Quatre mecs. Américains. Blancs. From Los Angeles. Rien de neuf. Oui, mais il y a les chansons. Celles de « ZAM » sont si puissantes qu’elles devraient être sponsorisées par EDF et Gaz de France.

Il suffit de jeter un coup d’œil rapide à la nouvelle sensation du rock américain pour comprendre que ça ne va pas très bien de l’autre côté de l’Atlantique. La sensation en question, c’est Greta Van Fleet ; un groupe plagiant sans honte la discographie de Led Zeppelin sans que personne n’y trouve rien à redire. Le plus inquiétant, même, reste que les nouvelles générations, bien trop heureuses de trouver là une copie Carbone 14 de Robert Plant période orgies et cheveux longs, en redemande. Inquiétant constat quant à l’amnésie générale et au goût des gamins pour le biscuit sec.

A l’autre bout du prisme, il y a Frankie et ses doigts de sorcière. Un combo, comme on dit dans la vieille presse, auteur de cinq albums en cinq ans. « ZAM » est le plus récent d’entre eux, il est sorti le 1er mars chez Greenway Records. Sans dire qu’il réinvente la roue à couper le beurre ou arrose l’ours dont on n’a pas vendu la peau grâce à l’eau tiède, ce Frankie d’Hollywood (ils sont Californiens) réussit un petit exploit : sonner presque comme un groupe de son époque. Une sorte de patafix entre le rock garage de la fin des années 90 (type The Morlocks) et celui des années Thee Oh Sees. Rien que ça suffirait presque à leur remettre la Légion d’honneur. Et puis comme dit dans l’introduction, il y a les chansons.

Ce qui frustre en temps ordinaire, dans l’écoute d’un disque, c’est le sentiment de lassitude passé le troisième titre. Ayant oublié que les préliminaires ne consistent pas à fourguer toute la sauce dès le début du rentre-dedans, la plupart des groupes de rock, toujours pas convaincus qu’ils sont depuis belle lurette talonnés par les rappeurs-maitres-du-monde, expédient fissa les moins pires des chansons composées en début de tracklisting ; le reste étant une collection de vignettes vides destinées à remplir un disque qui sera vendu en fin de concert à des gamins trop sourds pour les écouter. Sur « ZAM », c’est l’inverse. Dracula Drug, placée en ouverture, est évidemment la meilleure chanson de ce cinquième album, mais les dix autres, soutenues par une rythmique en béton armé, sont du même acabit. Arrivé à la cinquième piste éponyme, on a le cheveu qui colle et il faudrait limite éponger les enceintes tellement ça transpire de partout.

Tout cela ne changera évidemment pas la face du monde, mais cet alliage entre garage, kraut et funk donne à « ZAM » un petit parfum exotique qui ne devrait pas déplaire à John Dwyer ni à ses fans. Une fois le disque terminé, on saute encore. Serait-ce les effets secondaires d’un ensorcèlement ? Faites le test avec la version vinyle ; placez la sur l’eau : si la copie flotte comme un bout de bois, c’est que cette sorcière a plus de magie entre ses mains que Page et sa collection de bouquins d’Aleister Crowley. Allez bien niquer vos mères, les Greta Van Fleet.

Frankie and the Witch Fingers // ZAM // Greenway Records
https://frankieandthewitchfingers.bandcamp.com/

En concert le 29 mai au Supersonic (Paris) et le 4 juin au Farmer (Lyon)

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