Parfois, parler de musique, ou essayer, s’avère infructueux. Il y a plusieurs raisons : l’impossibilité d’expliquer telle ou telle forme d’art, la timidité ou encore la flemme. Pour Colombey, on pourrait penser qu’il s’agit sûrement d’un peu des trois : ses réponses sont courtes, directes et succinctes. Après tout, pourquoi « tourner autour du pot » ? Plutôt que de lire cette interview, on vous conseille donc d’aller écouter son nouvel album « Au Siècle Dernier » qui vient de sortir chez le Turc Mécanique. Ça vous fera oublier vos vacances imaginaires depuis votre salon-cuisine-salle de bain dans lequel vous allez passer les fêtes.

On peut adorer un artiste, l’écouter souvent, voire l’admirer. Mais si l’occasion se présente de lui parler ou lui poser des questions parfois, cette rencontre, ce moment, peut vous laisser un léger goût amer dans la bouche, pire que celui d’une 8.6 un peu tiède entre deux roulés. C’est un peu le sentiment que j’ai eu avec cette interview par mail (si ça se trouve, on deviendrait meilleur pote en soirée) en essayant, par deux occasions (la première ici), de discuter avec Thibault, et d’en savoir plus sur lui et sa musique. Autant essayer de gravir l’Everest en tong en ayant 2 grammes dans le sang : l’artiste du Grand-Est, une région qu’il chante à cœur ouvert (la Seine-et-Marne orientale, la Marne, la Haute-Marne, l’Aube, et parfois un peu le sud de l’Aisne, pour être précis), n’est pas du genre à s’étaler des heures sur sa musique. À la limite, ce n’est pas plus mal ainsi : ça évite de dire des conneries, et ça permet au moins d’éviter le bullshit habituel autour de la sortie d’un disque avec des réponses pré-mâchées sans aucun intérêt que de donner du grain à moudre à un journaliste sans véritable avis sur la question.

Bon, pour l’instant, impossible de dire qu’« Au siècle dernier » est meilleur que « L’eau Noire » par exemple. Il faudra, pour ça, laisser un peu d’eau couler sous les ponts, et laisser les chansons de ce disque s’immiscer dans votre quotidien pas forcément plus enthousiasmant que le sien (même si vous faites semblant que si). Mais une chose est sûre : Colombey est plus doué derrière ses synthés que derrière son ordi à répondre à des questions bancales.

Est-ce que tu as changé ta manière de composer ou d’enregistrer sur ce nouveau disque pour te tourner vers de nouvelles formes musicales ?

Etant donné que cet album est mon troisième, il me semblait évident d’essayer d’explorer de nouvelles pistes. Avant de me mettre à l’enregistrer, j’avais fait une pause de quelques années, pendant lesquelles je me suis surtout concentré sur mes autres projets « TG Gondard » et « Altitude 1000 ». Quand j’ai réactivé Colombey, j’ai trouvé ma voie au bout de quelques mois de tâtonnements et d’essais infructueux.

D’ailleurs, comment on tente d’expérimenter tout en gardant son identité musicale ? Est-ce que tu n’as pas eu un peu peur de te perdre en quelque sorte dans cette envie, voire cette nécessité, d’évoluer ?

Je m’en fous un peu de garder une identité musicale, j’essaye seulement de faire la musique que je veux écouter au moment où je la fais, en respectant certaines contraintes importantes pour ne pas m’éparpiller.

« A quoi ça servirait de tourner autour du pot ? Appelons un chat un chat, et une 8.6, une 8.6. »

Tu peux nous parler du morceau Contre le Cannabis et de ce qui te plaît chez Jean-Luc Le Ténia ?

Jean-Luc Le Ténia était un grand musicien français et son aura ne cessera évidemment de grandir au fil des années. Il m’a fortement influencé, ne serait-ce qu’à travers son obsession régionaliste pour Le Mans et la Sarthe. Dans mon nouvel album, on trouve un titre qui s’appelle Contre le Cannabis, qui est aussi le titre d’un morceau de Jean-Luc Le Ténia. Au départ, j’avais vaguement l’idée d’en faire une reprise, mais à part cette phrase-choc (« je suis contre le cannabis »), je trouvais les paroles assez faiblardes voire un peu nazes, alors j’ai fait cette chanson qui est à la fois un hommage et une réponse.

