Si vous maudissez les journalistes musicaux pour leurs papiers médiocres et que l’envie vous vient de leur couper les mains comme de vous crever les yeux, restent les oreilles. Une fois par mois, la playlist du gonze Paul Labourie explore un thème, un genre, une idée ou un concept par quelques-uns de ses morceaux plus (et moins) représentatifs. Au rendez-vous du jour, 25 billets sans retour pour vibrer au doux son de la censure. Ca rime avec dictature.

Quand on pense à la censure dans la musique de la seconde moitié du XXe siècle, il est presque naturel de s’arrêter à l’évidence, à quelques fables que l’on se plaît à se raconter : un Elvis épinglé pour un déhanché suggestif, les Beatles ou les Doors pour un clin d’œil peu dissimulée aux drogues, les Stones pour des allusions sexuelles plus ou moins explicites.

Derrière les anecdotes amusantes de ces grands noms passés à la postérité, un jour malmenés par des bureaucrates ou des programmateurs de radios un peu trop conservateurs, la censure en musique fut une réalité douloureuse pour nombre de musiciens nés au mauvais endroit, au mauvais moment (si tant est que le but soit de passer entre les mailles du filet dans un calme relatif). Et si l’on connaît bien la réputation conservatrice des États-Unis ou de l’Angleterre face à la horde de jeunes incontrôlable galvanisés par le vent libertaire, cette première idée de la censure pourrait bien n’être que l’arbre qui cache la forêt.

Pour contourner ledit arbre, itinéraire non exhaustif et peu représentatif de la censure autour du monde : de ses formes modérées voire insignifiantes (demander l’interdiction de diffuser War Pigs à la radio au lendemain des attentats du 11 septembre, alors que Black Sabbath est l’un des plus grands groupes au monde depuis trente ans, vraiment ?) aux plus violentes : celles qui ont la douleur de l’exil (Caetano Veloso), l’amertume du silence (Kourosh Yaghmaei), la violence de l’emprisonnement (Fela Kuti)… ou la mise à mort d’un martyr (Victor Jara).

C’est parti pour un voyage en interdit.

2 commentaires

  1. Un  » oubli  » :  » 666  » Aphrodite’s Child.
    Mâtin, quel album culte !

    C’est grâce à votre chronique (un régal !) de  » Berlin « , de qui l’on sait, que je vous découvre.
    Ayant relayé votre  » papier  » sur TXitter, j’ai voulu en savoir plus sur votre travail.

    Quel bonheur de constater que vous êtes fichtrement actif et, cerise sur le gâteau,  » décalé  » dans vos choix ( » Candyman  » – Loverman… qui m’a évoqué Elado Negro).

    Je suis un  » boomer  » né en 60, ayant  » fréquenté  » un certain Philipe Garnier par le biais de ses longs articles dans le Rock&Folk des années 70, ainsi que les courants musicaux qui vont d’Amon Düül à Franck Zappa, en passant par tout un tas de trucs + ou – connus des années 70 à 2010 *.

    Bref.
    Grand merci pour votre passion que vous faites passer à vos lecteurs.

    Bien à vous.

    * J’ai lâché l’affaire, au profit de compil que je me fais, en recyclant mes  » oldies but goldies  » mélangées à des sons diffusés sur des radios du net comme Fresh Radio (hélas disparue) ou Sabotage FM.

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