Jimmy Somerville est aussi punk que le groupe The Clash. Dans le grand livre de la pop culture, on a tendance à minimiser les rôles joués par les grands héros new wave. À l’époque, les George Michael, Duran Duran, Culture Club ou Bronski Beat étaient considérés comme des ennemis du bon goût. On leur a préféré des trucs hétéros beauf comme Bruce Springsteen. Pourtant, avec le recul, il semble évident que Jimmy Somerville a eu autant d’influence que Bob Dylan. Quand sort son morceau Smalltown boy en 1984, on est loin d’imaginer l’onde de choc. Dans le top 50 et les discothèques c’est un tube énorme. Mais plus encore, c’est dans les cœurs que le message va passer. Avant lui, personne n’a parlé comme ça, et après lui on ne peut que constater qu’ils ne sont pas légion à avoir repris le flambeau.
Ce Smalltown boy, c’est l’histoire d’un gamin adolescent dans une banlieue morne anglaise, coupable d’aimer les hommes, passé à tabac par les gars du coin, incompris de ses proches et donc obligé de fuir :«Ils t’ont fait mal à en pleurer/ Mais tu ne pleures pas devant eux/Tu gardes tes larmes pour toi. » Run away, run away. Toute sa carrière, Jimmy s’est servi de la pop pour tenter de faire passer des idées. Il a joué en soutien aux mineurs avec Bronski Beat pendant les grèves légendaires de l’ère Thatcher ; le tout dans un écrin techno POP novateur et fédérateur. Et il a également créé le groupe The Communards en hommage aux Communards français. L’image que l’on a de Jimmy Somerville a longtemps été celle d’un « tintin gay » inoffensif, mais de par son agit-prop FM mélangeant culture camp et charisme prolo en doc martens, on peut plutôt le décrire comme une sorte de Joe Strummer new wave. Le temps a passé, et malheureusement, Jimmy n’a pas eu la reconnaissance qu’il mérite. En 2015, quand on tape Jimmy Somerville dans Youtube, on tombe sur ses prestations live chez Patrick Sebastien. À l’occasion de la sortie de son nouvel album « Homage » (… au disco), on s’est précipités pour s’entretenir avec lui.
Hello Jimmy, on doit te confier qu’on redoutait ton accent écossais. Mais en fait, tu as un accent très compréhensible pour nous autres, Français…
Ah!ah ! C’est intéressant comme remarque car c’est vrai qu’il y a une forme de snobisme chez les Ecossais : Certains ne feront jamais l’effort d’être compris, du genre :« hey, t’as du mal à me comprendre, guess what ?, c’est ton problème » (rires). C’est un truc typiquement écossais, tu sais. Ils sont tellement fiers de leurs origines qu’ils appuieront leur accent face à leurs interlocuteurs.
Parlons de ce nouvel album « Homage », ce qui surprend le plus c’est que c’est un disque entièrement acoustique : il ne contient ni son synthétique, ni effets électroniques.
Oui, pour cet album on a pas utilisé de synthétiseurs, ni aucun truc électronique. On a utilisé la technologie pour certains arrangements, après avoir enregistré en studio les différentes pistes live. Il nous a fallu une dizaine de jours. Au début, on avait commencé avec des effets électroniques et puis l’idée s’est imposée de réellement faire un album dans une veine disco. Un hommage à cette musique.
J’adore des morceaux sur l’album comme Bright Thing ou Travesty, qu’on dirait tout droit sortis de 1977. La dernière chanson de l’album Learned To Talk, aussi. Ces titres sonnent comme des classiques, à mi-chemin entre ce qui se faisait dans les 70’s avec Sal Soul records et le Philly’s Sound (un son Disco-Soul représentatif de Philadelphie, NdA). Ce sont des labels ou des sons avec lesquels tu as grandi ?
Oui, avec ce disque, j’ai réalisé qu’à mon âge, 53 ans, j’étais probablement de cette première génération du disco. Le disco a vraiment eu son époque de gloire quand j’étais adolescent. De nos jours les personnes qui écoutent encore la musique avec laquelle ils ont grandi se font rares. Je connais plein de gens de mon âge qui n’écoutent plus la musique de notre enfance, soit celle qui est parue il y a trente ou quarante ans. Ils écoutent de la musique classique en général. Or, l’influence que la disco a pu avoir sur ma personne n’a jamais cessé depuis que j’ai commencé a en écouter à l’âge de quatorze ans. C’est pour moi une histoire musicale qui n’est pas prête de s’interrompre, et c’est pourquoi je voulais vraiment rendre hommage à ce mouvement musical qui a eu tellement d’importance pour moi.
