Quel est le comble pour un groupe musical de Tel-Aviv en 2023 ? Sortir un album en plein milieu d’un terrible conflit israélo-palestinien, et voir sa tournée mondiale tout bonnement reportée. Avec leur nouveau disque « One More City » sorti fin octobre, le duo Red Axes a vu son calendrier quelque peu bouleversé par les événements. L’occasion de faire un point avec eux sur cet album un peu passé sous les radars et de revenir sur les attaques du 7 octobre qui ont fait trois fois plus de morts qu’au Bataclan.

En termes de planning, on peut dire que les Red Axes ont un sens du timing tout relatif. Leur dernier album, « Red Axes », avait été sorti en plein Covid en 2020. Pas de bol. Et ce nouveau disque « One More City » sorti en octobre 2023, en plein conflit géopolitique opposant (à nouveau) Israéliens et Palestiniens. Doublement pas de bol. Le tout, marqué psychologiquement au fer rouge par l’attentat du Hamas commis le 7 octobre au festival de trance Supernova ; à quelques kilomètres de Gaza, et dont ils connaissent beaucoup des disparus et kidnappés. À raison d’un album tous les trois ans, c’est à se demander ce qu’il passera dans le monde en 2026.

Actifs depuis près de 20 ans en oscillant entre la house, la techno et le punk, les Red Axes et leurs albums sont toujours synonymes de fête, et ce « One More City » est très certainement un des meilleurs condensés de ce qui fait l’identité du groupe. Mais dans ce contexte, difficile de s’adonner à la classique promotion de son album, qui passe notamment par la scène mais également d’un point de vue médiatique. Un peu lassés par le traitement de l’information et les débats à sens unique sur les réseaux sociaux (et on les comprend), le duo nous a accordé quelques minutes au téléphone pour revenir sur ce mois d’octobre 2023 dont ils se souviendront longtemps.

Vous avez sorti l’album « One More City » il y a un mois. Quelle est la particularité celui-ci comparé aux autres ?

Dori : Chaque album a son histoire. Le premier album que nous avons fait était très brut. Le deuxième, nous allions vraiment dans plusieurs directions et nous essayions de faire beaucoup de choses différentes. Le troisième, nous avons essayé d’être vraiment persévérants et d’en faire un tout. Et je pense que pour celui-ci, nous voulions vraiment revenir à l’essence du projet. Nous faisons de la musique depuis si longtemps et la musique a pris tellement de directions. Nous voulions revenir au cœur du truc, tout en gardant un son futuriste. Et ce qui est amusant, c’est que le dernier album que nous avons sorti date exactement de l’époque où le Covid a commencé. Et maintenant nous venons donc de sortir ce nouvel album alors que la guerre a éclaté en Israël (Rire nerveux).

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Cet album est sorti sur le label Fabric Records à Londres, du nom du célèbre club. Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur cette collaboration ?

Niv : Tout d’abord, nous avons joué de nombreuses fois dans ce club. Et nous avons beaucoup de respect pour ce club en ce qui concerne la programmation au cours des années. Il y a plus d’un an, nous avons eu le sentiment que nous devions trouver quelque chose de nouveau, quelque chose de frais à faire. Et parce que nous avions de très bonnes relations avec ce club et qu’ils nous ont dit qu’ils voulaient faire quelque chose avec nous, nous nous sommes dit que c’était l’occasion de travailler ensemble. Leur label est assez récent. Jusqu’à présent, ils ont surtout sorti des DJ sets et quelques compilations. C’est donc l’une des premières véritables sorties du label si on peut dire.

Y avait-il une raison de choisir ce nom d’album, « One More City » ?

Dori : Oui. Le truc, c’est qu’après le Covid, nous nous sommes vraiment remis au travail et soudainement, nous avons tourné comme des dingues. Nous ne pouvions même pas nous arrêter pour comprendre ce que nous faisions réellement. Nous ne faisons que tourner non-stop. Et l’idée de l’album se décrit aussi à travers la pochette, composée à partir d’un site web où tu peux référencer exactement où tu a volé pendant l’année ; et ça te dessine une carte. L’artwork reflète cette idée-là, de l’intensité de la tournée permanente. « One More City », c’est se réveiller dans une autre ville, jouer, aller dans une autre ville, rejouer, aller dans une ville de plus. Etc.

Un peu comme Lady Gaga quoi.

