La semaine dernière, Karl Lagerfeld nous quittait. Aujourd’hui c’est le chanteur de Talk Talk (j’en entends déjà qui pouffent). C’est comme ça, que voulez-vous : les gens meurent. Et quand ils laissent derrière eux une œuvre qui pèse son poids, c’est juste une affaire de mémoire, il faut en parler. Mark Hollis, c’était la discrétion personnifiée, un tape-à-l’œil pour les borgnes mais surtout pas pour les malentendants… d’autant qu’il s’était effacé progressivement depuis vingt ans. Un fantôme donc, un mystère à la hauteur de son œuvre incompréhensible en première lecture, dont on espérait peut-être qu’il… eh bien non. On s’en tiendra là.

En début de semaine et comme prévu, les médias généralistes français ont donc fait ce qu’ils avaient à faire : rendre hommage rapido au « chanteur de Talk Talk ». C’était la moindre des choses : lorsqu’il a explosé en 1984, le groupe anglais a vendu énormément de disques en France, bien plus que dans son pays d’origine où ses singles ont alors curieusement fait un flop. Et c’est ce qui a été globalement retenu : quelques secondes de Such a Shame en clôture du JT de 20h, It’s My Life en boucle à la radio, les deux mêmes hit-singles abondamment cités sur les plateformes web d’infotainment pour annoncer la mort du « chanteur de Talk Talk »… et puis, fort heureusement, quelques papiers disant l’essentiel de ce qu’il fallait vraiment savoir sur Mark Hollis – la suite de son parcours en l’occurrence – dans les tribunes des principaux médias qui comptent. Car pour le grand public, bien sûr, Mark Hollis a les contours flous du type qui a sorti deux ou trois tubes, Talk Talk est un détail des années 80 (…) et cette musique, finalement, est juste bonne à être écoutée sur Nostalgie.

Résultat de recherche d'images pour "mark hollis talk talk"Pourtant, vous qui êtes en train de lire ces lignes, ici-même où l’on utilise généralement une tronçonneuse pour couper de ce bois-là, savez bien qu’il y a beaucoup plus à savoir de l’œuvre de Talk Talk et de Mark Hollis, puisqu’il s’est ensuite essayé à l’exercice de l’album solo, une seule fois certes, mais suffisamment décisive pour marquer au fer rouge toute une ribambelle de musiciens notoires (et pas seulement les plus arty : pour l’anecdote, cet album solo était le disque de chevet de Bashung). L’Anglais laisse donc derrière lui une œuvre polymorphe, dont la facette la plus connue est de loin la moins intéressante, et surtout une trajectoire unique dans l’Histoire de la pop : en passant de la FM (et de ses contraintes) à la musique la plus libre qui soit, il a non seulement montré que l’on pouvait s’émanciper de tout, de tous et même du ridicule, mais aussi que l’on pouvait atteindre un statut nettement plus noble en s’effaçant graduellement derrière la musique, en s’effaçant derrière les silences qui font aussi la musique, et ce jusqu’à s’effacer soi-même… disparaître.

Résultat de recherche d'images pour "mark hollis talk talk"Mark Hollis n’est pas « disparu » le lundi 25 février 2019 : ceci est juste une info Wikipedia. Bien avant cette date, sa musique, et donc son âme, s’étaient déjà évanouies en petites particules flottant ici et là, quelque part au-dessus de nos têtes… Aujourd’hui comme hier, tout n’aura été qu’affaire d’élévation. Place aux disques.

Talk Talk – « The Party’s Over » (1982)

1981 : Talk Talk se forme autour du jeune Mark Hollis, qui sort tout juste d’une première expérience au sein d’un groupe mineur (The Reaction). Deux éléments essentiels le poussent à franchir le pas : son grand frère mélomane (manager d’Eddie & The Hot Rods : ça aide) et surtout l’arrivée du punk quelques années plus tôt… Car voilà : Mark n’est pas musicien, mais comprends vite qu’à ce moment précis de l’Histoire, ce n’est très grave. Alors il va occuper le poste de chanteur, et surtout bien s’entourer puisque les musiciens que lui présente son frangin sont déjà très au point : Paul Webb (basse) et Lee Harris (batterie) forment une excellente section rythmique, et les claviers sont assurés par un certain Simon Brenner (qui prendra la tangente après la sortie du premier album). A quoi donc ressemble ce coup d’essai ? A un disque de pop synthétique tel qu’il en sortait à cette époque outre-Manche. Avec ce problème de taille : Talk Talk est noyé dans la masse… En face de lui, trois tendances lourdes saturent le paysage musical anglais : les pionniers de la synth-pop la poussent déjà dans ses retranchements (Orchestral Manœuvres In The Dark, The Human League, Gary Numan…), les « Nouveaux Romantiques » déboulent en épouvantables épouvantails (Duran Duran, Spandau Ballett, Visage…) et deux nouveaux-venus sont déjà promis à des lendemains qui chantent : Depeche Mode et Tears For Fears… Dur dur : Talk Talk n’a ni la technicité des premiers, ni l’extravagance des deuxièmes… et ne cartonne pas comme les troisièmes (qui sortent eux aussi leur premier album).

