Avec toutes ces listes de fin d’année, on frôle l’indigestion. Histoire de vous éviter une nouvelle crise de foie à base de journalisme prémâché ressorti du four comme un dindon sans farce, tous les membres de l’équipe ont planché sur LA chose marquante à retenir de l’an 2014. Une sorte de calendrier d'avant l'après à découvrir avant de rater encore plein de choses en 2015. Un livre, un album ou un détail (car comme chacun sait…), voici le manqué immanquable de l’an 2014 selon Bastien Landru : un rappeur et un documentaire.

La gueule de 2014 :

« 2013
14, 15, 16
Alice au pays des merveilles
Aziz au pays des merguez »

J’étais parti pour écrire du bien du rappeur crado pas comme il faut car après tout Alkpote avait sorti son Orgamixtape cette année, envers et contre tous. Et même s’il rappait sur des instru’ qui n’avaient rien à faire sur Gonzaï, il fallait se rendre à l’évidence. En quelques fulgurances qui violentent la grammaire, je comprenais : ce mec était le meilleur rappeur de France. J’y suis retourné. C’était troublant, j’écoutais du rap sans en aimer la musique. Une année durant.

« Appuie lecture
Ma libellule
La vie est dure
La rime est nulle »

Mais il n’y avait rien d’étonnant à découvrir qu’un type, aussi bon auteur soit-il, ne soit pas proclamé « meilleur », puisque ça arrive, même aux meilleurs. C’est en voyant pour la première fois il y a quelques jours La Gueule de l’Emploi, un documentaire de 2011 de Didier Cros, que j’ai pigé quelque chose, de cette année 2014. Ce film montre comment un cabinet de recrutement (presque 30% de l’embauche) choisit deux employés parmi une dizaine de candidats, pour la compagnie d’assurances GAN.

« C’est votre stratégie de faire semblant de ne pas comprendre ? »

Dans cette tragédie humaine bien réelle – filmée avec des caméras fixes, sans cadreur – on voit tout ce qu’on ne montre jamais ici, la violence avec laquelle l’entreprise broie ses soumis, et comment nous l’acceptons. Tout le film est sans commentaires. Et violemment Didier Cros, et doucement Alkpote, m’ont rappelé dans quel monde on vit. 2014, c’était prévisible, je n’y aurais rien compris.

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