« Vous aurez beau tirer au fusil sur un voleur de sacs à main, il ira toujours plus vite qu’un handicapé ».

C’est en ces termes que s’écoute le troisième album d’une discographie débutée voilà presque 10 ans, et à la surprise générale, par ce Geoff Barrow qu’on croyait rincé par l’aventure Portishead. Entre temps, Beak et ses flèches s’est imposé sur deux albums avec plein de >>>>>, façon de montrer le sens d’un voyage tourné vers l’avant. En 2015 sortait le split EP « Beak > / < KAEB » prouvant que ces Anglais avaient le sens du rythme et de l’humour (voir leur compte Twitter), mais aussi qu’une incursion du rap (ou du « slang » plutôt) aurait pu être une nouvelle direction à suivre. Et puis plus rien.

Jusqu’à aujourd’hui. « >>> », troisième du nom, sort le 21 septembre chez Invada (label de Barrow) et Temporary Residence, et l’impression qui s’en dégage à la première écoute – à la seconde aussi – c’est celle d’un groupe visionnaire jouant le surplace là on aurait espéré une « diversification horizontale » comme on dit dans les milieux boursiers. En 2017, le single Sex Music, notamment dans son remix par Win Butler d’Arcade Fire, laissait espérer une ouverture plus électronique, à défaut, quelque chose qui n’aurait pas repris les choses au même endroit où on les avait laissé.

Las, ce disque sans lettres reste planqué dans un sentier garanti 100% glauque où les voix prédominent désormais, à vous en faire chialer un clown. Et même si des morceaux comme Allé Sauvage laisse exploser la sauvagerie métronomique dans un bel orgasme collectif, les puristes (on parle de nous, puisque tout est question de subjectivité) ne pourront que déplorer un certain manque d’originalité. Voire un sens de la redite quand Beak s’embarque sur le terrain escarpé du prog-rock (King of the castle sonne comme du Yes période « Tales from Topographic Oceans » et ce n’est pas un compliment).

Alors oui, à la manière qu’on a de s’habituer à la perfection, le nouveau Beak vous semblera peut-être un peu décevant. Mais ce sera toujours mieux que 99% des disques pondus par une indie-industrie tournant à vide. Reste que paradoxalement, il faudra peut-être désormais réécouter la discographie des Anglais à l’envers pour trouver de vraies surprises dans ce troisième album qui semble désormais tourner la flèche dans l’autre sens. <<<

Beak // >>> // Invada
https://beak.bandcamp.com/

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