Quand on dit « funk », l’écho répond souvent « Sex Machine ». Mais c’est un vieux radoteur et personne ne regrette le James Brown finissant. Marchant au milieu des morts et - pire - des retraités, Eric Sintès monte dans le vaisseau mère nommé George Clinton et apporte son bloc jusqu’à l’increvable père des blokes. Rencontre du troisième âge.

Les cruciverbistes comme les amateurs de groove le savent bien : si ce sont les mots des blancs qu’ont retient, ce sont bien les noires qui en définissent les contours. Oh ne me dites pas que c’est fumeux alors que le sénateur du funk est précisément né à… Kannapolis. Tour à tour patron du funk, découvreur de Maceo Parker et Bootsy Collins, pionnier du rap inspirant Snoop Dogg, 2Pac et Dr. Dre, producteur de Red Hot débutants, si bien qu’à 70 piges, le papy du P-funk (pour psyché) refuse toujours de claquer ne serait-ce que la porte.
Bien décidé à sauver l’âme du seul Clinton ayant servi à la fois sa nation (sous le groove) et la démocratie (via son Parlement) sans sucer ni saxophone ni cigare, notre garçon-fou des rives du Rhône rôde à la dérive. L’occasion d’évoquer l’entourage de la funk family, étiqueter quelques LPs nourris au LSD et nous révèler qu’un porno mainstream existe bel et bien là où des infirmière tirent dans les ambulances. Plus loin de l’hagiographie que de la radiologie, Eric Sintès tire dessus. Qui aime bien châtie bien.

20 commentaires

  1. Merci pour cette belle histoire,
    du coup sans rapport – ou presque – mais je viens de découvrir le disque Maggot Brain de Funkadelic, punaise quelle claque.

  2. C’est curieux, à chaque fois que j’ai essayé (et là j’en ai pas mal remis of course) je trouve ça bizarre, puis génial, puis longuet, puis je décroche.

    Mais on ne dit pas assez combien il y a du génie là dedans (entre la 3e et la 7e minute en général) et que certains trucs signé Clinton himself dans les 80s sont des bombes comparé à TOUT le rap 90s.

  3. Content que ça plaise et plus encore d’avoir influencé quelques instants la direction (et la moiteur) de vos tympans. Juste un détail, Hilaire : c’est James Brown qui a découvert Maceo Parker et Bootsy Collins. Et c’est Clinton qui les a récupérés lorsque fatigués d’être tyrannisés et sous-payés, ils l’ont quitté. Durant leurs années Clinton, ils se sont émancipés en parallèle en créant leur truc à eux et en devenant à leur tour des légendes. Bon j’arrête là, j’ai l’impression de devenir Pierre Tchiernia 🙂

  4. Mea culpa. Tu auras ma démission sur ton bureau ce soir Eric.

    Disons une fois pour toute que James Brown c’était l’usine chinoise de Longhua, alors que Clinton c’est le bureau de Scarface aux heures de livraisons.
    Je crois qu’il va nous falloir un article qui enterre JB un de ces jours…

  5. C’est volontaire cette reference à Motorhead ? Parce que Clinton a declaré un jour qu’il était fan….Génial jusqu’au bout quoi !

  6. Putain quand je lis la remarque pitoyable d’HP sur le rap 90’s, et l’honnêteté dramatique de Bester qui vient de découvrir maggot brain, je me dis qu’il est temps que vous embauchiez des gens sérieux pour parler de tout ça.

  7. Ah mais faut pas vous braquer. Ce site est bon parce que ses chroniqueurs le sont. C’est souvent sérieux et chiadé, les mecs touchent leur bille ou se renseigne bien. C’est pas les inrocks, loin de moi l’idée de dire ça. Mais sur tout ce que j’ai pu lire à propos de funk et de hip-hop, je suis désolé de dire que non, c’est pas ça. C’est pas une honte heingh. Mais ça l’est plus de demander à des gens qui ne sont pas familier de ces genres d’en parler.

    Et honnêtement, sur un bon site comme gonzaï, ‘ffectivement ça manque.

  8. Je comprends ton sentiment, cher Burp.
    De l’autre coté, s’enfermer dans le ghetto culturel du rock chelou fait par des barbus, ça me semble pire que de tenter, parfois maladroitement – et là je trouve que c’est pas le cas – des incursions dans d’autres musiques.
    Et puis merde quoi, découvrir Funkadelic sur le tard, entre nous, c’est vraiment si grave que ça? 🙂

  9. « Je dis pas ça pour le camarade hilaire  » -> ha bah si la critique n’est pas pour moi, j’ai carrément pas compris le but du commentaire alors.

    Sinon, disons le franco, le funk et le disco m’éclatent mais je n’ai jamais (ô grand jamais) creusé la story. Alors que je peux me battre dents et ongles pour le rock indé US, le punk, et des trucs inacceptablement honteux, mais le funk et la disco, je le mange comme une pizza décongelée les soirs où j’ai envie de baffrer et que rien que regarder une casserole m’emmerde.

