Il y a des groupes prometteurs parfois dont on attend pendant longtemps qu’ils daignent enfin sortir leur premier album. Rien n’étant jamais gratuit dans la vie,  si je parle de ça, c’est qu’on retrouvait ce truc là avec les belges d’Aeroplane. A l’été 2008, deux mecs relativement inconnus pondent un remix de Paris de Friendly Fire assez implacable, un de ces trucs – je pense par exemple à mettre un doigt dans un vagin – dont la première comme la dixième fois procure toujours autant de plaisir. Et puis, la suite n’avait pas été dégueu’ non plus. Le remix de William Blood de Grace Jones filerait – à n’importe qui – l’envie de se camer à l’arrière d’une vieille caisse ricaine puis de regarder des paysages de campagne défiler en ressassant des amours avortés avec le regard bienveillant de celui qui prend plaisir à se complaire dans sa petite douleur quotidienne.

Bref, deux ans après avoir signé un vrai hit digne de ce nom, les deux Belges sortent enfin leur premier album. Sauf que des deux, il n’en reste plus qu’un, Vito. L’amour avorté. Comme dans la vieille caisse américaine.

L’album était pas mal attendu mais il y a eu un certain flou autour, notamment à propos du label chez qui il allait sortir… Finalement ça a été dur de le sortir?

Crédits: Serge Leblon

Ca n’a pas été dur de le sortir dans le sens où on était signé chez Eskimo, donc on était sûr qu’il sortirait chez eux. Le problème, avec le temps qui passait et Aeroplane qui devenait un peu plus important, c’est que c’était un peu limite Eskimo pour ce que je voulais faire. Finalement, on a fait Eskimo et Wall of Sound pour l’Angleterre, Pias pour la France et je ne sais plus quel autre pays, normalement Ultra pour les Etats-Unis, (un autre truc indéchiffrable) pour le Japon, donc ça va sortir un peu partout. Mais plutôt que de vraiment se demander où il allait sortir, moi je m’en fichais un peu qu’il sorte n’importe où, l’idée c’était surtout de sortir un disque, peu importe chez qui.

Ouais donc c’est bien ça, au moment où vous avez annoncé votre séparation avec Stéphane, l’album était déjà fini. Vous l’avez fait tous les deux, tout de même?

Le plus gros problème qu’on a avec Stéphane, c’est que Stéphane n’est pas musicien donc tant qu’on restait dans le domaine de la dance et de l’électronique pour les remix, il apportait toutes sortes d’idées au niveau des structures, etc. Mais une fois qu’on est parti dans un truc de musicien pur, c’était un peu plus compliqué pour lui de trouver une place et de trouver un truc à faire. Donc au niveau de l’album, c’est moi qui ai écrit tous les morceaux et joué des instruments parce qu’il n’y avait pas d’autres musiciens qui étaient là.

Bon, j’avais prévu de te poser cette question plutôt vers la fin de l’interview histoire de ne pas te froisser trop tôt, mais puisqu’on est là, autant en profiter. Je crois que certaines personnes dans ce milieu, et notamment certains musiciens, ont dit que t’avais un peu pris la grosse tête et que c’était pour ça qu’il y avait finalement eu séparation parce que tu considérais que c’était ton bébé à toi…

(Il soupire) Attends, c’est pas toi qui me froisse, c’est juste que je ne vois pas à qui tu as pu parler et qui a pu dire ça… Mais si on veut y aller franco, depuis le début d’Aeroplane, c’est moi qui écris la musique, c’est moi qui joue tous les claviers, tous les synthés et tout et n’importe quoi. Tout ce qui a été enregistré sur disque pour Aeroplane, c’est moi qui l’ai joué. Maintenant si on veut dire que j’ai pris la grosse tête, c’est très bien mais en même temps, personne ne pourra m’enlever le fait que j’ai tout joué sur ce disque. J’ai écrit tous les morceaux et joué tous les instruments donc après, ce n’est pas avoir la grosse tête que de dire que c’est mon bébé puisque c’est moi qui ai tout fait. Donc à un moment donné, à bon entendeur, salut.

(Sans absolument aucune latence, avec une question sans réel rapport non plus, l’interview reprend un cours paisible).

Et alors, l’idée de prendre Burgalat pour la réalisation, ça t’est venu comment?

