A l'aube des temps maudits, les églises se déserteront pour ne devenir qu'usines désaffectées. Les chants cesseront de raisonner, le bruit restera, seul et isolé au coeur des terres. Les rares survivants perceront le silence de leurs voix sourdes et enraillées. Les plus forts hurleront la mort de leurs prochains dans un vacarme assourdissant proche des mélodies des Dead Mantra, groupe de rock sacré des temps anciens.

Rappelons nous ces moments là. A cette époque, faire de la musique était encore un projet de vie envisageable, pourtant si proche de la survie que l’explosion des centrales a précipité. Perdus au sein des collines sarthoises, les quatre musiciens fondateurs des Dead Mantra alors très jeunes réactualisent le shoegaze et la dreampop d’une manière absolument religieuse et respectueuse de ses références. Tournée vers les années à venir, le groupe sort alors deux EP encore verts mais délicieusement prometteurs. Là où l’éponyme premier jet de notes illustrait la jeunesse d’un groupe à la fleur de l’âge, le suivant,« Path Of Confusion », se révélait être un véritable tremplin pour l’avenir comme disent les jeunes. Presque quatre ans ont passé depuis cette sortie sans que le quatuor n’ait daigné donner signe de vie. Les voici ici, cependant, près à dégainer la machine « Nemure ».

Album fantasmé par les fidèles de longue date du groupe, ce premier album dépasse les attentes. Loin des références où le groupe nous avait laissé précédemment, le groupe semble tirer une partie de ses inspirations dans le shoegaze dément de Serena Maneesh, la metal industriel des débuts de Godflesh ou encore le sacré du renouveau black metal tels Deafheaven ou Liturgy. Ce serait cependant les réduire à trop peu de choses de s’attarder à ces figures tant le groupe se révèle unique et indépendant.

Froid, rêche et brutal, les Dead Mantra se révèlent très inventifs dans la formule de présentation de leurs chansons. Les mélodies descendent et remontent en montagne russes à mesure que le rythme accélère puis ralenti, le tout avec un son au parti pris sonore impressionnant. La fumée industrielle de la batterie voile des murs de guitares pendant que le chanteur Paul Boumendil grogne sa mélancolie.

« Nemure » est une réussite totale, celle que l’on attendait d’un groupe parfois difficile à cerner, mais passionnant. Finalement, le groupe se révèle le plus sublime lorsque le rythme ralentit et que la tristesse prend le pas sur la violence. Temps fort de ce disque, I See Your Eyes signifie à lui seul l’importance d’écouter le disque en profondeur. Sombre, déprimé et complexe, le morceau représente les Dead Mantra tels qu’ils sont à l’heure actuelle, pleins de promesses qu’ils ne cessent de tenir les unes après les autres.

The Dead Mantra // Nemure // Cranes Records
https://soundcloud.com/thedeadmantra

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