Que faire quand on a la tronche « working class » de Mark Hollis et les dégaines pas possibles de ses camarades ? Réponse : des chansons.

Et par chance, il y en a quelques-unes qui tiennent la route, aussitôt réquisitionnées pour se raccrocher aux charts avec des riffs de synthé qui ne déméritent pas : Talk Talk (hit mineur) puis Today (qui fait un meilleur score sans affoler qui que ce soit). D’autres chansons sur l’album auraient pu faire aussi bien (Hate par exemple, ou ce Mirror Man qui fut lancé en éclaireur avant de se faire très vite abattre). L’ensemble du disque montre pourtant un groupe singulier, avec un son bien à lui (pas si synthétique en fait) et une voix reconnaissable entre mille, assez étrange, suffisamment en tous cas pour en agacer plus d’un par la suite. « The Party’s Over » ? Pas déméritant mais pas inoubliable : vous pouvez donc passer directement à la case suivante, puisque la fête n’est PAS finie

Talk Talk – « It’s My Life » (1984)

D’abord, le contexte : deux années viennent de s’écouler, et il s’est passé tellement de choses dans cet interstice que la musique populaire bascule définitivement dans une autre ère, celle de l’outrance et du gigantisme. Plus rien ne sera comme avant : la musique enterre son âge d’or, l’industrie se chargeant de la mettre au pas en mettant l’argent au tout premier plan. MTV apparaît, Madonna et Michael Jackson sont les premières stars interplanétaires, et la synth-pop envoie alors régulièrement des wagons de groupes aux premières places des charts (Eurythmics, Duran Duran, FGTH, Bronski Beat… la liste est sans fin). L’affaire s’annonce rude, et pourtant, Talk Talk, pas plus bon ou mauvais (c’est selon) que les autres, va lui aussi connaître son heure de gloire en sortant coup sur coup deux tubes : It’s My Life et Such a Shame font le tour de la planète (Europe, Amérique du Nord, Nouvelle-Zélande…).

Aujourd’hui comme hier, beaucoup ne se sont pas privés de railler ces deux étendards hirsutes, synthétiques et bariolés, très ancrés dans leur époque. Pourtant, ils ne ressemblent à rien d’autre, et surtout pas à ce qui se faisait alors dans leur pays d’origine, ce qui explique sans doute que celui-ci les ait royalement snobés : pas assez anglais… Bide à domicile ? Carton à l’extérieur : l’album est à la hauteur des singles, très cohérent, avec plusieurs ballades qui montrent les progrès de Mark Hollis en termes d’écriture (Renée, Tomorrow Started, ou ce Does Caroline Know qui flirte avec les Talking Heads). Quelques musiciens additionnels s’infiltrent, à commencer par l’ingé son Tim Friese-Greene, qui devient désormais officieusement le quatrième membre du groupe (il ne fera ni promo ni tournées, se cantonnant au studio pour épauler Hollis sur presque tout). La force de ce disque ? Son pouvoir d’évocation : il donne l’impression de survoler des terres chaudes à vitesse de croisière, planant au gré des vents, usant (déjà) d’une palette d’instruments beaucoup plus large. Et puis il y a ces sonorités synthétiques, propres au groupe, qui brassent mille et une images venues d’ailleurs mais non répertoriées sur les cartes… Excellent aux deux tiers (pour résumer), ce deuxième album à succès n’est pas le classique que certains ont cru voir : dans un registre où le songwriting et la mise en sons dominent, il y a alors bien mieux chez New Order, Depeche Mode ou les Pet Shop Boys. Mais ceux-ci allaient faire carrière avec un seul cahier des charges… Talk Talk, d’évidence, allait s’en passer.

