Vous avez sans doute plus entendu parler de leur nom que de leur musique. C'est un peu dommage, mais c'est un bon début. À leur décharge, les Jesus Christ Fashion Barbe ont connu un début de carrière aussi tortueux qu’un bipède touché par la force de l'Embuscade. Oui, on parle bien de cette boisson à base de calva capable de terrasser n'importe quel quidam.

a3918810640_10Avoir 15 ans dans un village du Calvados avec comme seul horizon un vestiaire de football demeure une équation assez complexe. Heureusement, un groupe de mecs faisait de la musique à côté de chez moi. Ils ont accueilli de temps en temps le rocker en herbe que j’étais et leur concerts (ils se nommaient alors Dî-Ankh) ont ensuite rythmé mes premières escapades soniques et éthyliques, mais aussi, quelque part, contribué à l’obtention d’un Master (certes très répandu dans l’Ouest) de Musique Amplifiée.

Ça fait vieux briscard mais on peut dire que depuis, de l’eau (et des embuscades) ont coulé sous les ponts. Les Jesus se sont implantés à Caen. Et au moment où ils se trouvaient, la cité normande n’était pas vraiment située sur le Guide du Routard des villes rock. Elle avait sans doute connu ses heures de gloire mais à l’époque, au milieu des 2000’s, elle ressemblait plus à un placard à manches. D’autres groupes se sont ensuite agglomérés et cet ancien bastion viking est un peu devenu ce Portland (ou Liverpool) français. Oui, on parle bien d’une ville gentiment morne mais qui cache derrière ses murs (reconstruits) une créativité assez réjouissante.

Quoi qu’il en soit, les Jesus ont habité plein de peaux avant d’être hirsutes. Un peu à l’image d’une décennie sans nom, ils ont piétiné, se sont transformés, avant de se réinventer. Des tremplins ont été gagnés, des concerts dans les salles à géométrie variable de la West Coast ont été dispensés. Mais jusqu’alors, jamais ce groupe de barbus n’avait enregistré d’albums long format. Celui qui sort aujourd’hui s’intitule ‘Facets’. On n’est pas là pour mettre des étiquettes dessus puisque s’il y a bien un groupe français qui, croyez-moi, s’en tape le coquillard, c’est bien eux. Ceci étant dit, il ne faut pas quatre mesures pour comprendre qu’on n’est pas là face à des musiciens en carton. Et même si l’on sent bien qu’un peu de flotte moderne a été mise dans leur mixture, on reste à des kilomètres du marketing frelaté. Surtout, le travail de production est assez exceptionnel. Les nappes de synthé enrobent les explorations folk rock du navire. La voix du chanteur (sous belle perfusion vocoder) scande de sinueuses mélodies qui ont le don d’asseoir une rythmique souveraine et tourbillonnante. Enfin, fait notable, des chœurs viennent faire papillonner les compositions vers des plateaux où l’on peut mirer ces douces éclaircies qui agitent souvent les paysages normands après la pluie.

Jesus Christ Fashion Barbe // Facets // Platnum

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