C'est connu, le fan de métal porte obligatoirement un t-shirt noir à l'odeur douteuse, des cheveux longs et des boutons d'acné marinés à l'eau précieuse. En bon autiste tribal, il ne parle qu'avec ses semblables. La preuve avec un fan des Pogues : Tonton acide.

En matière de logorrhée métalleuse, Kevin Starss, leader anti-charismatique d’Uncle Acid and The Deadbeats, ne fera certainement pas figure d’exception qui confirme la règle. A chaque question, on a la sale impression de devoir lui tirer les vers du nez. L’exercice de la promo semble vraiment avoir été inventé pour le crucifier. Pourtant, c’est mois douloureux qu’une césarienne. Pas grave, car ce qui compte, c’est que son groupe de Stoner/Métal/Doom psychélique (appelez ça comme vous voudrez, on s’en bat les médiators) sort le réussi et inquiétant « The Night Creeper ». Son nom ? Uncle Acid And The Deadbeats. Pas vraiment pratique à imprimer sur les t-shirts… C’est peut-être pour ça que le « And the deadbeats » a mystérieusement disparu de la pochette de ce nouvel LP enregistré au Toe Rag Studios avec l’aide du décidément actif Liam Watson (White Stripes, Tame Impala, Electric Wizard,..). Mais si on doit chercher du côté des influences, c’est plutôt du côté de Blue Cheer que ça se passera. Avant de claquer des dents en cadence sur une tournée marathon, le hurleur de Cambridge répond à quelques questions.

GONZAI : Votre musique est parfois étiquetée comme du Doom psychédélique. Comment la décrirais-tu pour quelqu’un qui ne connaîtrait pas encore le groupe ?

Kevin (parlant dans sa barbe) : C’est dur à dire…peut-être du rock de psychotiques ou de psychopathes. Je ne sais pas. C’est aussi du hard rock. On doit toujours mettre la musique dans des niches mais en réalité c’est impossible à faire. Alors disons qu’on joue du rock.

Vos débuts étaient originaux ou il n’y a rien à raconter de spécial ?

On a commencé à Cambridge. On jouait uniquement en studio parce qu’on n’avait pas assez de musiciens pour jouer live. C’était juste moi, un batteur, et deux autres musiciens. C’est comme ça qu’on a enregistré notre premier album « Volume one ». Et puis on s’est développé tranquillement. Franchement, c’était compliqué au début car je vivais dans un endroit super isolé. Impossible de trouver des musiciens. A tel point qu’on avait quasiment splitté avant même de démarrer. Parce que ça n’avait l’air d’aller nulle part. Puis on a fini par trouver des musiciens à Londres, alors on s’est barré là-bas.

Depuis « Volume 1 », vous sortez pratiquement un LP chaque année. C’est quoi ce rythme de tarés ?

Tu as raison… On est toujours hyper occupés. Album, tournée, album, tournée…On est super productif. C’est pas forcément normal de sortir autant d’albums en ce moment. Les maisons de disques veulent souvent contrôler ça, et si on les écoutait, on pourrait rapidement se retrouver à sortir un album tous les 3 ans. Si ça arrivait, je ne donnerai pas cher de notre peau. Là, on va essayer de stabiliser le line-up du groupe. Le bassiste vient de se barrer pour retourner vivre en Nouvelle-Zélande, alors il a fallu en trouver un autre.

Vous venez de Cambridge en Angleterre mais si on vous écoute à l’aveugle, on a franchement l’impression d’avoir affaire à un groupe américain. Tu en as conscience ?

En fait, j’ai vécu aux Etats-Unis pendant 5 ou 6 ans, alors ça a sûrement quelque chose à voir avec ça. J’aime aussi beaucoup de groupes américains. C’est vrai que notre musique pourrait venir de là-bas.

De septembre à novembre 2015, vous allez faire 51 concerts dans 15 pays différents. C’est quoi le truc ? T’as perdu un pari ou tu t’entraînes pour Iron Man ?

Waouh… Résumer comme ça, c’est flippant. On essaye peut-être de faire d’atteindre la dépression nerveuse, qui sait ?

Pour tenir le coup, vous allez forcément devoir prendre pas mal de drogues sur la route, non ?

Peut-être bien, oui. Quand j’écris par contre, j’ai besoin d’être complètement sobre, sinon je ne produis que de la merde. Je dois avoir l’esprit clair, sinon rien ne vient. Mais prendre quelques drogues m’aidera sûrement à mieux apprécier cette tournée, c’est probable. Autant que les céréales que je prends au petit déjeuner.

Aujourd’hui, tout le monde se fout des mélodies.

Votre deuxième LP, « Blood Lust », avait été pressé à 500 exemplaires. La blogosphère était devenue complètement folle de ce disque qui a très rapidement eu une réputation incroyable.

C’était totalement inattendu. Ca a commencé sur notre page Myspace ou un truc comme ça. On gravait nous même nos CD-R. Puis les gens se sont mis à nous contacter, de plus en plus nombreux chaque semaine, c’était complètement dingue. On a alors pressé 500 exemplaires du vinyle qui se sont vendus en quelques heures. On n’arrivait pas à fournir car la demande était trop forte. Une communauté youtube, la « Vinyl Community », a commencé à en parler régulièrement et ça a aussi contribué à booster le disque.

https://youtu.be/Oxclr8mD7lE

Aujourd’hui vous sortez « The Night Creeper ». L’imagerie est toujours aussi dark.

Les night creepers, c’est nous. Des gens de l’ombre, qui observent longuement avant d’agir mais…j’ai pas vraiment envie d’expliquer le disque ou son concept. Chacun y trouvera un peu ce qu’il veut, tout ça doit rester mysterieux. C’est une sorte d’album criminel, avec des coupables qui ne sont pas ceux auxquels on pense. On y parle de la police, des médias qui s’autoprotègent en permanence et s’alimentent entre eux. Avec cet album, on fait quelque chose de pas fondamentalement différent des deux précédents mais j’ai l’impression qu’on passe un nouveau cap de façon naturelle. Par exemple, c’est la première fois qu’on sort des instrumentaux, des trucs plus calmes et acoustiques comme Slow Death et Yellow Moon. Pour les filles bien sûr, mais surtout pour mieux équilibrer l’album. Pas sûr qu’on joue ces titres pendant les concerts, car c’est toujours étrange de voir un groupe virulent enchaîner sur une ballade.

Tu déclares être influencé par le hard-rock bien sûr, mais aussi par Phil Spector et les Ronettes. T’es parti ou tu es encore avec nous, quand tu déclares ça ? J’ai pas du tout trouvé trace des Ronettes dans le disque.

Je comprends ce que tu dis mais je ne suis pas du tout d’accord avec toi. J’ai une culture musicale très large. Petit, j’écoutais les disques de mes parents, les Beatles, Simon and Garfunkel, ou encore les Pogues que j’adorais. Pas uniquement du métal. Je continue d’écouter Neil Young ou Fleetwood Mac. Tout ce qui comporte des bonnes vieilles mélodies. La mélodie, c’est le plus important pour moi. Alors je souffre pas mal aujourd’hui car la production , les percussions, les rythmes, l’ont complètement bouffé dans la grande majorité des productions du moment. Aujourd’hui, tout le monde se fout des mélodies. Mais je continuerai toujours à préférer Burt Bacharach à Lady Gaga. Et Blood Ceremony à tout le reste.

UNCLE ACID AND THE DEADBEATS // The Night Creeper // Rise Above Records
http://acidcoven.com/

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