Avec son Renegade Breakdown, la Canadienne Marie Davidson (également moitié du groupe Essaie Pas) a signé l’un des disques les plus couillus de 2020, loin des disques utilisant le féminisme comme cache-misère ou simple argument marketing. Alors qu’elle foule enfin les terres européennes pour une série de dates dans le monde d’après, ça valait au moins une entrevue téléphonique avec celle qui refuse les diktats du monde de la nuit, de l’industrie macho et du bon goût imposé. Un peu comme si LCD Soundsystem et Mylène Farmer avaient tenté d’accoucher d’un disque sur la banquette poisseuse d’un club en train de fermer. Allô Marie, comment ça va dans ta cabane au Canada ?
Commençons par cette pochette sous le signe de l’empowerment. C’est l’envie de devenir la patronne ?
Marie Davidson Oui, bien vu. Ce sont trois facettes de ma personnalité ; celle habillée en femme d’affaires, c’est ma partie working girl, addict au contrôle, à gauche avec l’extincteur, c’est mon ombre, celle qui aime faire la fête et fuir, et au milieu, c’est celle qui en a marre d’avoir mangé des coups pendant des années, et qui a envie de reprendre le volant. Disons que pendant longtemps j’ai subi des violences infligées par… moi-même. C’est pour ça que j’ai récemment décidé de mettre un frein à ma carrière solo et de quitter le monde des clubs, un peu. Je ne me sens pas comme une victime, mais comme je suis musicienne, je fais forcément partie de l’industrie, et il y a beaucoup de choses qui ne me conviennent pas : je n’aime pas l’idée d’être constamment en représentation, et surtout d’avoir à créer du contenu pour les réseaux sociaux. C’est quelque chose qu’on nous demande ces temps-ci, et je ne suis pas OK avec ça. J’ai beaucoup de défauts, mais ce sont je suis la plus fière, c’est mon honnêteté.
« Je ne comprends pas que les gens se moquent autant de Mylène Farmer. »
C’est pour ça que sur le premier single, vous assumez complètement l’influence de Mylène Farmer ?
Oui, c’est une influence majeure, on est tous fans d’elle et moi, spécialement. Sur mes premières tournées en France, les gens avaient l’air surpris de cette passion pour Mylène ; ils commençaient tous à chanter « je je… suis libertine… je suis une catin ». Bon, j’ai toujours trouvé que c’était une excellente parolière et chanteuse. Et puis il y a son producteur, Laurent Boutonnat. Surtout sur l’album Ainsi soit je, au début des années 90, c’est incroyable, très synthétique, très raffiné. Je ne comprends pas pourquoi les gens se moquent.
Être une femme workaholic, jadis avec Madonna et son label Maverick, ou aujourd’hui avec Christine & the Queens et son côté gérante de PME, ça fait peur aux mecs selon vous ?
Personnellement, je ne l’ai pas vécu comme ça. Au début, ma musique disait « je vous emmerde » mais dans l’attitude je m’adaptais au système et donc, aux mecs. Et à force de tourner en club, en rave, j’ai décidé de tourner le dos à tout ça. C’est sûr qu’en tant que femme, c’est un peu plus difficile, mais ça change, un peu. C’est le fait de s’en foutre ou d’être non-conventionnel, qu’on soit un mec ou une nana, qui dérange. Même dans l’underground ou le monde de la nuit […] j’ai fini par être tannée d’entendre les mêmes chansons, les mêmes rythmes, les mêmes progressions d’accords, les mêmes drogues dans les toilettes, les mêmes discussions. Je comprends que les gens aiment ça ; j’en avais juste fait le tour. Le monde de la nuit n’était plus un danger, c’était devenu une routine. J’étais désenchantée. L’album Renegade Breakdown est un peu comme ça : une grosse fête, puis une longue descente.
Merde, à regarder votre carrière, on avait pourtant l’impression que tout roulait et en fait, de ce que j’entends, c’est un peu plus compliqué que ça.