Talk Talk – « The Colour Of Spring » (1986)

Les choses sérieuses commencent ici. Sérieuses ? C’est peu de le dire… Quels mots utiliser pour parler de ce disque ? Comment expliquer le bond de géant accompli par Mark Hollis et son groupe en seulement deux ans ? Tout cela est juste insensé, n’arrive qu’une fois chaque décennie, relève du miracle… « The Colour Of Spring », dont l’intitulé est déjà trompeur puisque sa tonalité est automnale, est avant tout un disque de paradoxes. Des cinq albums de Talk Talk, il est le seul à ne ressembler à aucun autre : les deux premiers versaient dans la pop synthétique, les deux suivants emprunteront une direction totalement « free ». Serait-ce un disque de transition ? A priori oui, et pourtant non : il existe en tant que tel, n’a jamais été copié (comment faire mieux ?) et ne laissera que peu de résidus dans l’œuvre à venir (si ce n’est la liberté d’improvisation qui s’infiltre ici à feu doux, mais dans des chansons aux structures encore très carrées).

Ce n’est ni de la pop (mais le songwriting est au top), ni du rock (mais sa base « classique » faite de bois et de nylon s’en inspire), ni du jazz (mais il en a le « touché »)… C’est un peu de tout cela, et en même temps totalement à côté : comme un nouveau langage qui coule de source. Et vous savez quoi ? Ce disque miraculeux, risqué comme jamais, va trouver son public. Et devenir la plus grosse vente de Talk Talk un peu partout dans le monde, porté par deux singles absolument monstrueux (ses deux pièces les plus percutantes) : Life’s What You Make It (tribal et obsédant) puis Living In Another World (et ses orgues qui hurlent à la façon de ces fous furieux dont on découvre enfin dans le clip le vrai visage…). Le reste du disque, d’une cohérence absolue, est nettement plus serein : tout y est magistralement dosé avec renfort de musiciens, quelques cordes, un harmonica ici, des chœurs d’enfants un peu plus loin… et du piano, car Hollis s’y est mis en apprenant de Tim Friese-Greene. Chaque note est mesurée, à sa place, et de celles-ci on se délecte à chaque écoute, sans s’épuiser. L’ouverture (Happiness is easy) en est le parfait témoignage, et lorsque enfin l’on arrive aux huit minutes finales de Time It’s Time, étirées sur une coda d’un autre monde, ce sont des anges que l’on entend souffler… Tout est ici renversant de limpidité, et c’est à n’y rien comprendre. Premier chef-d’œuvre du groupe, et que les choses soient claires : il est vraiment à part. Alors ? Such a Shame, ça vous faisait bien marrer, hein ? Honte à vous, bande de mécréants. You were blind, now you can see.

Talk Talk – « Spirit Of Eden » (1988)

Episode 4, nous sommes en 1987. Le succès inattendu du troisième album de Talk Talk permet à chacun de comprendre cette chose : même en devenant un tout autre groupe, celui-ci en a suffisamment sous la semelle pour toucher un nouveau public – ce qu’il fit notamment en tournée. Pour le prochain disque, Parlophone (subdivision d’EMI qui prend le relais) dégage donc un budget conséquent, laissant carte blanche à Hollis et à sa troupe. Les moyens aidant, jamais autant de monde n’aura été convié que sur « Spirit Of Eden ». Enfermés dans un studio londonien, Hollis et Tim Friese-Greene prennent tout le temps qu’il faut pour enregistrer les improvisations d’une quinzaine de musiciens, opérant ensuite un travail de re-editing des bandes sur une technologie dernier cri. Ils bossent souvent la nuit venue, et ni leur manager, ni les pontes de Parlophone ne sont conviés aux sessions… Aussi, lorsque ces derniers se voient enfin présenter, après quatorze mois, le résultat final, ils tombent de très haut : cet album, aussi fabuleux soit-il (la légende veut qu’il ait tiré des larmes au boss de Parlophone dès la première écoute), est proprement invendable. Deux faces de trois morceaux chacune, fondus les uns dans les autres, aucune accroche mélodique, aucun squelette de chanson… donc pas de hit pour agripper le chaland. Hollis vient de franchir un nouveau cap : Talk Talk se métamorphose une fois de plus, et largue cette fois-ci définitivement les amarres… Pour preuve ? Hollis décrète qu’il n’y aura pas de tournée (comment retranscrire ce disque sur scène ?), pas de vidéos, pas de singles, bref… pas de promo. Evidemment, entre lui et Parlophone, ça va bientôt partir en testicules.