Je trouve qu’au début de l’album, notamment sur J’ai tant de peine et Rues de Villiers, on retrouve le Colombey de « L’eau Noire » mais que, petit à petit, il s’éloigne pour laisser place à celui de « Au Siècle Dernier ». Tu vois où je veux en venir ?

Oui, c’était un peu l’idée qu’on avait eu, de commencer par des morceaux plus « habituels », pour que les gens ne prennent pas peur et achètent quand même le disque.

S’il fallait choisir une chanson qui sort du lot, ça serait Les Buveurs d’Atlas, non ?

Je voulais vraiment faire une chanson vraiment triste, un truc à faire chialer dans les chaumières. J’ai suivi une voie totalement casse-gueule, du « type chanson française réaliste à texte« . Au début, ça passait pas (forcément), et j’ai dû énormément bosser sur ce morceau pour le finir, fréquemment revoir les paroles, changer plein d’éléments musicaux, tout rechanter mille fois, et finalement rajouter une bonne grosse louche d’autotune.

On enchaîne avec Bienvenue Dans la Ville Maudite, là aussi assez intense. On commence doucement et on termine en force, le disque a été pensé de cette manière ou c’est juste mon interprétation ?

Pas forcément, mais c’est vrai que c’est un morceau plus énergique et grandiloquent, donc il avait bien sa place en avant-dernier avant l’instrumentale finale. Il tranche un peu avec les autres car il est un peu plus ancien, et surtout il est très produit, avec des arrangements beaucoup plus riches (même si ce sont des synthés de pauvres qui ont été utilisés).

« Les bières fortes sont une part importante de nos vies actuelles, mais on ne peut pas uniquement chanter là-dessus. Il faut aussi essayer d’aborder d’autres sujets. »

La force du disque réside aussi dans les textes, souvent justes, qui narrent une triste réalité qu’on essaye tous d’oublier ou d’occulter. Toi, tu en parles frontalement. Pourquoi ?

A quoi ça servirait de tourner autour du pot ? Appelons un chat un chat, et une 8.6 une 8.6.

Est-ce que Colombey est un justicier des populations oubliées ? Ou un porte-parole ?

Il n’y a pas de dimension politique dans mes chansons (en tout cas pas consciemment). J’aime pas l’art engagé. D’ailleurs, la voix qui s’exprime dans la plupart de mes morceaux est plus résignée que contestataire.

Quelle importance tu accordes au texte par rapport à la mélodie, et est-ce que tu réfléchis à la musicalité des mots quand tu écris ?

Évidemment, l’ensemble doit être plaisant à l’oreille, et je préfère toujours que le mot soit à la fois juste et sonne bien, plutôt que placer à tout prix une rime.

Est-ce qu’il y a une phrase en particulier sur ce disque que tu chéris plus qu’une autre ?

Je dirais « tes photos si usées à force de les regarder / je les ai ragrainé jusqu’à la dernière bouchée » car j’y ai placé le mot « ragrainer « qui est un mot de patois très utilisé dans ma famille.

Dernière question conne : tu ne bois que des bières fortes ?

Les bières fortes sont une part importante de nos vies actuelles, mais on ne peut pas uniquement chanter là-dessus. Il faut aussi essayer d’aborder d’autres sujets.

L’album « Au Siècle Dernier » est dispo ici et tu peux même l’offrir à ta cousine pour un cadeau de Noël au lieu du CD de Julien Doré

12 commentaires

  1. Le Langres,meilleur fromage du monde.
    Les jeux vidéos,meilleure drogue du monde
    l’ADSL,présent même dans les refuges
    Paris,si fière de ses loyers

  2. Bester, librairie caracteres mt2marsan!! y connaisent pas La revue??????? le patron est 1 vrai snob cul terron!!!!!! O5 58 06 44 12, allez on tente Perpignan & Mars-

  3. la toute derniere fos que je suis rentre dans un commerce de disques non specialisé, j’y ai pris le areski ‘theatre musical ‘ en vinyl de couleur pourpre, enfin satisfait!

  4. Une petite moustache ironique, une boite à rythmes, un petit goût de mégot dans la bouche et de complaisance looser à vivre en Z.I = vogue la galère. Que c’est nul.

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