Ne jamais porter de jugement hâtif. Après avoir dépassé mon racisme esthétique sur l’artwork de la jaquette, le premier morceau démarre et là, je suis propulsée illico dans une soirée chez des roots, m’imaginant en pleine conversation avec un circassien affublé d’un écarteur, juste pour qu’il me passe le joint. Ô combien cliché, je sais, mais il faut l’avouer, ce genre de soirée-là existe, on l’a tous subi (ou vécu, ça dépend du point de vue). Il faut croire que je suis vraiment facho dans l’âme. Je continue quand même mon écoute de l’album, qui parvient à me convaincre au bout du troisième titre que je me suis plantée.
Cette musique invite au voyage, (même si mon premier trip n’était pas des plus agréables), un voyage dans nos références diffuses, que le trio de musicien sollicite avec beaucoup d’agilité. Des guitares manouches, un soupçon de Messer Chups, du blues ça et là, un peu d’Italie (du western de Morricone aux Movie Star Junkies), un esprit Têtes Raides par certains aspects, des mélodies de cabaret… Les noms et images se télescopent en ce même objet, créé par trois Montpelliérains qui en sont justement à leur troisième LP. Trois, c’est aussi le nombre de langues chantées par Alex Lee Jacob, leadeur et guitariste du groupe. Anglais, Italien et Français. Étonnamment, les compos écrites dans la langue d’Argento ou de Wilde sonnent bien plus justes que celles chantées dans la langue de Cloclo. Mais attention, avec un trop plein de références, on a une chance sur deux pour que la musique devienne un gloubi-boulga-pas-bon-pas-bon-du-tout. C’est mal connaître la bande des squelettes chantants en question. Tout est parfaitement digéré, intégré, fusionné.
Ah, minute, on me signale dans l’oreillette que j’ai peut-être parlé trop vite. « Castagne » tournait dans mes oreilles pendant la rédaction de ces lignes, puis plus rien. J’allais changer, mais au lieu de ça, j’ai fait un saut dans le passé. Le groupe a glissé une chanson cachée (ce que je n’ai plus entendu depuis le dernier album des Libertines en 2004), et pas n’importe laquelle : une reprise de Barbara, « A mourir pour mourir, je choisis l’âge tendre… » Mon esprit fasciste de la musique se sent titillé, voire provoqué. Putain, je viens de dire qu’ils avaient tout bien digéré, et eux, ils me collent du Barbara massacrée en point final ! Voyons le côté positif, ils ont eu le bon goût de la cacher, ce qui signifie que quelque part, très loin enfouit, ils savent bien que c’est une erreur. Comme des sales gosses, ils la planquent et nieront tout en bloc le moment des explications venu. Passe pour cette fois. Le reste est plutôt bon, donc on leur pardonne.
Le Skeleton Band // La Castagne // Ramblin Bastringue
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Mij Oté