Niv : En vrai, le nom en lui même vient de Clams, de Warmduscher. Pour les paroles de son morceau Kid Caffeine, une des premières choses qu’il a sorti était « One More City », et c’est exactement ce que nous voulions transmettre. Donc, oui. Un peu comme ça, il a trouvé le nom de notre album.

Ce qui me procure le plus d’incertitude, c’est l’aveuglement général.

Vous avez sorti il y a quelques temps des EP référencés à différents pays et continents comme l’Afrique, le Vietnam, l’Inde ; et récemment, certains ont pu vous voir sur scène au Châtelet pour un concert avec Amadou et Mariam autour du répertoire des chansons de Serge Gainsbourg. D’où vient cette curiosité pour les sonorités internationales dans différents pays ?

Dori : Ouais c’était notre série « Trips ». Nous avons toujours aimé faire ça. Chaque endroit a son propre type de son. Je suis très curieux à ce sujet. C’est comme lorsque vous découvrez un pays, un endroit, une culture, et que voulez tester la nourriture locale. La musique n’est pas loin derrière. C’est quelque chose d’unique. Et de trouver des personnes tout aussi curieuses de faire de la musique avec nous. On en a fait que trois, espérons qu’il y en aura plus. Et Amadou et Mariam, c’était une expérience incroyable, un moment très spécial. Ils nous laissent même des commentaires sur Instagram pour nous soutenir à travers ce qu’il se passe par chez nous. Ils sont très mignons.

Expliquez-nous comment font Amadou & Mariam pour liker des photos sur Instagram svp.


Vous dites qu’après le Covid, vous aviez l’impression que la techno commerciale avait pris le dessus sur la musique plus alternative ; notamment sur le line-up de certains festivals et autres soirées clubbing. Vous avez ressenti cela uniquement en Israël ou un peu partout ?

Niv : Particulièrement en Israel, mais c’est valable partout. Et c’est intéressant parce qu’avant cette guerre, on voulait vraiment s’arrêter une seconde, et je comprends un peu mieux maintenant. Malheureusement, nous avions toute la tournée que nous attentions avec hâte et depuis longtemps qui a été annulée, mais oui, c’est ce que je ressens. Et c’est très facile à voir. Les DJ’s volent trop [en avion, Ndr] et les gens devraient s’arrêter, ou ralentir, se concentrer sur eux, sur leur pays leur ville, leur culture. On peut voyager mais pas autant que maintenant. On peut faire de super fêtes sans avoir de si gros line-up internationaux. Je pense que c’est quelque chose par laquelle nous devions passer au final. Ca ne me plait plus autant qu’auparavant. De bouger du Japon à l’Australie, en passant par Paris, ça donne l’impression de ne plus savoir où tu joues vraiment, et que cela n’a pas vraiment d’importance. A nos débuts, c’était différent. Mais maintenant les événements ont bien changé, certaines fêtes sont même devenues dégoûtantes.

Il y a eu beaucoup de featurings dans cet album. Des noms connus comme Cole Alexander des Black Lips et d’autres artistes un peu plus underground de plein d’horizons différents.

Dori (un peu confus) : Je n’ai pas écouté l’album depuis qu’il est sorti, mais nous avons Cole Alexander oui. C’est incroyable. C’est un grand respect. Qui d’autre est là… Julianne. Tu connais Julianne des Amazing Twins ? Elle chante sur  le titre High Speed. Quoi qu’il en soit, nous voulons juste jouer et créer avec plein de gens. C’est très souvent en mode « mec, j’aime vraiment ta voix, faisons quelque chose ». Et nous le faisons. Cole des Black Lips justement c’était marrant. Il nous a envoyé des trucs après des mois entre les premiers mails, avec des bruits de tigres et tout un tas de synthétiseurs chelous sur Bring it On.

Nov : On a aussi collaboré avec Colin Newman (de Wire) et Malka Spiegel (de Minimal Compact), j’avais l’impression d’être dans un rêve. En tant que gosse, si on te dit que tu vas jouer avec Colin Newman, c’était un peu le groupe ultime auquel vous aspiriez quand vous étiez jeunes et que vous vouliez plonger dans la vague alternative israélienne. Peut-être l’une de nos plus grandes inspirations. Mais il y a une autre collaboration dont je souhaiterai parler et qui compte beaucoup pour moi, sans doute ma préférée, avec All Over Gain avec Justin Strauss.