Justement, comment le jeune Jimmy de 14 ans à Glasgow a découvert le disco ?
J’ai connu le disco par la radio et les charts. Il y avait un super programme à la télé, toutes les semaines, très populaire : Top of the Pops, qui passait beaucoup de disco. J’avais aussi une amie qui vivait pas loin de chez moi, qui était complètement dingue de disco. Elle avait juste trois ans de plus que moi, et je me souviens très bien quand j’étais dans sa chambre l’après midi, et elle passait tous ces merveilleux morceaux de disco sur sa platine vinyle. Je m’en souviens comme si c’était hier. Cela a vraiment joué un rôle primordial et fondateur pour moi, j’étais un gamin à l’époque. Je me souviens tout spécialement des artistes européens: Un des premiers albums qu’elle m’a prêté et qui me rendait fou, c’était un disque français, celui de Patrick Juvet sur lequel se trouvait… comment dit-on en français ? ..heu.. « les femmes ? »..
…« Où sont les femmes ? »
Oui, c’est ça! Ce morceau me rendait fou. Il y avait aussi Love in C minor « de Marc Cerrone. Puis, par la suite, j’ai grandi et commencé a fréquenter des petits clubs underground à Glasgow pour danser. C’est à cette époque que tout a basculé pour moi, à cause d’un disque : le premier album des Village People en 1977. Un disque incroyable. Parce qu’est-ce que c’était que ce disque au juste ? C’était une œuvre qui agissait comme un repère, une balise pour tous les gays. J’avais vu une interview de Jacques Morali, le producteur des Village People, où il se justifiait: « Mais non, il n’y a absolument rien de gay dans ce disque, ce sont juste des mecs déguisés en indiens »… allez, sérieusement… en fait ce disque était tellement gay, ah ah ! Dessus il y avait quatre chansons comme San Francisco (you got me), Village people ou Fire island qui faisaient référence à des lieux où la libération gay était en marche. Ce disque était une cartographie des homos américains qui s’affichaient au grand jour. Une carte postale qu’ils nous envoyaient. C’était incroyable de voir ça, à l’époque. En même temps j’aimais le son qui venait de Philadelphie, tout ce que l’on appelle le Philly sound, avec des groupes fabuleux comme Philadelphia All Stars et leur Let’s clean up the ghetto. On avait tout ces groupes complètement radicaux qui commençaient à envahir l’Amérique et qui disait « voilà, la merde dans laquelle on y vit, il faut y mettre un terme ». Et on pouvait danser et célébrer sur ces morceaux. Donc oui, l’esprit du disco était dingue.
Justement en parlant d’esprit du disco. Ce n’était pas juste de la variété à paillettes: derrière les costumes incroyables, il y avait un message très net…
Avant le disco, à l’époque, il y avait le rock’n’roll, le punk, et même avant ça la pop ou le blues. Mais ces musiques passaient dans des clubs ou des pubs, où le mieux que tu pouvais faire c’était d’être assis à boire un verre et écouter la musique qui passait. La révolution fondamentale du disco, pour moi, c’est que cette musique était diffusée dans des caves, des lieux où l’on pouvait danser en buvant un verre. Et danser, pour moi, c’était véritable échappatoire, quelque chose qui a changé ma vie, quelque chose de fondamental. Pour la genèse de l’album « Hommage », j’ai compris ce qu’a été le message du mouvement disco. La disco a eu un rôle politique majeur. Tu sais, aux Etats-Unis, il y a eu ce mouvement anti-disco appelé « Disco sucks!» (« la disco craint !» mouvement qui consistait à bruler des disques disco en public, NDR) vers 1979. Je n’ai pas compris à l’époque. Il faut savoir que ce phénomène n’était pas simplement une charge contre la musique disco en tant que telle, ça allait beaucoup plus loin que ça : c’était la réaction violente de l’Amérique blanche, hétérosexuelle et conservatrice qui communiquait ainsi avec les minorités noires et gays qui avaient enfin trouvé, via le disco, une culture, un écho, une voix, avec laquelle ils pouvaient communiquer et danser. Le fait d’aller danser et parler en club s’accompagnait d’un sentiment mêlé de libération et de célébration. Danser était un acte politique. Si tu écoutes les paroles de nombreux morceaux disco, elle portaient en elles ce souffle de liberté, avec ce mot « freedom » qui revient constamment. C’était une culture qui nous appartenait, et dans laquelle on se reconnaissait. Et ce mouvement « disco sucks » s’opposait aux voix et aux cultures. Ils voulaient nous faire taire. Et cette libération se trouvait là, sur le dancefloor, c’est là que ces enjeux politiques se sont affirmés pour moi. Je me reconnaissais dans cette musique, et dans ce mouvement. Je parle de cela dans cet album, c’est une chose que le public doit savoir à propos du disco.