Ça c’est le problème des réseaux sociaux ; on regarde la vie des gens et on a l’impression que tout marche pour eux. Mais c’est parce que c’est orchestré de cette manière, que le médium est fait pour renvoyer cette image, rendre le quotidien attrayant. Même les superstars doivent se faire chier parfois, mais on n’en sait rien.
« Ça sert à quoi de faire huit vidéos par album, 30 000 interviews ? »
Bonne transition vers le nom du groupe composé avec Asaël Robitaille et Pierre Guerineau, L’Œil Nu : comment fait-on pour entretenir du mystère en tant que musicien dans une époque d’hyper médiatisation digitale ?
Mon Dieu, c’est fou que tu poses cette question : on se la pose énormément actuellement. Je fais souvent référence à La Société du spectacle de Debord ; c’est un livre pas plaisant à lire, ardu, mais le propos reste contemporain. On a récemment décidé de jouer le jeu jusqu’à la limite de ce qu’on trouve intéressant. Par exemple, avec le Covid-19, on nous demande non seulement de créer du contenu online, ce qui est OK, mais aussi et surtout pour les médias sociaux. Mais devenir des content creators ou Instagram influencers, ça nous intéresse vraiment pas. C’est complètement aliénant, toxique pour la santé mentale.
TikTok, c’est le point Godwin de l’artist next door qui doit impérativement ressembler à ses fans, et vice-versa ?
Absolument. C’est pour les gens plus jeunes, et cela sous-tend que n’importe qui peut devenir une célébrité. Si c’est la vie, OK, je peux pas me battre. Nous, notre boulot, c’est musicien ; donc c’est faire de la musique. Tu verrais le nombre de photos de moi qui circulent sur internet, c’est débile ! Ça sert à quoi de faire huit vidéos par album, 30 000 interviews ? En tant qu’artiste, on devient des produits marketing et l’attention des auditeurs est le produit final.
Si c’est gratuit, c’est toi le produit.
Voilà. Je me rends compte que je suis utilisée comme un appât pour créer plus de produits pour vendre plus de pub pour des corporations que je ne connais même pas. La réalité véritable n’est plus physique, elle est digitale.
L’album de Marie Davidson & L’Œil Nu, Renegade Breakdown, est sorti chez Ninja Tune.
Les dates de la tournée française ci-dessous
22 oct – Metz, Les Trinitaires
27 oct – Paris, La Boule Noire
28 oct – Vendôme, Les Rockomotives
29 oct – Lille, L’Aéronef
10 commentaires
d goops comme elle lui eux a la pelle en province!! elle lui eux se l apétent, c contr^ler et de border il eux elles se sabordent….
les gens qui parlent de bon goût vous savez pas vous renseigner sur la musique,vous vous êtes jamais abonné à aucun magazine,donc vous savez pas ce qui sort. Du coup vous vous rabattez sur de la merde en vous croyant malins. J’ai une vingtaine de sortie interessantes à enregistrer avec audacity chaque semaine,quel temps libre j’aurais à écouter placebo?
ah oui,ces gens là,avant internet,ils écoutaient placebo.
Je ne me moque pas de M. Farmer, je m’en tape.
Ben ouais Cloclo chantait comme une chèvre et M. Farmer chante sur la même tonalité depuis 30 ans. Ça peut être un sujet de moquerie n’en déplaise aux idolâtres.
Le discours de cette dame est dans l’air du temps en pensant que « artiste » est un statut que l’on s’attribut comme une loi naturelle
Sa vidéo nous montre un avatar M. Farmer ni plus ni moins.
J’aime bien le dernier Marie Davidson, mais ce qu’elle a fait de mieux est un de ses premiers EP, de 2015, Un Autre Voyage.
Putain le texte de Balade aux USA
insecuritée a paname ou ailleurs, l e ministre minimise & gonzaï tu kill ta race d’abonn »s qui beaucoup ne reçoivent pas leurs mags ?
Coucou, nos abonnés se réabonnent tous les ans depuis presqu’une décennie, tu crois vraiment qu’on a un problème de fond ?
DEEP PROFONDO
elle/il ressemble a ma epingleanourisse