A la recherche d’une nouvelle beauté à chérir de mes mots, il est ennuyeux de découvrir que les névroses compulsives de mes collègues n’arrêtent pas d’obscurcir mon écran: Koudlam, Turzi, Cold Cave… Un peu de fraicheur messieurs, le monde post génération deux mille n’est pas fait que d’incapables éphémères broyant du noir derrière des claviers tunés. Pimp my synthé. Je m’arrête sur le groupe The Unthanks. Jamais entendu parler. Je me lance dans son téléchargement légal, un œil sur leur myspace. Mon dieu, Daphné Burki et Tania Bruno-Rosso en chanteuses corses des montagnes Appalaches. Here we go.
A vrai dire, la simplicité me va aussi mal qu’une chaine en or de dix tonnes accrochée à mon cou. De un, vu ma carrure ramollie, je m’écraserai violemment au sol. De deux, un homme-enfant blanc et petit ne peut se le permettre. Aujourd’hui, je suis fatigué par tous les artifices kaschers qu’utilisent les artistes-imposteurs pour camoufler leurs errances techniques et imaginatives. Quand je tombe sur deux nénettes qui savent élever le ton plus d’un demi majeur au dessus d’un clodo new wave dépressif, jouer des accords aussi simplistes que le son sur-esthétique de Sufjan Stevens, je suis ravi. Alors oui c’est chiant à mourir, l’image d’un I Muvrini main collé à l’oreille et son canon ringard à la sauce Pow Wow, ça la fout mal. Oui c’est cucul au possible, trop lisse, trop niais, sans reliefs et antipathique. Mais après tout, à l’heure actuelle, je suis prêt à faire un tas de concessions. Concessions d’un branché volume un, pour des coups de génies qui se raréfient (Lucky Gilchrist).
J’ai toujours adoré les bandes originales. Pour moi, le cinéma n’est rien sans sa principale force vive, celle par qui l’émotion la plus instinctive traverse l’écran pour émouvoir, déchirer ou ridiculiser une sensation la plus souvent incohérente. Et je me vois bien là, dans un cinéma de quartier, ma main serrée dans la sienne, une larme honteuse au regard d’un prix Sundance qui s’étouffe dans ses clichés (The Testimony Of Patience Kershaw). Et franchement, savoir déraper dans une country rouge brique au relent de Disney village avec autant de classe, je ne peux que m’incliner, taper du pieds, bourré au Perrier, mon menu McDingo fraichement avalé (Betsy Bell).
The Unthanks, elles restent une erreur naturelle et irrémédiable. Mon péché jamais confessé. Parfois, mon humeur influe tellement sur mes écrits que finalement, Bélier et les astres de mon côté, je ne peux m’empêcher de défendre cette belle escroquerie. The Unthanks, ma connerie à moi, rien qu’à moi, car personne -oh non personne- n’osera l’écouter.
http://www.myspace.com/rachelunthank
The Unthanks // Here’s the tender coming // Beggars