Deux cents écoute, naviguant à vue sur Myspace, SoundCloud et tout ce que l’Internet comporte de bornes d’écoute pour jeunes groupes en demande de succès. Après l’audition de huit cents personnes - à vue de nez - et musiciens amateurs que rien n’arrête - et surtout pas leur propre cacophonie, je me pose une seule question : que fait la police ?

Comment en est-on arrivé la ? À d’aussi horribles extrêmes, ayant fait de l’amateurisme une lie terrible pour l’oreille. Et aucun style n’est épargné. Chanteuses de R&B nasillardes, groupes garage mous, afro-beat de bal… Cette situation affolante, nous la devons à qui ? À la démocratie ??? Comprenez : nous lancions le refuge des danseurs délaissé (inauguration du Gonzaï Club jeudi dernier) dans un mois de janvier cauchemardesque, à deux doigts du suicide professionnel ; cela fout un véritable coup au moral. Quand nous cherchions la perle, le petit frisson… La tête dans la merde de porc, oui ! La respiration bloquée par de nauséabondes suites d’accords interdites au marteau et la cochlée. D’un coup d’un seul, le besoin de s’inscrire dans un club de tir apparaît comme une évidence.

Dans la quête du groupe absolu, on pose la question à droite, à gauche, à des gens a minima concernés par la question. Et là, surprise : personne ne répond à l’appel. Surtout pas les jeunes. À croire que les moins de 18 ans revivent les années 90 dans des entrepôts désaffectés, bourrés de MDMA devant du boum boum même pas sexy. Les groupes sont aux abonnés absents. Ce qui est si petit, si facile, la simple petite étincelle à porter à bout de bras dans le fantasme égocentrique de faire un groupe de musique… n’y comptez plus. Même pas en rêve. Les bons groupes sont restés une chose rare. Le fantasme d’Internet a explosé dans le paroxysme de son illusion « je peux tout faire seul ». La simple naissance d’une plateforme comme Ulule.com le prouve. Pour sortir un album, on fait appel aux donateurs. Les labels, eux, sont autre part : ils retournent dans le sillon d’un business pop, remontant des formations de jeunes musiciens passés professionnels, mettant en avant des chanteuses aux mélodies « sucrée ». Une jeune beauté dans la lumière d’une couverture de magazine, de jeunes requins cachés dans l’ombre de leurs instruments. La recette est vieille comme la naissance de la mass culture.

Une seule question : où sont les jeunes ? 

C’est d’eux qu’est censée venir la fraîcheur, non ? Les « underage » se cachent, petits fantômes en goguette. Qu’écoutent-ils ? Que font-ils ? Certainement les mêmes erreurs que nous : s’inscrire dans des concours rock, aller dans des boîtes chères, vouloir devenir mannequins ou acteurs et se faire baiser par des vampires quasi-centenaires sans scrupules… À un âge où l’argent n’est même pas une question (Dieu les en garde), ils devraient être partout. La génération de 1995 n’a pas encore pointé le bout de son nez. Pas de médias, pas de culture apparente, pas d’idéologie brandie ; seulement des micro-événements asphyxiés dans une surconsommation de réseaux sociaux et de communication stérile. Le lycéen, grande gigue chevelue aux épaules basses, ne fait trembler personne. Surtout pas les plus vieux, qui ont pourtant tendance à s’accrocher de toutes leurs forces à leur petit pré carré. Non, on les croise au mieux le nez dans leur portable, ou absorbés dans la dégustation d’un Jagermeister-Red Bull. Bref, rien de tellement plus malin que tous les débiles nés avant eux. Ces étudiants roublards en chèche, culs vissés aux tabourets de bars des quartiers « nocturnes », déblatérant banalité sur banalité à leurs congénères lobotomisés par la bière. Pour l’énergie vitale et l’envie de changer le monde, il faudra repasser.

Alors nous, dans tout cela ? On se retourne vers le cercle privé, l’amour des anciens et le soutien de quelques « justes » triés sur le volet. À croire que le clan est la seule réponse possible dans la recherche d’un absolu. La réponse serait-elle toujours devant nos yeux ? Le reste n’est que fantasme. Oui, il faut rester ouvert, attentif à l’extérieur. Mais le meilleur moyen d’être bien servi reste de faire les choses par soi-même. Non ?

Les paris sont ouverts.

1 commentaire

  1. Ouais le problème c’est que les jeunes ne font plus de rock parce qu’ils ont bien conscience que tout a été épuisé contrairement aux idéalistes, plus âgés accoudés au comptoir attendant encore une révolution qui ne viendra plus. Les jeunes ne font plus que de la dream pop progressive pour designers morts, il faut le savoir.

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