Nov : Dans les quatre dernières années, nous n’arrivions plus à nous y retrouver, du fait que nous soyons originaires d’un milieu underground et que l’on se retrouve à faire beaucoup plus de headliners shows, et ça reflétait pas mal le monde de l’après Covid. Genre, « qu’est-ce qu’on fait maintenant ? ». Je me sentais vraiment connecté à la création de quelque chose de nouveau, le fameux monde d’après. Puis Justin Strauss a poppé sur mes réseaux sociaux. Je savais qu’il faisait de la musique depuis longtemps, dans les 80’s, et il racontait justement un peu les histoires des années 80, les soirées avec Keith Haring, etc. On s’est rencontré un jour à New-York, sans vraiment se connaître, et nous avons passé la journée ensemble. Il m’a raconté tellement d’histoires. C’est une encyclopédie, il est beaucoup plus âgé que moi, forcément, et il fréquentait les premiers DJ. Et personne ne le connait car il est si humble et si terre-à-terre. Les gens ne comprennent pas que ce gars est une légende. Il a sorti un tas de trucs, son premier groupe, Milk ʼnʼ Cookies, était signé chez Island Records.
C’est important pour moi de raconter ce genre d’histoires, les gens doivent savoir à propos de ces gens. La plupart n’ont pas la chance de briller. C’est important de garder en tête l’origine des choses, qui ont conduit à ce que la musique soit ce qu’elle est aujourd’hui. Je suis tellement heureux avec cette collaboration car je sais qu’elle vient d’un coeur ouvert. Je pense que les gens vont aimer cet album. Il devrait peut-être avoir une version extended, il est peut être un peu court. Mais au moins j’ai un nouvel ami maintenant… Tu sais, c’est un peu difficile de célébrer un disque en ce moment. Au moins là maintenant, je parle avec et je me sens un peu mieux, en fait. Je ne parle pas de l’enregistrement avec qui que ce soit. Je suis ici avec ma famille, je fais des trucs quotidiens, mes enfants, j’essaie de garder la structure, jouer un peu de guitare etc. Je ne suis pas dans un workflow en ce moment où l’on prévoit quoique ce soit.

Mais justement : 20 jours avant la sortie du disque, le 7 octobre, se déroulait la terrible attaque du Hamas en plein festival de musique trance au Supernova

Niv : Tout ce qui s’est passé pendant cette journée, pendant ce massacre du 7 octobre, c’était dans ce genre de fiction. C’est quelque chose que tu ressens à l’intérieur de toi. Je le ressentais dans mon sang. Je suis devenu tellement sensible, et la musique est quelque chose de très émotionnel. Tu partages quelque chose. Et les choses qui se sont passées, la façon dont elles se sont passées, vous savez, comme les images défilent dans votre tête, dans votre esprit et dans vos rêves. Et comment dirais-je qu’on s’est d’abord senti ? Détachés. Nous nous sentions seuls, nous nous sommes sentis seuls la première semaine. Et c’était évident que ça allait se passer comme ça : qui est le plus fort, qui va faire le plus de dégâts, etc. Mais ce n’est pas la question.

Vous connaissiez des gens là-bas ?

Dori : Quelques-uns, oui. J’en connais. Des DJ, des producteurs. Des amis… D’autant que je connais quelques personnes gravitant autour de la scène trance. Et je connais beaucoup de gens qui avaient des frères et de très bons amis là-bas, donc encore une fois c’est un très petit cercle. Chaque seconde, on entend parler de quelqu’un qui se rajoute à la liste de ceux que l’on connaissait de près ou de loin. Et j’en connais encore davantage aujourd’hui car je travaille avec eux, je les aide, et ils m’aident, à travers le mouvement Nova. Les gens qui ont survécu sont dans l’entraide mutuelle, ils ont ouvert un espèce d’endroit où tu peux aller chaque jour, avoir des traitements, des musiciens viennent également jouer car ce n’est pas très loin de la plage et que l’endroit s’y prête bien. Une compilation a également été créé, « Bring Them Back » avec plus de 60 artistes, pour récolter de l’argent.

Tu peux nous parler de cette compilation un peu plus ?

Dori : C’est une bonne initiative qui a rassemblé plein d’artistes d’horizons différents. La plupart ne se seraient jamais rencontrés sans ça. Quand tout d’un coup, tout un tas d’artistes israéliens se réveillent, se mettent à parler et veulent apporter leur contribution, aider ou n’importe quoi, c’est assez wow… Du coup on a fait cette compilation. Et on a récolté pas mal d’argent pour les victimes des attaques du 7 octobre, notamment les personnes kidnappées. C’est un super projet.