En fait j’ai demandé un producteur quand on a commencé à parler d’enregistrer dans des conditions dites normales, c’est à dire dans un studio d’enregistrement parce que ça, je ne savais pas comment on faisait. Moi j’avais un ordinateur, un tout petit clavier maître et c’est avec ça que j’avais fait tous les premiers disques. Or quand tu dois enregistrer une guitare et que y en a douze et trente-trois amplis et soixante-six micros, c’est un peu compliqué de savoir ce que tu peux utiliser et comment mettre tout ça ensemble pour que ça fonctionne. Donc là, j’ai demandé à avoir un producteur. Ca devait être Soulwax mais Soulwax travaillait sur l’album de Tiga. Ils voulaient bien le faire mais genre dans une plombe et on n’avait plus trop le temps d’attendre. C’est là que j’ai entendu Summer Night, le morceau que Burgalat a fait avec Robert Wyatt et tout me plaisait, la production, la manière dont ça sonnait… Il y avait des clins d’oeil au passé et en même temps, c’était composé de manière moderne, intelligente et compréhensible pour tout le monde. Le morceau était clair, efficace et tout était parfait. Je me suis donc un peu renseigné sur tout ce que Burgalat faisait et là on lui a bêtement envoyé les démo et il a adoré. Donc il est venu à Bruxelles.

D’ailleurs, t’avais écouté les autres trucs qu’il avait fait, avec AS Dragon notamment ou Présence Humaine avec Houellebecq…

Ouais, j’avais écouté Goûte mes frites avec Valérie Lemercier, d’autres trucs qu’il avait fait pour Tricatel. Finalement ses albums solo étaient ce qui me plaisait le plus en fait. Il est très touche à tout et il a ce génie de l’harmonie et de l’arrangement qui a beaucoup aidé sur le disque.

Et pour parler du disque justement, j’ai trouvé que Without Lies avec Sky Ferreira – sans doute la chanson la plus accrocheuse – avait un truc vraiment surprenant du fait que ce soit une reprise d’une vieille chanson de Marie Gillain. Le fait qu’elle soit belge, elle aussi, a joué un rôle dans l’histoire?

C’est du hasard total en fait. C’est la sœur d’une amie qui a genre seize ans, qui a vu le film. Un jour, je rentre et il y avait ça qui jouait sur youtube. Je lui demande « tiens c’est quoi » et elle me dit c’est la BO de Mon père ce héros. Je me suis mis à l’écouter et tout ce que j’aimais était dedans. Puis j’ai réalisé que c’était étrange que cette jeune fille de seize ans aime un morceau qui sonne si daté et vraiment électronique, mais électronique vieille école. De là, je l’ai écouté de plus en plus et je me suis dit que ce serait vraiment cool de faire une cover, mais je ne pensais pas la mettre sur le disque. Je pensais plutôt faire un maxi avec des remix. Et puis au final, c’est tellement devenu comme une évidence – tout le monde aimait le morceau – qu’on l’a mis sur l’album. D’ailleurs, j’ai même eu Marie Gillain au téléphone pour la faire réenregistrer. Mais je comprends très bien qu’elle n’était pas très enthousiaste de rechanter un truc qu’elle avait déjà chanté quand elle avait treize ans. Elle était ok pour enregistrer un autre morceau avec nous puis ensuite elle a fait Coco avant Chanel et ça a été un peu compliqué de mettre tout ça sur pied. Sky Ferreira est alors arrivée avec ce truc jeune et en même temps sexy, un truc un peu à double sens. Or, les paroles sont drôles parce qu’elles peuvent vraiment avoir une double interprétation selon la manière dont elles sont chantées et elle était parfaite pour ça. On a donc fait traduire minutieusement les paroles du français vers l’anglais et ça s’est retrouvé sur l’album. Et puis c’est marrant parce que si je ne dis rien, personne ne sait que c’est une reprise. D’ailleurs j’ai eu des messages haineux sur Twitter ou sur Facebook de gens qui font « ouais c’est dégueulasse, leur morceau Without Lies, c’est complètement pompé sur la BO de Mon père ce héros de Marie Gillain« … T’as envie de leur répondre, mais bande de crétins, c’est une reprise, je ne touche pas un rond sur cette chanson, l’argent va aux ayant droits qui ont écrit le morceau original. J’ai rien volé du tout, c’est juste un hommage et la façon dont je l’ai produit est vraiment un truc de puriste parce que j’ai remis les mêmes percussions aux mêmes endroits, j’ai fait exactement la même ligne de basse… Je n’ai rien ajouté. Y a rien de plus, y a rien de moins donc c’est vraiment un hommage à ce morceau et je me fais accuser de plagiat. Ben non, ce n’est vraiment pas ça l’idée.

