Noël Gallagher : In the Heat of the moment (Andrew Weatherall remix)
On est tous d’accord : dans la famille jus d’orange, on a toujours préféré Liam à Noël Gallagher. Question d’attitude, de tambourin et de coupe de cheveux. Pour son come back en solo, le père Noël tente le remix dance en face B de son nouveau single. Et bizarrement, il n’a pas voulu se faire remixer par des kids anglais de vingt balais en k-way jaune, mais par un mec plus vieux que lui: Sir Andrew Weatherall. Le résultat est donc une tracks de près de 8 minutes, dans la droite lignée des dernières prod’ de Weatherall sous l’alias Asphodells : dubby, trancey, hypnotique, très lente et surtout un petit côté New Order « Power Corruption Lies » 1987 pour rester dans l’esprit Manchester.
Question : A qui s’adresse ce genre de remix ? Aux fans d’Oasis ? On entend à peine le mancunien chanter, alors non. Aux fans de techno ? Ils se branlent de l’album solo d’un groupe des années 90. Alors aux fans d’Andrew Weatherall, alors? Eh bien oui. Et on le remercie.
Fizzy Veins : R=A(1) : Serpent Digit’s Precious Metal Crown – R=A records
Nom d’artiste imprononçable, titre de tracks au-delà du raisonnable. Un morceau low tempo sur une rythmique à la Grandmaster Flash période cocaïne « white line ». Ici, on est donc en plein New York no wave de chez Ze Records 81. Sorte de jam improbable entre un Brian Ferry avec un doigt dans le cul et un George Clinton accro au crack période Atomic Dog 83. C’est un maxi qui compte trois edits ultra obscurs. Dont cet excavation d’un morceau de 1987, The Golden King, par l’artiste Snakefinger. Vu le peu d’informations sur cet EP, c’est limite de l’occultisme. Parfaite illustration de ce qu’est le post-modernisme actuellement: un jeu de références ultra maitrisé et distillé au compte-goutte pour caresser l’intelligence de l’über hipster en Stan Smith de 2015. Bref, ce que faisait déjà Lenny Kravitz en 1992. Magnifique.
Black Asteroid feat. Coldcave : Black Moon – CLR Records
“There’s no past, there’s no future, there’s nothing left to lose “...On trépignait de voir Weisley Eisold, le nouveau Morrissey, se frotter au vrai son dance. Il a choisi son compatriote américain Brian Black aka Black Asteroid. Après avoir fait chanter Martin Gore et Gary Numan sur ses prod’ précédentes, c’est tout logiquement Weisley Einsold, qui est convoqué dans les studios. Le frontman manchot de Cold Cave convoque le diable sur les deux premières trax de l’EP et il nous refait définitivement le coup du Sisters Of Mercy. Une sombre histoire gothique de lune noire, des larmes de sang du christ dans le jardin de Gethsémani. En somme, cet EP sonne comme du Christian Death à Ibiza, du Darkthrone en springbreak à Cancun. Indispensable.
Moscoman : Rerotica – I’m a Cliché records
Le vinyle est rouge comme le bandana glissé dans la poche arrière de George Michael dans ses clips 80’s, avec cette esthétique issue des studios homo Colt : lunettes aviator miroir, cuir aveuglant, jean 501 sablé poutres apparentes sur barbe de 3 jours. Pendentif avec croix. Like a prayer. Je veux ton sexe. L’interdit, le stupre, la pose christique, un genou à terre, les yeux mi-clos, la langue tendue pour recevoir l’offrande du corps du christ : Moscoman vient demander l’absolution divine pour tous ses péchés. Ses tracks ressemblent à du Frankie Goes To Hollywood au ralenti, un truc malsain, moite, qui sent le cuir et le contact d’une braguette en acier sur ton corps nu. Le tout susurré par une voix de mâle bâillonné que l’on entend à peine gémir dans la cave, tout en bas…
SR.Krebs : She like (moscoman remix) – Her Majesty’s ship records
22 Novembre 1997, suite 524 de l’hôtel Ritz Carlton, Sydney Australie. Quand l’enquêteur tente d’ouvrir la suite, il remarque que quelque chose obstrue l’entrée. En poussant fort sur la porte, il se retrouve devant un cadavre nu et encore beau, échoué sur la moquette épaisse: Michael Hutchence, frontman d’INXS est mort. Suicidé. Dans la chambre : des cendriers pleins, des bouteilles d’alcool, des rideaux fermés, de la cocaïne. La mort d’une pop star sexuelle de seconde zone des années pognon. Un ancien punk devenu une icône cocaïnée pour tabloïds. Une sorte de Ian Curtis qui aurait chanté en playback, bourré de cacheton, dans des émissions Berlusconiennes aux décors criards. La solitude, la mort de la new wave, l’italo dance en version blafarde. Sortie sur le label de David Shaw, cette track de l’américaine Sarah Rebeca Krebs remixé par Moscoman est d’une beauté et d’une tristesse à tomber.
