17 ans plus tard Nissennenmondai continue de produire une musique de plus en plus radicale, instillant progressivement un doute chez ses adeptes. Et si le crash annoncé était toujours en train d’avoir lieu ? Et si, prophètes de l’apocalypse, les trois membres de Nissennenmondai étaient en train de nous dévoiler le vrai visage du chaos ? Il y a par exemple quelque chose de vertigineux dans l’effondrement sémantique des productions du groupe. En 2013, par exemple, sort « N », un album avec le tracklist suivant :
- A
- B-1
- B-2
Puis en 2015, « N’ », avec le tracklist suivant :
- A’
- B-1′
- B-2′
- B-4′
- A’ (remix)
- B-1′ (remix)
Progressivement, les mots disparaissent pour faire place aux signes et aux chiffres. Cet effondrement-là n’a rien d’anecdotique. Leur dernier album en date s’intitule tout aussi sobrement « #N/A » (le A indiquant l’intervention à la prod d’Adrian Sherwood). Les titres des morceaux sont de simples #numéros. Cette bascule laisse entrevoir l’évolution du groupe. À l’écoute, le rock répétitif des Japonaises devient progressivement de plus en plus abstrait, de plus en plus mathématique. Le langage est loin, la musique n’est plus narrative ou mélodique, il ne reste que des nappes rythmiques qui ne cessent de glitcher. Peu à peu, l’impression hypnotique se double d’un soupçon, celui que chaque morceau se grave progressivement comme un virus dans le cerveau de celui qui l’écoute, recombinant des neurones, installant des programmes parasites. We are the robots.
Nisennenmondai // N/A // On U Sound
https://nisennenmondai.bandcamp.com/