi inspiré et généré une deuxième génération de producteurs que les journalistes ont génialement appelé « French Touch 2.0 » (rires).
Tout comme bon nombre de musiciens estampillés « French Touch », tu suis pourtant un chemin similaire en partant aujourd’hui tenter ta chance aux Etats-Unis. Est-ce une étape nécessaire vers la consécration ?
Je ne suis pas parti « tenter ma chance aux Etats-Unis », je suis juste parti, ça ne fait pas une différence énorme d’être ici ou là-bas quand on fait de la musique. Ce qui est vrai en revanche, c’est que pour être reconnu en France, à moins de faire de la variété française, c’est en général pas mal d’être reconnu ailleurs avant, les Français aiment bien se détester et attendent l’aval des autres. En fait, c’est comme ça dans beaucoup de pays, mais j’aime bien critiquer la France en ce moment. Ca doit être pour autojustifier mon départ…
Peux-tu me parler un peu de ton nouveau label Crowdspacer, dédié aux sorties maxi plus dancefloor ?
On a déjà sorti sept maxis. Comme tu dis, c’est orienté plus dancefloor, club, c’est la seule règle. On fait 300 copies à chaque fois, pas de promo, dès que les morceaux sont finis ils partent au mastering, et on sort le disque dans la foulée. C’est un terrain d’exploration d’un genre nouveau pour moi, et l’occasion de faire des collaborations (Kindness, Crackboy, Ill Studio et Alexis Le tan…)
Quels sont les projets à venir sur Tigersushi ?
Le prochain gros truc sur Tigersushi c’est l’album de Maestro : on bosse dessus en ce moment. Ensuite, quand j’aurais un studio à New York, je compte bien lancer d’autres projets et aussi y faire venir des groupes de Paris, histoire de voir si le changement d’air les inspire. Il y a déjà une liste d’attente…
On te connaît essentiellement en tant que musicien, producteur et remixeur – moins en tant que DJ. Quelle place occupe ce métier dans ton planning ?
C’est marrant, je pense que tout le monde a un point de vue différent là-dessus. Rubin Steiner avait écrit une super biographie pour annoncer un concert qu’on faisait dans sa salle à Tours, et il commençait en disant : « demandez à vos amis s’ils connaissent Joakim et ils vous répondront tous un truc différent : « ah le producteur », « le musicien », « le mec qui a remixé untel », « le DJ »… Donc je te mets dans la catégorie qui ne répond pas « DJ » (rires). En fait c’est quasiment ce qui me prend le plus de temps et c’est aussi ce qui me fait bouffer. Je joue presque tous les week-ends, et je passe des heures et des heures par semaine à chercher de la musique, à la classer etc. Mais effectivement, je ne rentre pas complètement dans la case DJ : je ne joue pas à Ibiza et je n’ai pas de t-shirt avec un col en V… Encore une fois, je me retrouve un peu outsider sans le vouloir.
Comment abordes-tu cette fonction lorsque tu te retrouves aux platines ? Avec autant de variété que dans les styles que tu embrasses en tant que producteur ?
Oui, j’aime bien raconter une histoire, varier les ambiances, les genres, la dynamique. Mais en gardant un fil conducteur parce qu’après des années de DJ-ing, j’ai compris qu’au final tu es là pour faire danser les gens. Il ne faut pas être trop orgueilleux quand tu es DJ, même si je refuse de jouer des choses que je n’aime pas. C’est un truc de communion avec le public, c’est en ça que c’est extrêmement plaisant, il peut réellement se passer des moments de magie. C’est très différent du live.
Tu es également graphiste, tu as lancé une marque de vêtements avec ta cousine, tu ambiances des défilés de mode et fraye avec le milieu de l’art contemporain… D’où te viens ce besoin d’élargir à ce point ton champ d’action ?
Bon, graphiste, c’est peut-être un peu exagéré… J’ai commencé à faire pas mal de choses (du graphisme, produire des groupes…) parce que je n’avais pas le choix. En démarrant Tigersushi, on n’avait pas l’argent pour payer des graphistes assez bons, ni des producteurs pour les groupes, donc il a fallu que je m’y mette en amateur, et j’ai appris sur le tas. Je n’avais presque jamais touché à Photoshop par exemple. Je suis très attaché au concept du DIY et assez geek. J’aime toucher à tout, et les nouveaux projets, j’ai un peu du mal à dire non. Ça me nourrit pour ma musique aussi, notamment l’art contemporain. Ça me change les idées et élargit les horizons… Plus prosaïquement, on vit dans une époque où il est quasi impossible de survivre financièrement en ne faisant que des disques, donc il faut porter plein de casquettes.
Ne crains-tu pas que ton identité en tant qu’artiste, déjà riche de mille et une choses, ne se dissolve dans quelque chose de plus flou ?
Non, je ne suis pas vraiment préoccupé par ça. C’est une idée de puriste. Je suis contre les puristes (rires). Ce qui m’intéresse, c’est le mélange, la distorsion, l’hybridation, les mutants. Ce qui m’ennuie, c’est le manque de temps. Je n’arrive pas à faire toutes ces choses à la fois et je ne veux pas bâcler. En particulier pour la musique : quand je me mets à faire des nouveaux morceaux, je ne peux rien faire à côté. Je travaille donc beaucoup tant que je peux et que ça m’amuse.
Pour terminer, peux-tu me parler un peu de ton frère Mattias, qui a récemment sorti un très beau morceau sur la compilation « Acid Arab » ?
Oui, en plus d’être un excellent DJ, il commence à produire. Il a fait un remix de DyE qui va sortir très bientôt et il bosse sur un remix de Each Other qui est sur mon album. Son pseudo est désormais Vikram. A suivre !
Joakim // Tropics of Love // (Tigersushi)
www.joakim.tv
3 commentaires
Je ne suis pas vraiment d’accord, j’ai écouté 10 fois plus Tropics Of Love que Nothing Gold, j’adore, ça me rappelle les émotions ressenties en écoutant à l’époque Milky Ways, quelque chose de vraiment fou, direct et spontané. J’aime ton déséquilibre maîtrisé.
Coucou toi.
« je ne rentre pas complètement dans la case DJ : je ne joue pas à Ibiza et je n’ai pas de t-shirt avec un col en V » comme quoi, même à ny on peut être snob parisien 😉