Mais l’essentiel n’est pas là : « Spirit Of Eden » est un sommet. Imaginé en pensant très fort aux travaux de Coltrane, Debussy ou Ravel, mais enfanté (pour rappel) par un autodidacte venu du punk, cet album ne ressemble une fois de plus à rien de répertorié. Et surpasse son prédécesseur en inventant une nouvelle syntaxe, pourtant accessible à chacun puisqu’il suffit de tendre l’oreille : jamais musique enregistrée n’a semblée aussi pure, libre… Au sujet de « Smile », Brian Wilson disait vouloir composer une « symphonie adolescente adressée à Dieu ». A l’inverse, « Spirit Of Eden » semble être la symphonie d’un homme qui plane désormais loin au-dessus de ses pairs, et l’adresse à tous ceux qui cherchent un peu d’espoir en ces temps moribonds. Ce disque respire par tous les pores, se renouvelle sans cesse au fil des écoutes… il VIT. Un monument, à écouter de préférence seul mais avec la fenêtre grand ouverte, afin que s’y mêle la lente et lointaine pulsation du monde.

Talk Talk – « Natural History : The Best Of » (1990)
Talk Talk – « History Revisited : The Remixes » (1991)

A trop vouloir se détacher de l’attraction terrestre, Mark Hollis a donc fait de Talk Talk un boulet pour sa maison de disques. Pas mal pour un groupe en apesanteur… mais la sortie, c’est par ici. Les crétins alors en poste à la direction d’EMI ont alors une idée inouïe : publier un « Best Of »… une compilation de Talk Talk. Relisez bien cette phrase. Encore une fois. Maintenant, et au-delà de l’aspect purement lucratif de l’affaire, réfléchissez un instant, allez (comme dirait Delahousse), juste une dizaine de secondes… Un « Best Of » de Talk Talk, égrenant des extraits de quatre albums qui n’ont absolument rien à faire les uns avec les autres. Imaginez : une collection printemps-été chez Desigual (aïe). Une intégrale de tous les films où a joué Daniel Auteuil (ouille). Un chèque-cadeau valable dans les bacs à soldes de la Fnac (wizz !)… Il y a comme un truc qui coince, non ? Ben non, ces choses-là existent. Pire : elles se vendent comme des petits pains !

Sûrs de leur bon coup, les cerveaux d’EMI persistent donc, et franchissent un deuxième palier dans la crétinerie en publiant, un an plus tard, un album de remixes du même « Best Of »… Relisez bien cette phrase. Encore une fois. Après tout, pourquoi se priver d’une version longue de Such a Shame ? Oui mais alors, que faire du reste ? Ajouter un bon beat groovy sur un titre de « Spirit Of Eden » ? En voilà une idée qu’elle est bonne ! Et c’est qu’ils en ont plein d’autres en besace ! Naturellement, EMI confie le boulot à des gens dont on se demande encore aujourd’hui quel est le cœur de métier, et cela sans même demander son avis à Mark Hollis (tu penses, c’était syncope assurée). Qu’advient-il ? L’objet sort, et Talk Talk se retourne contre EMI en engageant des poursuites judiciaires. Comme si tout cela ne suffisait pas à son malheur, un ultime degré de bêtise crasse est alors atteint lorsqu’un jeune Français, encore mineur et manifestement fan, achète les deux compilations aberrations au format K7 (cette qualité de son…) avant de très vite se rendre compte qu’il s’était bien fait baiser. Par respect de la vie privée et pour ne pas lui foutre la honte en place publique, je ne dirais pas de qui il s’agit, mais franchement, en ces années-là, on n’arrêtait pas le progrès.

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Talk Talk – « Laughing Stock » (1991)

Libéré de son contrat avec EMI (et malheureusement de Paul Webb qui a jeté l’éponge entre-temps), Talk Talk signe avec Verve pour un cinquième album que beaucoup, aujourd’hui, considèrent comme le grand œuvre de Mark Hollis. Plusieurs raisons expliquent, ou aident à comprendre, cet avis assez général. Car en fin de compte, « Laughing Stock » n’est que la suite logique de « Spirit Of Eden », et tout le rappelle : la pochette, les deux faces de trois longs morceaux, et bien sûr la musique, déliée, dégagée de toutes les influences qu’elle a assimilé, largement instrumentale et s’élevant encore une fois très haut dans la stratosphère. Seulement voilà : trois années ont passé – déterminantes.

En 1988, à la sortie de « Spirit Of Eden », très peu avaient compris le geste de Mark Hollis.