Est-ce que, à la même époque, les punks n’ont pas joué un rôle décisif aussi ? Ils détestaient le disco après tout.
Je pense que le punk rock était un écran de fumée. Quand on repense à l’essence même du punk rock : Une personne comme Vivienne Westood quand elle a créé les tee-shirts destroy, elle voulait détruire tout ce que la société te vendait ; l’individualisme, vivre ta vie comme un challenge, ne pas dévier de la route, etc. Mais tristement, après ça, les punks se sont contentés de pogoter sur place, boire de la bière et cracher partout. Ils ont perdu de vue la radicalité, l’âme et l’essence de ce mouvement. Mais le disco, lui a aussi, a perdu de son engagement et de sa superbe, quand soudain on a vu débarquer les Bee Gees et le succès colossal de «Saturday Night Fever ». Ce n’est pas seulement devenu commercial, ça a aussi perdu de son impact premier. C’est pareil pour le punk. Regarde comment un membre du groupe The Damned a accouché, des années plus tard, du groupe Captain Sensible..(rires).
Donna Summer est décédée en 2012. Comment as tu pris la chose ? Si je ne me trompe pas c’est quelqu’un qui a beaucoup compté pour toi. Tu as repris son I feel love en duo avec Marc Almond de Soft Cell notamment…
Oui, son décès m’a vraiment attristé. Quand j’étais jeune, mon rêve absolu c’était de voir chanter deux personnes qui ont énormément compté pour moi : la première c’est Nina Simone, l’autre c’est Donna Summer. Tu sais, même aujourd’hui quand je regarde sur Youtube des vidéos de Donna Summer, quand elle était jeune et qu’elle chante ses chansons remarquables, ça reste encore quelque chose d’incroyable pour moi. Il y a un album de Donna Summer qui reste un disque séminal, c’est son album « Once Upon A Time » de 1977 [produit par Giorgio Moroder, NDR]. Donc oui, sa mort m’a beaucoup touché, même si je dois te dire que je n’écoutais pas les disques qu’elle a fait plus tard, dans les années 80. Pour moi, j’ai cette image magique de Donna Summer qui appartient à un moment précis d’une époque. Celle du disco, des paillettes, quand elle se faisait produire par Giorgio Moroder et Pete Bellotte.
Comment tu as apporté l’influence et la chaleur du disco dans la froideur new wave des années 80 ? Ton chant en droite lignée de Sylvester, par exemple.
Tu sais, même à l’époque de Bronski Beat on utilisait des cuivres et des violons dans notre musique, ou alors on imitait les sons via les synthétiseurs et les séquenceurs. Le disco et la dance ont eu une influence, mais à l’époque de Bronski Beat, j’étais jeune, je n’était pas seul à choisir la direction artistique du groupe. C’est pourquoi, avec le recul, je n’ai jamais été complètement satisfait de mes résultats en tant que groupe. Avec cet album, « Homage », je peux dire que c’est la première fois que je peux écouter un de mes disques en entier. C’est une chose qui ne m’était jamais arrivé avant…
Vraiment ? Pourtant un album comme « The Age of Consent » de 1984 est une pièce maitresse.
Oui, mais je n’en suis pas satisfait. Quand j’écoute ces disques, je me dit que j’aurais du faire les choses autrement. Tu sais, à l’époque je n’étais pas un professionnel de la musique, j’étais très jeune, c’est arrivé comme ça. Et j’étais distrait par d’autres choses périphériques. Ce qui fait qu’au final il y avait plein de doutes en moi, je n’arrivais pas à me réaliser pleinement à cette époque. C’est pourquoi j’ai un regard critique, même si les fans adorent ces disques. Avec mon dernier album, je me sens très accompli, et il aura fallu attendre que j’ai 53 ans pour que cela arrive. C’est comme un nouveau commencement pour moi dans lequel je peux croire et finalement accepter ce que je fais.
L’année dernière, on fêtait les 30 ans de la sortie du morceau Smalltown Boy, il semble que cela n’ai pas été célébré à sa juste mesure. Je veux dire, ce morceau a changé un peu la face de la pop et a eu une influence considérable. Ce n’est pas juste un tube, c’était bien plus que cela.
