Figure clé du mouvement no wave, le petit teigneux vient de sortir le 9 mai dernier un nouvel album, « Incorrigible! ». Il était pour l'occasion attendu pour un concert au Point Éphémère, accompagné de ses ''french'' Contortions. C'est pas exactement comme ça que ça s'est passé.

C’était pourtant bien parti. Aucune surprise concernant l’album, qui sonne comme du James Chance tout craché. Là où d’autres tentent de se réinventer, de s’essayer à des nouveaux genres et se vautrent tête la première – Arto Lindsay et ses albums bossa nova par exemple – James, lui, continue de faire ce qu’il sait faire sans bouger d’un poil. Il est pourtant aussi connu sous le nom de James White, souvent considéré comme la face la plus funk et James Chance la face la plus no wave de la même personne. Une sorte de Gainsbourg/Gainsbarre mais sans les Gitanes. Je chipote un peu.

Son nouveau disque, enregistré fin 2011 entre la Bretagne et New York, jouit de moult participations de choix comme Robert Aaron, le regretté A.J. Mantas, Ivan Julian, ex-guitariste des Voidoids de Richard Hell, Norman Westberg des Swans et Mac Gollehon, collaborateur de David Bowie. Sur le papier, on peut donc affirmer que ça a de la gueule, déjà.
De Dislocation à Pull the Plug, tout roule comme sur des roulettes: guitares déstructurées, basses solides et groovy, batteries saccadées, solos de saxo impeccables, voix malingre mais puissante. La vieille recette d’Oncle Chance n’a pas de date de péremption, preuve d’une musique certifiée qualité supérieure. La chanson Do the Splurge, véritable épopée musicale, se démarque de l’album par son rythme répétitif entêtant et ses giclées d’orgues enivrantes. L’album contient également une reprise, Home Is Where The Hatred Is, hommage à Gil Scott-Heron, grand musicien jazz/funk américain et engagé des années 60/70, décédé en mai 2011, Voilà pour les propos élogieux. Passons au plat froid.

No way

On ne peut plus enthousiaste à l’idée de revoir James Chance sur scène, un an après son impétueux concert au 104, je me pointe au Point Éphémère, le cœur en joie et le foie en sueur. Sur scène, un groupe de filles au look burtonien joue un rock très Dead Weather. « Ah, c’est Jack White qui les a produites ? » Tu m’étonnes, John. Je reste quand même jusqu’à la dernière note des Black Belles car la bassiste, avec son attitude de gothique craintive, presque gênée d’être là, est incroyablement bandante.
Au retour de ma pause clope, Je retrouve un James Chance… seul. Je frotte mes yeux, mais toujours le même constat ; pas de Contortions à l’horizon. L’ingé’ son se contente de passer la bande complète de l’album, titre après titre. James nous livre ses quelques fameux pas de danse, sans grande conviction. Pire encore, il chante le pif sur ses paroles et n’assure même pas les parties de saxo, seulement quelques notes crachées au hasard. Mon cœur en joie devient un cœur en proie à la prostration et au dégoût. Je ne sais pas quelles peuvent être les raisons de ce playback sordide – problème d’argent ? – mais elles sont forcément mauvaises. Rester jusqu’à la fin du concert et applaudir n’aurait pas été rendre service au jazzeux le plus rock’n’roll de l’histoire de la no wave. Conclusion: quand t’as pas la chance James, passe ton tour.

James Chance // Incorrigible // LADTK (sorti le 9 mai)
http://www.ladtk.com/

 Pour revoir notre interview de James Chance réalisée en 2010, c’est juste en dessous.


JAMES CHANCE ::: Sax Machine par Gonzai_mag

1 commentaire

  1. je suis venu au concert pour le voir avec un sentiment de joie mais c’est de la peine que j’ai ressenti!!! je suis d’accord avec vous, passe ton tour….quant aux black belles à part « bandantes », quelle piètre spectacle!!!

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