Un jour viendra où les démons sortiront de terre. Un jours dans notre époque où la musique pourra connaître sa nouvelle apocalypse. Alors arrivera un groupe noir, entouré d’une aura épaisse. Leur musique sera le dédain même, leur attitude malaxera le public jusqu’à son malaise physique. Une main de fer étranglant l’humain jusqu’à la repentance la plus profonde de nos faiblesses. Ce groupe sera l’anti-contemporain, balayera d’un revers de poignet notre légèreté et le regard désabusé de nos yeux. Cela en fera le groupe le plus significatif de notre époque: il remettra en cause toutes les choses que nous avons laissées faire depuis trop longtemps.
Ce groupe n’est pas les Cavaliers.
Eux sont l’avant-goût de la jeunesse qui prendra les instruments d’ici trois ans: des gamins élevés dans la violence la plus pressante et la culture la plus érudite. Les cavaliers, c’est une réaction saine à notre monde ultra segmenté: le fun adolescent poussé au maximum, l’éternelle jeunesse partageant un quotidien de petite frappe. Soit tous les ingrédients du groupe de Surf Rock. Enregistrant une ribambelle de titres joués dans l’esprit pur des disques « d’antan » ; on passe ici de l’instrumental épique des Shadows à la terreur électrique d’un Link Wray ou d’un Dick Dale. Puis, il s’agit de Surf Urbain. Comment un groupe parisien pourrait exprimer la sécheresse du désert ou le miroir du Pacifique quand nous ne sommes que grandeur, bitume et marbre ? La démesure du jeu est toute autre. Elle s’incarne dans la bagarre, la murge qui décroche la mâchoire, l’entêtement de vivre à mille lieux de notre environnement. Les avoirs découverts il y a presque 2 ans, c’est le souvenir de Catcheur mexicain qui est le plus présent, de jaguar vintage et quelque reste d’armurerie Skinhead. L’article écrit à leur sujet était vite devenu un ring d’insultes; l’interview vidéo prévue avec une vingtaine de catcheurs en pleine séance de step… un fiasco.
Tout cela aura au moins eu l’avantage de faire comprendre à toute personne ayant eu la chance de les voir que le trémolo d’une guitare est là pour imiter le crépitement des vagues. Cet album attendu depuis longtemps sort chez BornBad d’une manière bien inspirée : livrer un LP de musique Surf avec des participations de Magnetix… c’est de l’entêtement, dans cette époque. Pour la plus grande joie de tous ceux qui pensent qu’il n’existe d’autre règle que celle qui consiste à frapper le premier.