Souvent relégués au fond de top 10 d’artistes à suivre parrainés par des marques de fringues faussement vintage et fabriquées en Inde, ils luttent contre 60 ans d’histoire pour se faire une place dans le cœur d’auditeurs qui croient avoir tout entendu. Eux, ce sont les musiciens d’aujourd’hui, anonymes et fauchés. Aujourd’hui, place à Sam Blasucci, la moitié du duo Mapache qui signe son premier album solo « Off My Stars » chez Innovative Leisure.

Le temps s’écoule différemment en Californie. Là où le reste du monde s’empêtre dans un engrenage terrible fait de crise climatique, d’inflation et d’hyperpop, tout ça sur le théâtre d’une pantomime planétaire que même les meilleurs (ou pires) scénaristes de sitcoms peineraient à imaginer, il semble que sous le soleil californien, un autre scénario soit encore possible. Un scénario que l’on connaît par cœur, celui d’un monde figé dans un ersatz des 70s où le tendre théâtre de la vie se joue encore en Super 8. C’est en tout cas ce que tentent de nous faire croire les principaux noms du revival americana-folk-psyché porté par quelques groupes comme les Allah-Las, les Growlers de la première heure, Drugdealer, Sylvie et consorts, qui se disputent paisiblement leur place au panthéon du cool, juste entre les Byrds et les Beach Boys.

Sam Blasucci, que l’on connaît surtout pour son duo Mapache, apporte une nouvelle pierre à cet inébranlable édifice de nostalgie avec son virage solitaire « Off My Stars ».

Comme ses copains fans de chemises en velours, Blasucci semble bien connaître la règle de Lavoisier : « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Autrement dit, on prend les mêmes et on recommence, le mot d’ordre depuis que l’on nous vend cette image d’Épinal d’un rêve américain encore possible sur les plages des banlieues de Los Angeles.

Bref : si à l’occasion de ce premier album solo, Blasucci est sorti de sa zone de confort en troquant sa guitare pour un vieux piano dont se débarrassait la mère de son compagnon de scène Clay Finch (l’alter-ego qui complète Mapache), il connaît ses classiques sur le bout des doigts. Son père, d’abord, ex-musicien de tournée de Toto à qui il dédie la jolie déclaration d’amour Proud of You Dad. Ses racines italiennes ensuite, qu’il honore sur Tenera Magia ou Il Mondo, belle reprise du classique de Jimmy Fontana où le hippie anachronique se transforme en crooner latin sans crier gare. Puis, pêle-mêle, du soft-rock, du honky-tonk, du surf-rock infusé à la sauce néo-folk et tout ce qu’il faut pour sortir ces quelques ballades que l’on se plairait à écouter en dodelinant nonchalamment de la tête, pour ne rien enlever au cliché. Et même si ce premier album se démarque plus par sa pochette questionnable que son originalité fulgurante, ça marche, car c’est maîtrisé, personnel, beau et honnête. Et parfois, c’est tout ce qu’on demande.

Sam Blasucci // Off My Stars // Innovative Leisure, paru le 2 juin 2023
https://samblasucci.bandcamp.com/album/off-my-stars

 

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