Niv : Dori est très impliqué dans ce genre d’action caritative. Je pense que c’est incroyable. Je pense que cette compilation est importante parce qu’elle aide les gens et à la fin : c’est ce qui compte. Il y a eu le même genre d’initiatives pour la guerre en Ukraine et le récent tremblement de terre en Turquie, auxquelles nous avons également participé. Il y a beaucoup de gens qui ont besoin de soutien en ce moment. Il y a aussi beaucoup de gens qui ont besoin d’aide. Et si nous pouvons donner un titre à cette compilation, contribuer et faire quelque chose, pour nous c’est incroyable.

 

Vous avez été donc contraints de reporter votre tournée.

Dori : Le premier concert que l’on a fait à Tel-Aviv était incroyable. Et maintenant… Tu sais, je ne sais pas où ça va aller. Peut-être que l’on va faire cette tournée et trouver un moyen de la faire. Mais je ne sais pas comment 2024 sera, les choses bougent tellement. J’ai besoin d’être présent dans ce que je fais, et de ne pas faire les choses parce que je dois les faire. Ressentir le fait que l’on fasse partie de quelque chose, et essayer de tirer les bénéfices de tout ce qu’il se passe actuellement ; ce qui n’est pas très facile pour le moment. Parce qu’on se demande vraiment ce qu’il se putain de passe dans le monde.

Niv : Je regarde avec un peu de recul et j’essaie de comprendre la situation, ça me semble être une question de limites et de frontières. Les frontières sont très déformées en ce moment. C’est difficile, et c’est normal que ce soit difficile. C’est douloureux et c’est historique, d’une certaine manière. Et la situation ici nous met dans une sorte de situation qui nous fait réfléchir. C’est quoi la suite ? Devrions-nous prendre la route à nouveau ? C’est comme si on hésitait entre plusieurs itinéraires sur Waze. Et comme j’ai commencé à le dire tout à l’heure, je pense que c’est une question de limites. Il est vraiment temps de regarder à nouveau à l’intérieur de soi, de faire de l’ordre. Avec ses limites. Et je pense que c’est devenu un peu désordonné. avec tout ce qui se passe avec les médias sociaux . C’est très, très violent. Il n’y a pas moyen de dire quelque chose sans apporter du poison, et c’est assez incroyable. C’est horrible. Et à la fin, tout ce que nous voulons, c’est faire de la musique. Je veux être inspiré, donner de l’inspiration aux autres et continuer à faire ce que j’aime et ce que je suis censé faire. Et cet environnement en ce moment rend la chose très difficile. Et bien sûr, beaucoup de choses ont changé parce que nous avons commencé à promouvoir l’album il y a trois mois avec les 4 singles. Et par la suite logique des choses, nous n’étions pas très disponibles mentalement et professionnellement pour faire la suite de la promotion notre album, mais tout était déjà sorti et programmé. C’est quelque chose qui appartient à tout le monde maintenant, c’est plus grand que nous.

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J’ai vu sur Instagram que vous aviez un peu critiqué le silence de la communauté musicale. Qu’est-ce que vous critiquez exactement ?

Dori : Quand ca s’est produit, j’avais l’impression que tous les médias étaient plutôt silencieux alors que c’était assez extrême. En Israël, on sait ce que sont ces attaques terroristes. On en apprend un peu plus chaque jour. On n’a jamais attendus que les gens en parlent mais bon, le fait que ce soit un festival de musique électronique, trance qui plus est, rassemblant 3000 personnes venues pour un moment de paix et de partage : c’était un vrai choc pour nous. Je ne pensais pas que quelque chose comme ça pourrait se passer un jour. C’était bizarre pour moi de soudainement se sentir sur une autre planète. Quelques jours après, il y a eu les attaques entre Gaza et Israël et le festival était devenu secondaire, ce qui est normal, mais au plus proche du 7 octobre, les gens se sont sentis un peu démunis.

Niv : Le problème, c’est quand des gars en face de toi sur les réseaux sociaux, des managers de labels, des festivals, des promoteurs, qui vivent en Europe ou en Amérique ou n’importe où, écrivent leur opinion sans réfléchir ou connaître et sans débattre avec personne au final. Ce n’est pas assez humble pour pouvoir débattre correctement. Suis-je assez sensible pour parler avec cette personne qui vient de vivre un des trucs les plus horribles qui se soient passés au 21ème siècle ? Ou bien de jeter toute ma haine, ma philosophie et tout ce que je pense savoir et de balayer l’existence de la personne en face ? Ca me donne envie de supprimer Instagram, et tous les réseaux sociaux en général. C’est de la connerie. Et le pire c’est que ça te donne envie de dire ce qui est bien et mal justement, mais je m’en fous ; ça fait partie de quelque chose de plus grand. Et je sais que ça a commencé à changer avec le Covid. Toutes ces manifestations partout dans le monde. Et maintenant, ça. Et cette chose va en amener une autre, etc. Je pense que nous sommes à la fin d’un chapitre et que nous en ouvrons un autre. J’espère une évolution de la conscience. Pour moi, pour toi, pour tout le monde.

