Les beaux jours arrivent, l’été approche et pour pourrir toutes ces belles choses à venir, il y a le nouvel album de Régis Turner qui débarque sur Terre comme une fleur au printemps pour te rappeler que tout n’est pas rose dans la vie.

Parmi les héros dont on ne parle jamais, et dont on finit par oublier l’existence, il y a Régis Turner (Hugo Tournaire dans la vraie vie). Ce Français né à Clermont-Ferrand, exilé un temps à Bruxelles, et qui sévit aussi sous l’alias Avventur ou DJ Overdrive — quand il ne s’occupe pas de son label Indian Redhead — a un cadeau pour vous : « Des fleurs s​é​ch​é​es dans la r​é​sine ».

Ne sautez pas de joie trop rapidement non plus : ce nouvel album de 10 titres composés « principalement avec un Farfisa Syntorchestra, un Elka Solist 505 et un Orla Prestige (entre autres choses) » dixit l’artiste est une succession, pour reprendre l’expression du fondateur du label messin Le Syndicat des Scorpions, de « musiques électroniques détachées ». Ce sont des compositions lo-fi, nostalgiques, teintées d’un profond sentiment de tristesse et de désespoir. Des émotions qui peuvent renvoyer à l’enfance, aux relations d’amour vouées à l’échec ou au temps qui passe pas assez vite, et qui s’inspirent autant de l’eurodance que de la musique de jeu vidéo vintage — sans que ça ne s’entende forcément — avant d’être broyées dans des instruments monophoniques basiques. « Je vois bien que je suis rien, c’est déjà bien » chante Régis sur Rien, l’un des tubes froid de l’album. « Comment je pourrai être tout pour toi alors que je ne suis rien ». Déprimant, mais d’une honnêteté brute sous fond de musiques distordues.

La marque de fabrique de Régis : les répétitions, aussi bien dans les compositions que dans les paroles (Le Message, Petite Mémoire). Des boucles de chagrin et de désespérance qui percent le cœur et captivent par leur capacité à créer, chez l’auditeur, un sentiment difficile à décrire, entre l’envie de se jeter par la fenêtre ou de faire un énorme câlin à la personne à côté de vous pour lui chuchoter dans l’oreille que tout va bien se passer. Certains morceaux ressemblent à des musiques de films imaginaires (Labyrinthe Miroir, Sur l’Herbe Coupée), d’autres sont dés démos directement tirées des mémos vocaux du téléphone et Dernière Génération vient conclure cet album d’une manière solennelle, presque cérémonial.  Le bouquet final asséché et coincé dans la résine d’un disque magnifiquement misérable où les meilleurs moments n’ont rien d’exaltant. Le reflet d’un rien, ou d’un pas grand chose, qui mérite aussi qu’on lui accorde de l’attention. Certains diront que la musique de Régis Turner n’a pas grandement évolué depuis « Compte sur Moi » sorti en 2016. Mais même si les ingrédients sont les mêmes, la magie continuer d’opérer. Sans qu’on puisse vraiment vous dire pourquoi, ni comment.

L’album est sorti le 25 avril sur Le Syndicat des Scorpions, Indian Redhead et A.B.Records.

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