Wild Fox et Stuffed Foxes réunis sur un maxi qui remue bien la queue

La comparaison est (trop) facile : un nom, des origines et une esthétique plus ou moins similaires auront suffi à ce qu’un paquet de journalistes et de programmateurs incompétents rangent les deux groupes dans le même terrier. C’est un peu comme dire que le garage et le psyché, finalement, c’est la même chose : allez dire à Ty Segall qu’il joue la même musique que Anton Newcombe… Et pourtant, Wild Fox et Stuffed Foxes unissent aujourd’hui leurs forces sur un maxi sauvage résumé en 4 initiales : WFSF.

Originaires de bleds paumés autour d’Angers, les renards sauvages sont un quatuor de blousons noirs portés par la fureur de vivre, et après avoir pondu une version rock’n’roll du Brian Jonestown Massacre dans un premier EP difficilement trouvable sur les internets, ils ont progressivement délaissé la musique droguée pour se concentrer sur l’énergie primitive avec d’abord « Wankers Juice » en 2019, condensé de violence électrique (encore) parsemé de quelques traces de LSD et enfin «Night Has Come» en 2020 où ils font définitivement parler la poudre avec une fusion bâtarde entre les Idles, The Hives et Arctic Monkeys passée dans un shaker garage-rock. A l’heure où l’on se parle, on attend encore impatiemment leur premier long-format qui devrait confirmer tous les espoirs placés en eux, s’ils évitent le menu best-of bien entendu.

Une trajectoire bien différente de celle des Stuffed Foxes, originaires des alentours de Tours et qui ont commencé par retourner tout un tas de jardins non partagés entre la capitale tourangelle et Poitiers dans une ambiance de déglingue qui ferait passer certains squats parisiens pour un EHPAD rempli de vieux dépressifs. Premier EP en 2019 avec «No Vacancy» et sa musique sous buvard qui navigue entre langueur défoncée, murs de son électrico-cosmiques, répétitivité cousine du krautrock et déjà une bonne dose de violence portée par un trio de guitares sur-saturées et sur-shootées. Ils viennent de mettre la balle au fond en cette année 2022 avec le LP de sept titres « Songs/Revolving » qui porte à son sommet la rencontre entre l’ultra-violence proche du hard-rock et les vagues psychédéliques incessantes. Un tsunami de hard-psych qui devrait exterminer un bon paquet de surfeurs fans de Jack Johnson.

Pas vraiment comparables et d’ailleurs pas du tout amies, les deux bandes de rockeurs originaires de diverses trous paumés du centre de la Gaule se sont finalement retrouvés totalement par hasard, à l’occasion d’un festival organisé à Tours, et qui n’aura finalement pas lieu. Bien décidés à savoir qui a la plus grosse, les faux-frères qui ne sont pas vraiment ennemis non plus se retrouvent alors dans une grange en rase campagne pour faire plus ample connaissance avec au programme une grosse jam à particules radioactives. Ils y resteront cinq jours durant à siffler des bouteilles de rouge tout en franchissant le mur du son un bon paquet de fois avant de finir le boulot dans une ancienne usine à briques reconvertie en studio, La Brique, avec les vieux de la vieille Elliot Aschard et Steven Ludard derrière la table de mixage.

Comme on pouvait s’y attendre, les deux meutes de renards envoient dans l’atmosphère une décharge de watts ultra puissante sur le premier morceau Yves, sorte de stoner-bombe atomique. Si ce titre par ailleurs très cool était néanmoins assez prévisible avec une ligue pour la violence rock’n’roll traversée par des lignes psychédéliques prodiguées par les Stuffed Foxes, le second fait véritablement honneur au concept de side-project collectif censé être créatif avec 5’30 de shoegaze’n’roll totalement jouissives sur Remords. Unissant leur quatre manches à six cordes branchés sur des murs d’amplis mais dans un tout autre but, avec deux synthétiseurs dans le rouge et une armée de pedals-boards, les WFSF produisent alors une montagne de bruit démentielle qui fusionne la langueur délicieusement saturée de Slowdive avec une agressivité modérée mais bien réelle malgré les 65 BPM au compteur.

Wild Fox & Stuffed Foxes // 45 tours WFSF // Sortie le 27 mai en vinyle chez Reverse Tapes / Yotanka.