Le rock se cherchait alors un avenir dans le bruit et la saturation (Sonic Youth, Dinosaur Jr, My Bloody Valentine…), et voilà que ce ringard de Hollis faisait exactement l’inverse : de l’épure, des silences, de l’espace. Allo papi ? Toujours pas sourd ? En 1991, année cruciale en termes d’innovation (Massive Attack, Primal Scream, LFO…), les musiciens cherchent des pistes pour inventer leur décade. Parmi eux se trouve notamment un groupe américain, Slint, qui sort alors précisément Spiderland, considéré comme l’acte fondateur d’une mouvance neuve : le post-rock. Bien sûr, papi Hollis n’en a cure : perché dans son nid avec Tim Friese-Greene, il pond son dernier effort collectif, dissout Talk Talk, puis s’offre une retraite en famille pendant de longues années… au cours desquelles la scène post-rock s’étoffe considérablement, scène dont la frange la plus contemplative, le temps faisant son œuvre, se cherche désormais une ascendance, un père, un point de repère. Très logiquement, ce sera donc « Laughing Stock » et son art-rock nourri d’échos de musiques « savantes »… Est-ce une raison suffisante pour faire de ce disque la pierre angulaire de Talk Talk ? Non : alors que « Spirit Of Eden » levait le voile sur un tableau en deux parties mais en un seul mouvement, « Laughing Stock » aligne six esquisses qui, aussi réussies soient-elles, sont toutes distinctes (une édition limitée et numérotée de l’objet alignait à l’époque trois CD de deux morceaux chacun : voilà qui en dit long). Plus d’épure, donc… mais moins d’unité. Ne pas bouder ce troisième chef-d’œuvre pour autant : Ascension Day annonce tout Tortoise, After The Flood et New Grass charrient des bouffées de gratitude et d’air chaud, comme soufflées par un homme revenu de l’enfer terrestre et donc parvenu, enfin, à destination.

Mark Hollis – « Mark Hollis » (1998)

Il faut être honnête.

Cet unique album solo de Mark Hollis, je ne m’y suis pas intéressé à l’époque… Peut-être n’était-ce alors pas une priorité, il y a tellement à écouter. C’est une quête sans fin. Cet album, je le découvre aujourd’hui, immaculé, réduit à l’essentiel… et c’est une chance. Toujours. Aussi il n’y a aucune raison qui justifie d’en parler ici, puisque le temps, je ne l’ai pas pris. Mais d’autres (qui ont su prendre ce temps) pourront s’acquitter de cette tâche.

Ou mieux encore : ne rien lire d’un disque. Se laisser porter par la rumeur, une pochette parfois, voire même un malentendu… et surtout : l’inconnu. Découvrir l’album solo de Mark Hollis vingt ans après… ça lui plairait sans doute.

8 commentaires

  1. Plus de 200 euros pièces le price des deux dernières albums de talk talk sur discogs et en plus ce sont des réédition .je suis pour un retour de la terreur cher a Danton pour que l’on guillotine a tour de bras tous ses ronds de cuir de mecs qui Boursicote sur le prix des vinyles.

  2. Jusqu’à l’écoeurement le moindre pigiste lambda ou expérimenté de la pseudo intelligentsia parisienne de la blogosphère et de la presse papier y est aller de sa missive souvent faiblarde et incomplète sur Mark hollis ,citant à tour de bras une ribambelle de groupes et de références (Bark Psychosis, Hood, Dif Juz, Disco Inferno,Dakota Suite,The Blue Nile, Gastr Del Sol ,Labradford et toute la clique de peine à jouir Post-rock) et pourtant 17 ans avant l’unique album solo de MARK HOLLIS dans un genre similaire le groupe ONCE a sorti son formidable unique album dans un profond anonymat confondant. (Enregistré en 1981 sur Workprint, « The Hush » est un disque incroyablement ovniesque pour son époque et même si l’approche musicale se révèle sensiblement différente, ce LP me fait inexorablement penser à l’album solo de Mark Hollis) et personne en France au moment du décès de MARK HOLLIS n’a pris soin de parler de ONCE. A.P https://perseverancevinylique.wordpress.com/2019/03/05/for-fans-of-mark-hollis-once-the-hush-workprint-1981/

    1. Perseverance, je suis un peu étonné par la violence de ton propos. D’abord cet article sur Hollis est de très bonne tenue, et ne s’embarrasse pas de références inutiles. Ensuite l’album que tu cites, celui de Once, n’a rien à voir avec l’approche musicale de Hollis. On est ici dans le cas d’un duo voix-instruments en nombre assez limité. Quelques instrumentaux. Un projet qui évoque plutôt certains groupes minimalistes post-punk de l’époque. En tout cas bien éloigné de l’ascétisme que je qualifierais de « touffu » de Hollis. L’album est très intéressant, tu as raison de le souligner. Mais de là à évoquer Once à la mort de Hollis… Bref. Donc on se calme, on boit frais à St Tropez, et on accueille toute célébration d’un génie comme Mark Hollis comme il se doit : en remerciant ses thuriféraires.

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