Smalltown Boy a eu un énorme impact. Si l’on prend juste le son, ou la mélodie, ça a influencé beaucoup d’artistes dans le milieu dance ou électronique. Après, j’ai écrit cette chanson il y a tellement longtemps… elle fait désormais partie de l’inconscient collectif. Ce n’est plus ma chanson maintenant, elle appartient aux gens, ils se la sont appropriée. Et c’est très bien comme ça. Ce qui est drôle, c’est que j’ai fait une version acoustique sur internet pour fêter les trente ans de Smalltown boy. Juste moi et un piano dans un studio. Un magazine anglais l’a élu meilleur cover de l’année 2014. C’est très drôle d’avoir un award de la meilleure reprise en 2014 pour une chanson que j’ai écrite en 1984, ah ah !
Tu as toujours fait de la dance music, cette musique a toujours été perçue comme légère et hédoniste. À coté de ça, ta musique est très politisée et militante. Quel est ton attitude à ce propos, sur ton combat contre l’intolérance ?
Depuis tout jeune je n’ai jamais pu comprendre l’intolérance, ou la discrimination : parce qu’une personne est de couleur différente ou a une sexualité différente. Je ne regarde pas si une personne est gay ou lesbienne, je vois juste un homme ou une femme. Ce sont en général des personnes qui veulent dominer les autres qui agissent comme cela. Des personnes qui se permettent de juger les autres, qui les exhortent à se comporter de telle manière. Ils se servent de cela pour rendre ta vie misérable. J’ai toujours parlé de ça dans ma musique, de ce sentiment. Et c’est ce que j’ai tenté de faire avec cet album encore. Je pense qu’on vit une époque vraiment difficile, tant sur le plan économique, que politique ou religieux. C’est une époque très dure. La religion de nos jours est en train de devenir une sorte de terrain où l’on doit choisir son camp : Certains sont contre le christianisme, il existe aussi des chrétiens extrémistes, etc… Et de l’autre coté il y a tout ce système financier complètement instable. Et je pense que, quand on en arrive à une époque comme la notre, les personnes deviennent de plus en plus égocentriques, tournés sur eux-mêmes. On vit aussi une ère où la consommation a atteint des niveaux effrayants. C’est devenu le but ultime. À mon niveau j’essaie juste de traduire ces émotions, ce que cela fait sur moi, par ma sensibilité, mon cœur. Les personnes devraient commencer à avoir de la compassion les uns les autres et arrêter d’être dans une posture d’intolérance. Moi je ne cherche pas la spiritualité avec Dieu, ma spiritualité elle est dans le regard des autres, dans l’humanité.
Vous étiez très impliqué dans des organisations comme Act Up à New York, vous avez donné des concerts en soutien aux mineurs grévistes pendant l’ère Tatcher, vous avez été toujours été combattant et militant. Vous ne pensez pas, que c’est quelque chose qui c’est un peu perdu de nos jours ?
C’est clairement devenu plus difficile, oui. Mais il y a toujours des démonstrations, des manifestations. Hier, j’étais en Angleterre pour les manifestations pour la journée de la femme et il y avait beaucoup de monde. C’est bien qu’il y ai plein de manifestations dans la rue, mais tristement, je m’aperçois que quand les gens descendent dans la rue c’est plus souvent pour les mauvaises raisons. Les sujets tournent souvent autour de l’immigration et du refus de l’Europe. C’est le cas en Angleterre, en France ou en Espagne. J’ai lu quelque part que cela coutait des centaines de millions de Pounds pour entretenir l’arsenal nucléaire en Angleterre. Je veux dire, nous ne sommes même pas une centaine de millions de personnes en Angleterre (rires). Tout cet argent pourrait servir à rendre la vie des gens meilleure. On a cette idée préconçue qu’on a besoin de cet arsenal militaire pour être heureux. It’s really fucked up !
Est-ce que vous continuez à voter?
Oui, bien sur. Je vote à gauche, oui, mais je m’en fous un peu. Je veux dire, je ne vote pas à gauche pour la révolution, mais pour diffuser les idées d’une certaine gauche. Je vote pour les gens qui tentent désespérément de changer leur attitude, mais je suis conservateur dans le sens ou je ne veux pas tout changer, je ne veux pas la révolution. Je vote pour les personnes qui ont des idées. Je ne veux pas voter pour un parti qui compte quarante personnes, mais je veux voter pour les mener à gauche. Il faut être le plus nombreux possible, et c’est pour ça que je continue à voter.
En France nous avons vécu des moments terribles pendant la loi du mariage pour tous. Il y a eu de pics de violence homophobes. Qu’est ce que cela vous a inspiré ?