Justement, tu dis que tout est reversé aux ayant-droits. Évidemment, ce n’est pas avec les disques vendus que ça va te faire manger. Du coup, tu crois un peu à tous les nouveaux modèles, streaming et compagnie?

Je suis en train de m’y mettre justement. J’essaie de me tenir au courant de tout ce qui se fait avec le streaming, etc. C’est à dire qu’il y a des compagnies comme Apple (Nda : il s’agit plutôt de Spotify) et comme Orange en France qui commencent à faire des portails de streaming de musique où genre pour cinq euros par mois, tu peux écouter ce que tu veux de manière illimitée. Et ça va évidemment achever le business du disque. Il n’y a plus aucun intérêt à produire physiquement un disque que les gens ne vont écouter qu’en streaming. Maintenant, par contre, la discussion que j’avais hier soir avec les gens du label ici en France, c’est qu’une fois que tu vas commencer à streamer de la musique qui aura exactement la même qualité que le morceau que tu vends sur iTunes, c’est à dire 192 kbp/s ou un truc comme ça, tu ne pourras plus vendre la même qualité sur iTunes, puisque tu pourras la streamer gratuitement. Donc ça va forcer les plateformes digitales à vendre de la musique qui soit soniquement de bonne qualité. Moi j’ai un problème avec le MP3. Quand je joue en DJ set, je ne joue que du WAV et je ne vois pas pourquoi tu dois payer plus cher pour un fichier WAV que pour un MP3, quand tu achètes de la musique. C’est le même morceau, et je ne comprends vraiment pas pourquoi je dois payer plus cher pour l’avoir dans sa qualité intégrale alors que j’ai un truc bridé pour un euro de moins. Tel que je le vois, t’auras du streaming pour un truc très pratique qui reste du MP3 de base et qui rend service à tout le monde. Par contre, quand tu voudras vraiment acheter le morceau, on te proposera un truc dans une qualité supérieure et optimale. C’est surtout ça qui m’intéresse dans cette espèce de changement qu’il va y avoir parce que comme tu le disais très bien, c’est pas en vendant des disques que je vais devenir millionnaire.

Pour revenir un peu en arrière, tu crois que Paris, le remix de Friendly Fire a été un point de rupture dans la trajectoire d’Aéroplane?

C’est un point de rupture dans tous les sens du terme. C’est à dire que c’est un point de rupture dans le sens où on a commencé à parler plus du remix d’Aéroplane que le morceau de Friendly Fire donc ça a mis vraiment la lumière sur nous et c’est un point de rupture parce que c’était terminé après ce morceau, on était catégorisé comme étant le groupe qui a fait ce remix et les gens s’attendaient à ce que l’album soit Paris douze fois. Moi je fais de la musique pour m’amuser et ça ne m’amuse pas de faire douze fois le même morceau.

Ouais, d’ailleurs, j’imagine que quand tu vas jouer en club, tu sais comment ça se passe, la moitié des gens du public ne te connaissent pas forcément et viennent surtout pour se la coller. Or une track comme Paris, c’est le son qu’à peu près n’importe quel clubber a déjà entendu. Du coup tu te retrouves un peu obligé de jouer tes remix nan ? Enfin obligé est peut-être un bien grand mot…

T’es pas obligé, t’es jamais obligé de rien. Le seul problème, c’est que j’avais vraiment le cul entre deux chaises. S’il y a mille personnes dont deux-cents qui sont venues voir Aeroplane, t’es obligé de jouer un truc qui colle à Aeroplane. Ces mecs là veulent entendre tes tracks mais si tu joues tes tracks, selon l’endroit où tu te trouves, les huit-cents autres personnes ne vont peut-être pas danser. T’es quoi à ce moment là? T’es un DJ ou t’es un groupe? Tu fais quoi? Donc t’es obligé de trouver une espèce de compromis entre les deux et j’avoue qu’il n’y a pas beaucoup de morceaux qui peuvent tenir dans ce schéma. C’est comme en mathématique, t’as les deux cercles qui se croisent et moi ce que je joue en DJ set, c’est juste le truc qu’il y a en commun entre les deux. Ca veut dire qu’il n’y a pas beaucoup de morceaux qui rentrent dans ce petit espace, donc j’ai tendance à garder mon set construit plus ou moins de la même façon et interchanger les morceaux. Mais j’ai besoin des morceaux lents du début, j’ai besoin de la transition entre le disco et l’electro… bref, j’ai besoin de tous ces moments précis dans un set qui est construit de manière à faire danser les gens avec la musique que j’aime. Je ne peux pas interchanger les morceaux dans l’ordre dans lequel je les joue mais je peux enlever un morceau et le remplacer par un autre qui a la même fonction. Après évidemment, ça prend beaucoup de temps à écouter des morceaux, à acheter des trucs, essayer, trier, voir ce qui marche ou pas…

