Né aujourd’hui, Pasteur serait un héros.  Multi-millionnaire, vaccinant à tour de bras les chiens enragés aboyant au passage des caravanes remplis de dollars, il aurait droit aux médailles, aux poignées de mains et aux calins d’alcôves pour services rendus à la nation. Dans le cas des petits gars de Leeds, Pulled Apart By Horses, il aurait aussi su concocter le remède de cheval à même de les réduire à l’état de steaks.

Quand on a plus rien, l’écume aux lèvres, c’est tout ce qu’il nous reste. Showbizz et paillettes, okay, mais assenés d’un grand coup de poing dans la gueule. Recompter ses dents dans la file d’attente du pôle emploi, imaginant des bombes de diarrhée posées ça et là, au gré des (bouches) dégouts. Maudire la main invisible, psalmodier dans son menton, suer à grosses gouttes, échafauder des plans d’évasions d’une vie trop serrée autour du cou. Et puis s’en retourner, looser génial ou artiste raté, manœuvre aux mains sales, porteur de cartons coupant les doigts, détaché de presse, producteur de miel avarié, moins que rien, flocon de neige débandant les muscles alors que le lance-flamme n’est pas encore sorti de son emballage.

Dans ces cas-là, une bonne diversion fait l’affaire. Une bonne diversion s’impose. Une bonne diversion s’échine à faire oublier l’abscès plutôt que de le percer.

Dire qu’il y a de ça quelques années, le rock pensait pouvoir faire les deux. Showbiz, arnaques, coup de maison de disques et paquets de watts. Quelques jolies photos, une prod’ du tonnerre et les kids y croyaient. Au début, les kids y croyaient tout le temps. Maintenant les boutonneux téléchargent, streamisent et n’en n’ont de toute façon souvent rien à foutre de savoir si oui ou non le truc qui coule dans leurs oreilles est un fake.

L’hédonisme est une maladie. Et tous les Pasteur du monde ont toujours lutté contre la souffrance, pas contre les sourires béats rendus graisseux par les chips, le coca et trois heures passées sur Youporn.
Une bonne grimace recevait un coup de matraque, des idées vaguement gauchisantes se sevraient avec un salaire indécent, mais que faire de ces fils de Joker, comment recoudre ces sourires cicatrices ?  Pulled Apart by Horses, du fin fond de Leeds propose d’en écarteler les propriétaires. D’abord, ça leur apprendra. Et puis il y a un moment où seul le craquement de ses propres os est encore capable de se faire toucher les fils.

Mais avant de passer à l’équarrissage pour tous, qu’une chose soit bien claire : revolution won’t be electrified. Ca n’empêche pas de se laisser pousser l’écume aux lèvres, des trous à ses jeans et le poing fermé au bout du bras. Dernier inter avant collision, à l’attention de ceux qui ont un train à prendre, un double appel en cours ou un œil qui louche après 500 signes :

At The Drive In, Kuyss, Rage Against The Machine, Queen of The Stone Age, Fugazi, Sugar Ray.

Sortie suicidaire en plein été, des Anglais blancs comme un drapeau de rédition, une basse vieille de 15 ans, quand fusion n’était pas comme trip hop, devenu un gros mot, une guitare qui te saute au cou, des hurlements des vrais, même si c’est pour rien, même si demain c’est loin, même si anyway, the wind blows, une batterie ne connaissant que les lignes droites enfilées à toute allure, des « Enjoy your fucking misery / Enjoy your fucking misery  » qui résonnent longtemps, miroir déformé déformant, autant rétroviseur que boule de cristal mal réglée.

Pulled Apart By Horses, c’est ton pied coincé dans l’étrier d’un cheval lancé à toute berzingue sur 200 kilomètres de bitume. Ton chien écrasé par un tank. Un métro rencontrant un autre métro. Avec des gens dedans, oui. Tes poches vides devant un big mac. Tes poches vides devant une paire de baskets trop chanmé. Tes poches vides au moment de régler l’addition et Pamela qui s’en va déjà. De la coke un peu trop bonne. Des déchirures. Des plaies. Un animal mort dans ta bouche. De la rage, de la rage incontrôlable découpée aux bons endroits, de la rage transpirante de puissance et d’impuissance.

Pulled Apart By Horses / / Pulled Apart By Horses / / Transgressive (Coop)
http://www.myspace.com/pulledapartbyhorses

2 commentaires

  1. Yeah, pur groupe, en concert au festival Rock, Fellah! Rock!!! les 1er et 2 Octobre, avec une affiche indé de malade (PABH, Dub Trio, Part Chimp, Sole, Bong Ra, Patriotic Sunday, Shannon Wright, OFO AM, Stony Broke, etc.). A ne pas rater, ça tabasse sur scène !

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