  10. Je disais par là que tes planches sont biens, et que le propos n’est pas con. Maintenant ton commentaire: « que certains trucs signé Clinton himself dans les 80s sont des bombes comparé à TOUT le rap 90s. » me laisse carrément septique (cela dit, ça n’emmerdera personne heureusement).

    Pis bon, je vous jette pas tant la pierre les amis. Si je devais parler de folk ou math rock (dieu m’en préserve) je ne dirais que des conneries. Mais c’est bien là le soucis, et sans doute aussi pour ça que je suis incapable d’apprécier, de « creuser la story », parce que j’ai personne pour me dire: « ouais connard, écoute ça: c’est la base ». Et je pense qu’effectivement je rate pas mal de chose, en vertu de la loi universelle qui dit qu’un très bon son est un très bon son, quelque soit le genre. Là c’est un peu comme si dust & groove faisait un article sur Tav Falco. On apprend rien, et ça fait chier les geeks.

    @ Bester: je t’idolâtre tellement que j’ai réagi à chaud. C’est un peu comme si tu balançais à une midinette des années 60 la vérité sur le trou du cul de James Dean. J’ai péché par amour.

    Mais putain ne chier pas sur la funk. Nous aussi on cherche à baiser maladroitement en soirée en se sifflant des godets à 5 euros le bout frelaté.

  11. Ben je persiste hein, ‘pour moi’ (subjectivisme, gonzo tout ça) Atomic Dog vaut tout Snoop Dog par exemple.
    Quant à avoir la chance d’avoir quelqu’un qui nous dit « ça c’est la base du funk », ben on aEric et ses feutres 16 couleurs alors moi ça me va nickel. J’échangerais pas ça contre le pavé James Brown de PhilMan.

    Merci enfin de ne pas griller mes intentions de refiler du mathrock à chroniquer à Eric je vous prie monsieur Burp, c’est du spoiler alert.

    Yours,
    H.

  12. Burp, si les planches Clinton ne t’apprennent rien, Hilaire n’en n’est pas coupable . Les textes sont de moi. Qui je suis ? Un petit blogueur bd amoureux de Black Music qui a pour mission d’exposer cet amour sur Gonzaï avec humour en mode gonzo-bd. J’insiste sur le mot « amour » car je ne suis ni un spécialiste, ni un érudit….et si tu lis mes deux précédentes chroniques tu verras que seul cet amour guide ma plume. Mes chroniques n’ont pas de visées encyclopédiques. Les auteurs et lecteurs de Gonzaï n’ont pas la culture Black Music (ou très peu) m’a-t-on assuré. Mon utilité, si on m’en accorde une, c’est de « vulgariser », de créer des curiosités en exposant des faits « basiques » à travers des histoires et des jugements perso … Alors bien sûr, un mec comme toi n’y apprend rien, c’est clair. Mais tu devrais te réjouir (en tous cas moi j’en suis fier) que ma dernière chronique ait donné envie à Bester de découvrir Maggot Brain et qu’elle ait bruni quelques instants (et de plus en plus souvent , hé, hé) les tympans d’Hilaire. Je ne crois pas qu’en compilant des infos hyper pointues sur le sujet glanées sur le net comme un étudiant préparant une thèse, j’aurais obtenu le même résultat. Sûrement même aurais-je fait fuir tout le monde (à part toi peut-être ☺ ). Et si comme j’ai cru le comprendre, tu as malgrè tout pris du plaisir à me lire, c’est un strike pour moi. ☺

  13. Erf… décidément je m’exprime de plus en plus mal, donc je vais tenter une synthèse plus explicite que mon jus informe.

    Les enfants, votre bédé est très bien, et c’est pas elle qui est en cause quand je dis « là on apprend rien et c’est ce qui fait rager les geeks ». Au contraire, ici vous faites du très bon taf. Et le gus qui connait pas clinton et ses amis sait déjà vers quoi s’orienter. Ce que je critiquais davantage par cette formule, c’était les articles en général traitant de la funk et du hip-hop que l’on rencontre sur gonzaï. Pis c’est ludique et y a pleins de dessins, alors on serait vraiment con de bouder.

    Et du coup Hilaire, si tu l’envoies chroniquer du math, alors justement je crois que le combo image/selecta de skeuds ne sera définitivement pas de trop pour moi.

    Pis bon, Snoop Dog c’est de la merde, à part un premier album inégal et deux trois ovnis qui ne méritent que l’hébètement. Donc je ne renierai pas ta formule.

    Mais c’est justement ce qui manque un peu sur le web, c’est le boulot que vous faites sur le rock et qui n’est absolument pas fait sur le peura et la funk: un type qui te dit: « aujourd’hui on va vous mettre une sale douille dans la gueule avec cet album particulièrement génial de Black Moon, qui combine un des meilleurs Mc de tous les temps et des kicks travaillés comme ci, avec cette spécificité du rendu qui donne comme ça… ect… » Le glubo derrière comprend que tout ne se vaut pas, qu’il y a des spécificités qui rendent le genre appréciable. Après quoi il groove, et nous comme ça on peut aller aux concerts revival de come backs de merde parce qu’enfin il y a de la demande populaire.

    C’est juste une forme de complot en fait.

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