Et là maintenant que t’es tout seul, puisque visiblement tu disais que Stéphane apportait quand même vachement cette culture club, notamment sur les remix…

(Il embraye direct) C’est vraiment une situation bizarre et c’est très dur à expliquer. Il apportait un formatage « Club » aux remix que je faisais. Ce formatage, je ne l’avais pas parce qu’il faut qu’il y ait seize ou trente-deux mesures pour que la charley rentre, puis trente-deux mesures et la basse rentre… il faut qu’il y ait cette construction très club qui ne me venait pas naturellement. Perso, s’il y a vingt-six mesures, je m’en fous complètement. D’ailleurs j’en mets même vingt-sept pour que ce soit un peu plus chiant. Mais lui amenait cette espèce de formatage jusqu’au moment où… Par exemple sur l’album, ce n’est pas très formaté donc moi je commençais à sortir un peu de ce schéma là. C’est là que ça a commencé un petit peu à… la dernière année a commencé à être un petit peu bizarre au niveau de la façon dont on travaillait.

Donc finalement t’as appris à un moment donné et ensuite tu as intégré le truc donc…

Ah mais ce n’est pas qu’à moment donné j’avais « intégré le truc ». Depuis le début, ce n’est pas vraiment ce qui m’intéresse de faire des trucs carrés, et comme c’est prévu d’être fait. Si cinq mesures ça marche, je vais en mettre cinq. Je ne vais pas en mettre six, ça ne sert à rien d’en mettre une de plus, c’est du gaspillage. A partir du moment où ce qui sort des enceintes me plait, je ne réfléchis à rien d’autre. Mais c’est vrai que Stéphane avait ce côté très calculé et organisé. Mais tout ça, c’est surtout une question de goût et de choix. Il y a des gens qui aiment plus ça et des gens qui aiment moins. La musique c’est subjectif.

Entre toi et Soulwax, la Belgique possède deux représentants solides de la scène electro internationale. Y a un truc qui se passe en ce moment en Belgique, l’émergence d’un courant electro belge?

C’est un peu dur de me comparer avec Soulwax. Je ne parle pas niveau son mais eux sont vraiment hyper connus. Mais j’ai vraiment beaucoup de mal à répondre à ça, parce que comme dit le proverbe « nul n’est prophète en son pays ». En Belgique, je ne représente pas grand-chose au niveau de la scène du clubbing. Le clubbing en Belgique, c’est la minimal, la techno et après tout le reste, c’est de la transe et des trucs commerciaux. Alors bon, on a Soulwax, Aeroplane, il y a aussi Visa et Mustang qui commencent à faire parler d’eux d’une belle manière… Mais à part ça, je ne vois pas vraiment où elle est la scène belge, en tout cas, pas dans ce que moi je fais. La Belgique commence à peine à s’intéresser à Aeroplane du fait de l’album et que We Can’t Fly (nda: le premier single de l’album) ait commencé à être beaucoup joué en radio, ce qui a réveillé un certain intérêt chez la presse. Mais ils n’ont aucune idée de ce qui s’est passé avant. On n’intéressait pas vraiment la scène clubbing belge. Le seul club que ça pouvait intéresser, c’était un club qui s’appelle Libertine Supersport, gérés par des anciens du Dirty Dancing (nda: une grosse soirée bruxelloise) – dont d’ailleurs Renaud de Mustang –  sont les seules personnes qui défendent ce type de musique. Sinon, je ne suis jamais booké en Belgique.  La dernière fois qu’on a joué en Belgique à Libertine, quand on était encore deux, ça faisait un an qu’on n’avait pas joué chez nous. Cette année, j’ai fait deux fois le tour du monde en DJ sets mais je ne suis passé en Belgique que pour le Pukkelpop. Il n’y a pas de clubs que ça intéresse la musique que je joue…

Et toi maintenant, si tu veux jouer ton album en live, t’as besoin de quoi?