Les réseaux, c’est comme une salle de bain pour moi. Ca peut être un endroit important, parfois. Mais il ne faut pas y passer trop de temps. Pour certaines personnes, ça fait des dégâts.

Vous avez fait sur Instagram un parallèle intéressant à ce sujet : comment un hipster de Berlin peut-il nous dire d’apprendre l’histoire alors que c’est nous qui la vivons ?

Dori : Je le vois tout le temps, des gens m’écrivent depuis les Etats-Unis, de Suisse ou de je ne sais où, en me parlant de mon histoire et de comment j’ai subi un lavage de cerveau. Comment vous pouvez être aussi calés sur le sujet du Hamas, du Jihad ? Vous n’avez aucun idée de ce qu’il se passe. Vous pouvez montrer du soutien, surtout si nous sommes amis. Même si mon pays a tord, ce n’est pas la question. Mais les gens deviennent fous. Ce qui me procure le plus d’incertitude, c’est l’aveuglement général.

Niv : Ça donne l’impression que les gens ne parlent pas de ce dont ils sont censés parler. C’est une occasion pour le genre humain de regarder à l’intérieur en soi, et ne pas essayer de prouver avoir raison sur ce qui ne va pas dans le monde ; car beaucoup de choses ne vont pas bien. C’est très superficiel, agressif et ça alimente au feu et fait affronter des gens pas d’accord. Les gens écrivent quelque chose qui devrait apporter la lumière ou la paix sur terre, mais ce qu’ils apportent, c’est le feu. Je crois vraiment que nous apprendrons à l’issue de tout ça. Nous en tirerons des leçons. Il faut qu’il y ait une évolution. Tout cela arrive aussi parce qu’il y a beaucoup de combats dans le monde maintenant, les gens commencent à penser différemment, je pense. Nous le ressentons de plus en plus et c’est pourquoi des choses horribles et terrifiantes se produisent ; sur différents aspects. Ca doit changer, quelque chose doit changer, ça ne peut pas rester comme ça. Tout va changer, les gouvernements, les gens, j’y crois vraiment.

Vous avez dit que vous étiez déçu parce que vous attendiez que des personnes vous contactent pour raconter votre histoire et votre point de vue. Si vous aviez une chose à dire ou à propos de tout cela, quelle serait-elle ? 

Dori : Je pense qu’il serait intéressant pour des médias de contacter des gens comme des DJ palestiniens, de parler avec eux, de parler avec nous ; et c’est comme ça que l’on dresse une discussion artistique et pas essentiellement géopolitique ; mais nous sentons que ce n’est pas une histoire de camp à choisir. Les gens devraient prendre un peu de recul, avoir moins de haine face à la situation globale car cela n’aide pas du tout.

Niv : Le message, c’est vraiment de regarder à l’intérieur de soi, de faire de l’ordre. Les mauvais côtés et les bons côtés sont présents chez tout le monde et je pense qu’il est temps de travailler sur les limites à l’intérieur de nous-mêmes, de travailler sur la grâce, de travailler sur le fait d’être calme. De pas penser tout le temps avec la tête, et commencer à penser davantage avec le cœur. Le processus global, ce n’est pas seulement ressentir l’existence à travers les réseaux sociaux. Je pense que l’environnement actuel est très chaotique. Et je pense que chacun d’entre nous a le droit d’exister comme il le veut, comme il le sent et comme il en a besoin. Si vous voulez parler, parlez. Si vous ne voulez pas parler, ne parlez pas. Mais à la fin, il faut regarder à l’intérieur de soi. Je ne laisserai jamais les réseaux sociaux devenir l’unique lieu de vérité(s). Les réseaux, c’est comme une salle de bain pour moi. Ca peut être un endroit important, parfois. Mais il ne faut pas y passer trop de temps. Pour certaines personnes, ça fait des dégâts.

Red Axes // One More City // Fabric Records // Tournée reportée en mars 2024, inchallah

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