Rework – What are you doin’. (Love Yeah records)
Dans son livre «Portrait d’un fumeur de crack en jeune homme», Bill Clegs raconte sa longue descente aux enfers : des salons moelleux d’une maison d’édition prestigieuse newyorkaise, il claque 40 000$ en deux mois en cailloux de crack dans des chambres d’hôtel. Il ne dort pas pendant une semaine, perd 15 kilos, ne mange plus, se nourrit exclusivement de vodka et fait appel sans relâche à des prostitués mâles. Il y a cette scène dingue où il partage sa pipe à crack avec un chauffeur de taxi qu’il connait à peine. Garé derrière un genre de Lidl en pleine zone industrielle, sous l’effet flash de la dope qui leur tape les tempes : Ils défont chacun leurs braguettes et se branlent frénétiquement. Dans l’autoradio : Rework aurait très bien pu coller à l’ambiance. Sorti sur leur propre label, les Franco-Allemand nous proposent encore une tuerie hyper drogue.
Date With Elvis –tears ( vox low remix)- La Dame noir Records
Dr John période Gimme Shelter, le bayou poisseux de la Louisiane, le voodoo, le fantôme d’Eddy Cochran sous mescaline qui flirte avec Ash Ra Temple : c’est tout ça avec ce track complètement incroyable de près de 10 minutes. Quand un duo de garage très rock’n’roll signé sur un label dance drogué se fait remixer par un sorcier fou fan de Krautrock enfumé, cela nous donne cette chasse à l’homme sans issue. Une course à travers les rocheuses sous un ciel sépulcrale tout droit sorti du Sorcerer de William Friedkin. Vision d’effroi, des lumières bleues nuit et plus que tout : cette impression de fin du monde. Le pire dans tout ça c’est que ça vient de cette ville de merde de Marseille.
Furfriend : Touch myself – KilleKill Records
Mai 80, Freddie Mercury déménage dans le New York décadent rempli de cocaïne, de no-wave et de vidéo-punk qui se prennent pour Prince. Il a ses habitudes au Anvil Bar, où il lève des bikers pour s’adonner à des orgies de sexe lourd, gainé de cuir. Son amant se fait surnommer Thor, ça en dit long sur le programme. Il raconte cela en filigrane sur Party qui ouvre l’album « The miracle » de Queen en 85. Et c’est un peu ce que nous fait miroiter ici le groupe techno- allemand Fufriend. C’est catchy, bizarrement très pop et clairement déviant. D’ailleurs le clip illustrant leur maxi ce sont des mecs au corps huilé qui font de la lutte gréco-romaine.
Détail important, la troisième piste est un skit de quatre minutes sur le championnat de la baise olympique (Fuck olympics), où un commentateur de foot commente un gangbang au son des hourras du stade. Ouais, c’est clairement Mötley Crüe comme attitude.
Red Axes : Na Da. Extrait du EP Shem Vol.1 – I Am Cliche Records
J’ai passé près d’une année en Israël, dans le sud, à Eilat exactement. Une station balnéaire, rempli d’hôtels de luxe et de dauphins. Comme le toit de l’hôtel où je créchais était le plus haut de la ville, il servait de site d’observation. Du coup, on croisait le ballet des militaires qui se relayaient H24 pour voir si les pays frontaliers n’envoyaient pas des missiles tomahawk. Dans le bureau du chef de la sécurité, je me souviens de cette photo au mur où il pose avec Stallone.
Sinon, il faisait 40 degrés au mois de novembre, et il y avait des raves monumentales dans le désert qui rassemblaient dans les 2000 personnes. Quand on s’éloignait du sound system pour aller pisser tranquille dans le désert, il était courant d’entendre et de sentir la présence d’une meute d’hyènes qui nous observaient,tapies dans l’ombre. Seuls leurs yeux s’allumaient dans le noir.
http://youtu.be/K24_4fSJC3c
Diplomatic Shit : Laserfucker – Yuk Fü Records 2008
Oldies but goldies : Pour fêter la sortie de l’album de Paris, retour sur un de leur side project de 2008 plutôt orienté « rage contre la machine ». On est avant le déluge Poni Hoax : Nicolas Ker et Mike Theis avaient eu l’idée démente de faire produire leur gang de reprise du Gun Club par le maitre artificier Christophe Monier, le cerveau du plus grand groupe techno français à ce jour : The Micronauts. Le résultat : du Jeffrey Lee Pierce en pleine montée d’ecstasy et le meilleur break de toute l’histoire des breaks. Ce titre est, en toute objectivité, le morceau le plus dément jamais produit depuis la sortie du Appetite for Destuction de Guns’N’Roses.
Illustrations : Love Gerard
6 commentaires
magnifique illustration
MERCI !
J’adore !
top, en revanche quitte à enculer les mouches the asphodells c’est le band de Weatherall, pas un alias
Feat. Timothy J. Fairplay s’il vous plaît !
Du style dans le propos et des titres à découvrir : job done !!