Je crois que j’ai trouvé ce dont j’ai besoin. J’ai besoin de musiciens. J’essaie de tout faire pour ne pas mettre d’ordinateur sur scène parce que ça créé toute une série de limites. Si je veux jouer un truc disco pendant vingt minutes, je n’ai pas envie d’être stoppé par l’ordinateur et à la fin du morceau. Donc j’essaie de me battre pour ne pas qu’il y ait d’ordinateur sur scène ce qui bizarrement créé tout un tas de problèmes techniques que je n’aurais pas si j’avais l’ordinateur. Pour la formation, ça devrait être un mec à la batterie, un bassiste, un guitariste, un clavier…

C’est marrant parce que c’est une tendance en fait. Il y a de plus en plus de groupes electro qui aspirent à faire du vrai live avec des musiciens…

C’est vrai. Il y a une espèce de drôle de mix qui est en train de s’opérer. Je vais utiliser toutes les technologies qu’il y a maintenant mais je veux qu’elles soient jouées en live et je ne veux pas qu’il y ait de trucs programmés parce que si ça part en couille quand y a un bug, ça va vraiment partir en couille. Par contre, si ton batteur joue un tout petit peu à côté à moment donné dans ton morceau mais que tout le monde joue live, ça ne pose aucun problème, personne n’entendra plus rien. Et puis c’est aussi une façon de ne pas se cacher derrière un laptop et de se dire voilà, si le live est pourri, c’est qu’on est pourri. Et si le live est mortel…

Sinon, y a un truc qui m’a fait tiquer. Si tu t’intéresses à la situation en Belgique, tu te rends compte que politiquement c’est vraiment la merde, avec des gouvernements totalement instables. Socialement, c’est spécial aussi, et t’as pas un jour qui passe sans qu’il y ait un clash entre Flamands et Wallons, que ce soit en politique, en football ou autre. Ce qui était intéressant, c’est que finalement Stéphane et toi, vous aviez ce truc d’un Flamand avec un Wallon qui s’entendent bien, et finalement vous êtes séparés. Bon, je me doute bien que c’est pas pour ces raisons-là mais…

Tu vois ce qui est bizarre, c’est que c’est encore plus profond que ce que tu penses. Stéphane habite Bruxelles maintenant mais Stéphane n’est absolument pas Flamand. Stéphane il est né à dix kilomètres de là où moi j’habite donc on est deux purs Wallons.

(Note pour plus tard: double-checker ses informations pour éviter de raconter des conneries)

Le simple fait que Stéphane ait habité Bruxelles a entrainé cette histoire qui n’a absolument aucune raison d’être. Et je ne vois pas pourquoi le fait qu’il habite Bruxelles fait que tout d’un coup il est plus Bruxellois, ou Flamand ou je ne sais quoi. Enfin tu vois, c’est tout un débat qui n’a aucune raison d’être et toutes ces histoires honnêtement m’emmerdent. Tout ce que j’ai remarqué, c’est que les extrémistes flamands ont été dans l’opposition pendant des années. Ils ont voulu le pouvoir et finalement ils ont gagné les élections. Or ils ont obtenu ce pouvoir mais ne veulent pas mettre de premier ministre en place mais pourraient finalement mettre un premier ministre socialiste (nda : donc opposant politique) donc qui va être minoritaire. Cela veut donc dire qu’on pourrait avoir la majorité flamande dans l’opposition et un premier ministre socialiste alors qu’il est en minorité. (nda : les politiques belges ont l’air sacrément tordus). Et au final dans trois mois, le gouvernement va se dissoudre de nouveau… Donc je me demande combien d’élections tu peux avoir sur une année dans le même pays. Moi je ne vote plus, je n’ai pas été voter cette année et j’ai d’ailleurs été convoqué à la police qui m’a demandé pourquoi je n’étais pas allé voter. Je leur ai dit que ça ne m’intéressait pas et que de toute façon j’étais à l’étranger…

Attends, quand tu ne votes pas en Belgique, t’es convoqué chez les flics?

