Vaciller sur la foi d’un seul morceau, c’est encore possible. Malgré l’art de la chute, celui des slaloms argumentés, les esquives faciles, les soupirs d’ennuis. Be brave, tube braillard pondu par des petits branleurs texans, est de cette trempe. Comme tout le reste du disque.
Je vous écris d’ailleurs tout ça le cul sur le parquet (impossible de me relever), une bouteille de whisky à ma gauche et mon laptop sur les genoux, tandis que tout le reste swingue. Ou s’emmêle les pinceaux, je ne sais plus trop. The Strange Boys, donc. Here we go.
Tout commencer, ne rien finir, chroniquer un disque en en écoutant un autre, des traces de crotte de nez sur le clavier, des cendres éparpillées sur le sol, avec sur les épaules une chemise froissée. Et surtout, surtout, ce problème à propos du chant : trouver le moyen de ne pas écrire Bob Dylan.
Pendant ce temps : 7 parties d’échecs en cours sur facebook et une théorie du « coup de retard » qui s’échafaude. Mais en attendant : deadline à respecter. Que faire à manger ce soir. Fromage (40% de matière grasse) ou désert (affectif). Et ce papier à écrire. Entre deux cordons bleus et un café commerce équitable. Mais putain, Quel pion pousser ?
The Strange Boys ? Un truc mille fois entendu qui marche encore, banco ! Meilleur exemple ? Leur single éponyme : y serrer les dents, bien obligé. Mais aussi : gigoter comme si on avait noué entre eux les lacets de vos chaussures. Marrant, casse gueule et jouissif. Et ce grinçant solo de saxo, et tout qui craque, et la batterie poum tcha ka poum, et les chœurs au poil, et le refrain, comme une morsure dans un burger –ces gars-là sont texans, hein- avec du gras éclaboussant et déjà plus assez de bouchées. Et replay. Bien obligé.
Pendant ce temps : des fenêtres ouvertes partout, guerre au pop up impossible à gagner, moi petit Sisyphe du net et mes cailloux-pixel se comptant en millions. Là un disque à télécharger, ici Pamela qui veut tchater car « elle est chaude », le monde se déversant en infos continues, entre plaintes haïtiennes (« Mais pourquoi nous ? Nous sommes déjà si pauvres » ah bah ça, Dieu avait le choix entre sauver des vies ou gérer la newsletter gonzaï…), scores de foot et mort de Super Nanny.
The Strange Boys ? Binaire braillard, guitare froissée, rockab bancal, rock en toc, paille et métal, heureux bouseux, song à singing.
Pendant ce temps : les invitations facebook devenues la majeure partie de mes mails en appellent à mes dons d’ubiquité et de schizophrénie (c’est pareil ? ) pour aller écouter dans un même élan du rock core, du musette heavy metal et de l’elec’ non troppo, le tout en des lieux toujours plus « à la pointe » (à quand le concert pour deux personnes ?), la plupart du temps à la Capitale. « C’est de la com, coco ! de la com ». Fuck that. Je préfère me garder mes cowboys macadam.
The Strange Boys ? Des p’tits gars pas si étranges, justement. Jouant une musique vieille de 100 ans avec la fougue d’ados de 14 ans, la tête plongée dans le tonneau de tord boyau. Un truc comme si internet n’avait jamais existé. Ni facebook, ni les mails, ni toutes ces connexions. Car enfin, dieu me raye de sa shortlist, on a pas encore les oreilles en forme de port USB. Et il y rentre encore ce rodéo rigolo, ce balloche de saloon, cette nonchalance qu’aucun Français, jamais, n’aura.
Be brave. Un point c’est tout.
Oui mais quand même, quel pion pousser ?
The Strange Boys // // Rough Trade (Beggars)
http://www.myspace.com/thestrangeboys
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