C’est l’histoire d’un mec qui porte des sous-pulls assortis aux verres de ses lunettes. Quand on l'a rencontré à Paris en septembre dernier, Simeon Coxe était en violet. Et, plus que jamais, le vieux leader de Silver Apples était ce genre de type que tu rêves d'avoir pour grand-père.

Au départ, Silver Apples, c’est Simeon Coxe et Danny Wilson. Et comme Danny n’est plus depuis 2005, Simeon reste sage comme une image en 3D, continuant à jouer à travers le monde cette musique futuriste composée au siècle dernier. De passage à Paris, il te donne la recette de la meilleure soirée possible (drogues et boissons illimitées, baignade autorisée) tout en te rappelant qu’il ne boit que de l’eau. À 74 printemps, Simeon refuse surtout d’être à l’automne de sa vie.

Simeon a vécu. Silver Apples naît sur un malentendu : Simeon et Danny jouent dans un groupe de rock, jusqu’au jour où Simeon débarque avec un oscillateur. Le reste du groupe déteste. Simeon et Danny s’échappent. Répétitive et suave, la musique de Silver Apples dicte le corps et libère l’esprit. À l’orée du psychédélisme, les amoureux de barbituriques ont trouvé de quoi se payer un trip quasi éternel. Pourtant, les seuls rails qui vaillent mènent à l’autre bout de la terre.

Silver Apples devient une vraie locomotive pour ceux qui, à posteriori, prendront le train de l’électro en marche. Simeon et Danny, sans le vouloir ni le savoir, dessinent un futur qui fait de nombreux adeptes. En 1969, les deux bougres jouent à Central Park pour fêter les premiers pas sur la lune de Neil Armstrong. La sortie du second album met pourtant fin à ce joli train-train, tout ça à cause d’une sombre histoire d’avion. Le litige ? Une pochette d’album avec un crash aérien et un petit autocollant Pan Am. Autant dire que la défunte compagnie n’avait pas le sens de l’humour. C’est peut-être même ce qui l’a tué. Silence radio jusqu’en 1996. La Pan Am n’existe plus. Simeon et Danny se retrouvent grâce à une émission de radio et hop, en avant Guingamp.

Aujourd’hui, Simeon joue tout seul. Enfin, pas exactement. Il boucle les batteries post-mortem de Danny. Simeon et fait le tour de la terre en rêvant de la lune, avec comme seul bagage ses oscillateurs. Quand il s’assoit cinq minutes sur un banc avec toi pour parler du passé, il évoque l’avenir et ses milliers d’enfants qui se jouent des machines. De Suicide aux petits copains d’Egyptology, qui jouaient ce soir-là avec lui, Silver Apples est le point commun, l’influence, le parrain. Siméon, tel Abraham, a engendré une descendance inespérée.

Réalisation : Xavier Reim
Photo d’ouverture : Jérôme Feigean

En collaboration avec la Gaîté Lyrique, à retrouver sur Gaîté Live.

http://samuelcollins.wordpress.com

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