Plutôt que de tomber dans le tout venant ambient du moment, l’Américaine Ana Roxanne choisit sa propre voie entre religiosité, touches post-rock et questions de genres dans son fascinant premier album « Because of a Flower ».

Repérée pour ses playlist de qualité sur la non moins qualitative web-radio londonienne NTS, Ana Roxanne avait commencé à faire parler d’elle en tant que musicienne l’an dernier avec son EP « ~~~ » composé en 2015 et la reprise sous lexomil du classique disco de Chaka Khan relancé par Whitney Houston devenu ici I’m Every Sparkling Women.

Déjà à majorité ambient, le disque montrait que la jeune fille de Los Angeles savait innover pour éviter l’embouteillage dans ce style en vogue et très féminin où la liste commence à être longue (Grouper, Kaitlyn Aurelia Smith, Julianna Barwick, la Française Malibu…). Fille d’immigrés philippins marquée par un enseignement catholique, la Californienne chamboulée par un voyage en Inde où lui fut enseigné le chant Hindoustani, avait aussi fait part sur les réseaux de son intersexualité qui sera le thème récurrent de son premier album « Because of a Flower », sorti sur le réputé label Kranky (Labradford, Stars of the Lid, Tim Hecker…).

Du titre d’ouverture récitant un texte de WA Mathieu sur le Ying et le Yang à un sample du film français de 1985 Mystère Alexina (la francophilie est réelle avec plusieurs titres de morceaux dans la langue de Vianney) ou celui du chant d’un des derniers castrats Alessandro Moreschi (le seul dont la voix aurait été enregistrée), le sujet de son identité irradie ces 40 minutes.

Sans tourner autour du pot, ce disque fait partie de ces rares œuvres qui vous enchantent à peu près immédiatement, en réussissant ici l’exploit de conjuguer relaxation et mysticisme avec très peu de moyens. Ultra-minimaliste et dans l’épure la plus totale, il lorgne vers les moments les plus calmes de Yo La Tengo (Suite pour l’invisible ou le magnifique et plus pop Camille), et éblouit avec quelques notes de synthés dépouillées sur le quasi kraut-Kosmische – – –.

Partie importante de l’œuvre, sa voix donne dans le cantique (A Study in Vastness, Venus et ses reflux de vagues) rappelant Liz Harris (Grouper, Nivhek, Mirroring) ou Julianna Barwick. Mais là où Roxanne trouve véritablement son genre, c’est quand elle vient mêler à ses nappes contemplatives d’infimes nuances post-rock. Le final Take the Thorn, Leave the Rose est assez parlant en la matière : avec une basse électrique qui vrombit et une guitare qui sent le désert renvoyant aux glorieux anciens de Tortoise et Labradford, elle y ajoute cette indéfinissable touche très américaine survolée par sa voix d’ange. Le tout se terminant sur des notes du Prélude en C de Bach. Une merveille concluant ce premier disque aux allures de douce thérapie qui enfile une toge et une casquette trucker à Brian Eno.

Ana Roxanne // Because of a Flower // Kranky
https://anaroxanne.bandcamp.com/

 

4 commentaires

  1. Yo! Merci pour cette bonne découverte, un énième et je sais que c’est loin d’être fini avec vous les gonzs.
    Sinon vous connaissez Ariel Kalma?

    Un indice: « Ils étaient forts énervés, aussi Ariel les … »

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