We can't flyAh ouais, en Belgique c’est obligatoire le vote, si tu ne votes pas t’es convoqué. Et donc, ils ont été pris à leur propre jeu parce que j’étais parti à l’étranger pendant un peu plus de trois semaines. Or, c’était tellement le bordel qu’entre le moment où ils ont déclaré les élections, où t’as reçu les courriers pour aller voter, le jour de l’élection et le moment où moi je suis revenu, bah il n’y a rien eu, ni courrier, ni convocation. J’avais même été convoqué pour dépouiller dans les bureaux de vote et je n’étais allé nulle part. En fait, ça ne m’intéresse absolument pas parce que ça n’a aucune répercussion sur ma vie de tous les jours. Il y a des gens qui m’ont dit « ouais, faut voter, parce que c’est important, pour notre culture, etc. » mais moi je les ai tous vu en Belgique, ils ont eu le pouvoir les uns après les autres, et c’est quand même le même boxon et tous les trois mois y a des élections. A moment donné, faut arrêter les conneries. Je crois que l’année d’avant j’ai écrit « Allez vous faire voir » sur le bulletin. Tu perds une matinée, tu fais la queue pour rien, donc je préfère rester chez moi et regarder Bob l’Eponge.

Et à part la promo, tu vas repartir en tournée j’imagine. Comment ça se passe cette vie, tu sors, tu te la colles…

Alors là, absolument pas, c’est un truc, j’ai donné pendant deux ans maintenant c’est terminé. Je vais, j’arrive frais à mon gig parce que je veux bien le faire. J’essaie de jouer le mieux possible puis après s’il y a deux ou trois potes, tu restes, tu bois un verre. Mais quand tu joues de deux à quatre à un soir à Barcelone et que le lendemain t’as un vol à onze heures du matin pour jouer dans un festival à Berlin de neuf à onze le soir alors que t’as bu jusqu’à huit heures du matin à Barcelone et qu’on vient te chercher à dix heures pour ton vol, bah c’est plus possible. Sinon tu meurs d’une crise cardiaque à vingt-neuf ans.

Entre les club, les avions, tu sens seul en définitive dans ces moments là? Ou t’as une équipe de proches avec qui t’es en permanence?

J’ai une équipe qui est même très proche puisque ma petite amie travaille avec moi et s’occupe d’énormément de choses. Elle est d’ailleurs la chanteuse de mon side-project. On essaie de voyager le plus souvent possible ensemble, ce qui nous permet d’avoir une vie. J’ai des tas d’amis autour de moi avec des enfants qui sont amoureux de leur petite amie et leur petite amie est amoureuse d’eux mais qui n’en peuvent plus vivre comme ça parce que les mecs sont jamais là. Moi je la prends avec moi sur la route, elle s’y fait bien, elle ne se plaint pas donc tout va bien.

Finalement, l’interview aurait sans doute pu durer bien plus longtemps, mais la promo a parfois ses limites, à savoir le délai imparti par le label. Inutile d’en rajouter plus, ceci sera une conclusion avortée.

Aeroplane // We can’t fly // PIAS (sortie le 25 octobre)
http://www.myspace.com/aeroplanemusiclove

7 commentaires

  1. c’est très joli tout ça!!
    mais il y a une scene house très présente en belgique,qui je pense est aussi ou si pas plus importante que la scène techno ou minimal.

  2. Ne pas être « musicien » (il va falloir redéfinir ce qu’est un musicien) ne signifie pas que Stephen n’a pas donné la couleur et la sincérité à Aeroplane, à l’album (finalement plutôt décevant) et aux tracks. T’es nul Vito.

  3. Hello,
    bon oui,
    Il y a d’abord tout le passé d’aéroplane en Belgique, dans le monde de la nuit, avec Dirty Dancing, Dirty Recs. Il est vrai que le Band ne joue pas tellement en Belgique, mais du temps où ils étaient ensemble il on suivit Erol (en version disco 3000)… chose non négligeable!

    Les autres deejay’s dont on parle font tous partie du même crew belgo-bruxellois, rien n’est encore réellement sur place… et Je pense qu’Aéroplane est le seul duo a avoir su casser à un moment il fallait que l’honnêteté soit de mise.

    Mais voilà, n’oublions pas the magician, nous verrons alors si effectivement Stephen ne sait rien faire seul, ou si il se réveil dans son nouveau projet…

    Concernant l’électronique en belgique elle est terriblement Fashion… depuis le dirty, le make-up, le culture club, et tous ces gros festivals (tous produits par la même boite, pour rappel)…les labels de type: BSNZ RECS, ED BGR, KPKT, TURBO, et j’en passe… sont simplement (sans être connus) ce qui passe en club depuis deux ans.

    Paix et amour sur les nouvelles étoiles montantes…
    xx

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