Avec leur EP « Sexe et violence », les Français de Strasbourg livrent une barquette cold-wave sous vide qui fait le bruit de la tôle froissée sur des voitures brûlées. Ca sent (pas très) bon le coït avec des robots via port USB, ça ressemble à du « Metal Machine Music » enregistré près de la ligne Maginot et la nouvelle signature du Turc Mécanique est absolument inécoutable aux heures de bureau. Ecoute en exclu avant de sauter par la fenêtre.

strasbourg_1« Sexe et violence », deux mots qui vont souvent de paire – demandez leurs avis à Phil Spector ou Bertrand Cantat – sans qu’on ait pourtant l’impression d’assister à une descente des organes en posant l’oreille – ou tout autre membre – sur la platine. Dans le cas du groupe Strasbourg, et sans dire qu’ils soient les dignes héritiers de Joy Division, Throbbing Gristle ou Frustration parce que de toute façon aucun de ces groupes ne saurait être atteignable, on retrouve la même répulsion qu’avec le dernier essai de Soft Moon, dont une seule écoute suffirait à régler le problème démographique tant on a envie de se pendre après trois crissements de guitare.
Au départ pourtant, les fondateurs du groupe Strasbourg (Raph Sabbath et LLCoolJo, + 10 pour les blases les mecs) souhaitaient produire un mix entre beats reggaetons et musique cold ; en gros se diriger vers une sorte de Kingston congelé, voire de Manchester sous les tropiques. Rejoints par un violon et un synthétiseur, et encouragés par leur label à « aller aussi loin qu’ils le souhaitent sans se soucier de la manière dont les morceaux seront reçus », Strasbourg enclenche la première direction le mur du son. Leur EP enquille quatre morceaux dont une reprise fuzz tellurique du hit hot de Blur, Girls and Boys, ici passé à la moulinette sur 12 minutes qui rappellent surtout la torture du goulag stalinien. A défaut d’être un sommet d’inventivité, « Sex et violence » contraste avec tous les efforts consentis par la concurrence pour plaire au plus grand nombre. A l’image de la ville dont il est ici question, voilà au moins un groupe à la périphérie du plaisir. A l’heure du cool pour tous, en voilà au moins quatre qui éviteront la pendaison. Ca leur laissera plus de temps pour regarder l’auditeur agoniser. Comme dirait Ian Curtis, c’est la jouissance par strangulation.

Strasbourg // EP « Sexe et Violence » // Le Turc Mécanique
http://leturcmecanique.bandcamp.com

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