C’est intéressant parce qu’en Angleterre beaucoup des célébrités gays veulent se marier. En tant que gay, je peux avoir le choix entre le mariage et le civil partnership (sorte d’équivalent du PACS au Royaume-Uni.NdA). Moi, personnellement, le mariage ne m’intéresse pas, car je le vois comme une institution très attachée à des valeurs conservatrices, et aussi à l’Eglise (d’autant plus au Royaume-Uni. NdA) Je crois au civil partnership, pour moi c’est le futur. Je préfère donc soutenir les couples hétéros qui militent pour avoir droit, eux aussi, au civil partnership loin de l’autorité de l’Eglise. Mais d’un autre coté, on est en démocratie, et si les gens ont envie de se marier, ils ont le droit. Ensuite tu soulèves un point intéressant : ces démonstrations de violence montrent à quel point l’homophobie existe encore. Tu as le droit d’être gay aujourd’hui mais jusqu’au moment où on jugera ton comportement dérangeant : tu ne bouges pas, tu ne fais rien qui peut faire des vagues. Et le mariage pour tous a dérangé.
C’est fou parce que le cœur du problème concerne l’Eglise, la famille : tout le monde est terrifié par comment cette loi peut perturber la tradition. Mais la plupart des gays qui se marient partagent ces valeurs, ils sont très traditionalistes. A ces gens-là j’ai envie de leur dire :« fuck off », ils votent à droite parce c’est bon pour eux, qu’ils ont un patrimoine à protéger et ils ne se préoccupent pas forcément des autres. La sexualité pour moi n’est pas le problème, c’est plus une question politique, à mon sens.
En France, Didier Lestrade a dit que le mouvement gay avait perdu de son influence. Pendant les débats du mariage pour tous, des choses affreuses sur l’homosexualité ont été dites et personne n’a trop bougé. Le militantisme gay est-il en train de mourir aussi au Royaume-Uni ?
Tu sais, en Angleterre, il y tellement de gays maintenant qui sont représentés dans les médias (présentateurs de télé, cinéma, musique ou sportifs)… il n’y a plus de problème ni de controverse. Ce que cela montre, c’est qu’il y a des gays partout, ils ont une visibilité. Tout ce que veulent les gays c’est faire partie de la société, de l’establishment,, ce qui est une bonne chose. Il n’y a pas longtemps, un jeune gay s’est marié et il a dit qu’il voulait faire cela pour être aussi heureux que ses grands parents. Ce témoignage a remis en cause certaines des revendications que je pouvais avoir contre le mariage pour tous. Tu vois, dans les pays européens, qui baignent encore dans la culture catholique, la stratégie a été d’autoriser les unions gays, pour faire taire les revendications et surtout ne pas faire entrer le militantisme gay dans une politique plus globale, européenne, et c’est pour cela que le mouvement s’est essoufflé.
Si tu veux bien, on va finir en parlant de cette video Youtube où on te voit avec un chanteur de rue qui reprend Smalltown boy. Cette vidéo a fait un buzz incroyable et affiche près de cinq millions de vues au compteur. Mais ce qui est assez dingue, ce sont les réactions des gens dans les commentaires, qui crient au complot : on raconte que c’était préparé, que ce n’était pas ton chien mais celui du chanteur… Jimmy, peux-tu rétablir la vérité une fois pour toutes : est-ce que c’est un coup des illuminatis ?
Ah ! Ah ! Oui, c’est bien son chien que je tiens en laisse. Tu sais, on m’a dit qu’un mec reprenait mes chansons dans la rue pas loin de chez moi, il savait que j’étais dans le coin. Alors je suis passé le voir, oui. Je pensais que les personnes présentes prenait des photos. Mais je ne savais pas que c’était filmé, et que ça allait finir sur Youtube. Et encore moins que ça allait faire des millions de vues. (rire). En définitive, ce chien a eu plus d’attention que moi ! En tous cas, l’important là dedans c’est que c’est une « feel good » vidéo et c’est vraiment agréable de donner du plaisir et de la bonne humeur au gens.
Jimmy Somerville //Homage // Membran
http://www.jimmysomerville.co.uk
Propos recueillis par Gérard Love & Romain Flon
Photos par Astrid Karoual
5 commentaires
Coquille Thatcher!
Vivement des concerts en France ❤️❤️❤️❤️❤️❤️
Bonjour Nathalie, il est question d’une tournée pour la France en Juillet 2015.
– « musicalement » ^^
chaque post sur fesses brouks lintitulé fait penser a la r;i.p. de l’artiste! encore un album d’IAM pour nov….