« Suicide, mode d’emploi » étant déjà pris, le norvégien préféré des amateurs de a-ha revient White Xmas lies, album dépressif et synthétique fusillant l’orgie consommatrice de noël. A écouter sans modération en achetant ta troisième enceinte Bluetooth du Black Friday ?

On peut être membre de A-ha et détester la consommation de masse. Un peu rabat-joie, le Magne ? En tout cas, le genre de type à se dire :

« Vivement noël! Les catalogues de jouets. Les fausses lettres au père noël. Les courses au dernier moment. Les menus qui ne changent pas. Les traditions factices. Les cadeaux merdiques. Les remerciements de façade. Les voyages en train plus chers que l’intégrale de CAN. Le froid. La pluie. Les épines qui piquent. Et tombent, pas assez rapidement. Les conversations d’il y a 365 jours. Ta vie qui défile. Ta mort qui se rapproche. Bientôt noël et on a hâte. Les sapins en plastique. Les chocolats bon marché. La bûche que tu ne croises qu’une fois par an mais c’est déjà trop. Les huîtres accrochées à ton estomac. Et l’introspection à ton cerveau usé, mâché par le quotidien. Devant une tranche de pain de seigle et une rondelle de citron. Tu penses. Introspection sur ce que tu as fait de ta vie. Sur ce que tu n’as pas fait. Et sur ce que tu ne feras jamais. Parce que c’est comme ça. Tu es une merde, et tu le sais. Une toute petite petite merde qui voit bien chaque 25 décembre que le monde n’est que vacuité. Qu’il n’a jamais sonné aussi creux que depuis qu’il se vautre dans son trop plein d’images, de sms, d’instas, de cadeaux high-tech made in China mais fabriqués dans une cave à 200 mètres de chez toi. Noyés dans cette rivière digitale, tes rêves d’enfants sont devenus des bouées percées avec pour seules rustines des papiers cadeaux Fnac ou Amazon. Et noël, un suicide matérialiste. »

Voilà en substance ce qu’a du se dire Magne Furuholmen, membre historique de A-ha, le jour où il avoue avoir vu dans la rue un sapin vaporisé de neige artificielle avec en guise de boules… des montres Rolex. Il n’en fallait pas plus pour donner à notre homme l’envie de remettre ses pendules à l’heure en se remettant à composer -attention concept – un album de noël anti-noël.

Alors, même si tout va mal, n’oublie pas : it’s party time, bro. Soon. Histoire de te faire patienter un peu avant de te fondre dans ce décor de noël si cool, Magne Furuholmen sort donc la bande originale de ta vdm. Soit un album de noël dépressif à souhait. Une surprise merveilleuse que t’attendais peut-être pas, toi qui comme moi ne jure que par Bruce Haack, Dan Treacy ou Jackson C. Frank. Et pourtant… Dans ta chaussette trouée, sous la cheminée, tu trouveras au petit matin du 25 décembre 14 titres synthétiques, pop, mélancoliques écrit par un grand songwriter. Profites-en, car le « Depeche Mode norvégien » se fait rare. Il risque même de sombrer dans l’oubli, si on se base sur le faible nombre d’écoutes sur Spotify ou Deezer de sa carrière solo. Autofinancé, White Xmas lies est son premier LP depuis 10 ans, si on excepte le respectable et trop peu respecté Cast in Steel, paru en 2015 avec ses potes de a-ha, et quelques tentatives plus ou moins expérimentales chez Apparatjik. A-ha? Oui oui, le groupe adoré des femmes nées entre 70 et 75. Au siècle dernier, quoi. Un groupe dont le chanteur portait des bracelets en cuir et faisait fondre toutes les filles du collège dans les années 80. Physique métrosexuel avant l’heure, voix d’ange et cordes vocales de taureau, l’homme agaçait légèrement l’ado boutonneux que tu étais peut-être.

Heureusement, tout comme Mark Hollis ne se résume pas à It’s my life ou Paddy McAloon à The king of rock’n’roll, A-ha ne se cantonnait pas à Morten Harket. On y trouvait aussi le guitariste introverti Pal Waaktaar-Savoy et donc l’extraverti Magne Furuholmen aux claviers. Bien sûr, Magne n’a pas la fameuse voix de Morten. Ni son physique. Mais il possède un autre super-pouvoir, celui de te transporter ailleurs en quelques notes, en quelques mots. There goes another year, This is now America, The ghost of Xmas past, The season to be melancholy, Come back home,…Autant de merveilles noires anti-consommation. La fête est finie mais on a qu’une seule envie : rester avec lui. On va enfin pouvoir fêter noël. Merci Magne. Merci pour ton humour noir (A Punch-up on Boxing Day). Même ta reprise de Hells Bells respire la classe. On se retrouve sous le sapin, guirlande au cou et larmes aux yeux, mais sourire aux lèvres.

Magne Furuholmen // White Xmas lies

 

2 commentaires

  1. faites un e couv’ a llah charlizObdo! çà rapporte ? on en parle, on le pique, on le brûle! par ailleurs je nique votre lundi ssssiberbe!

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