Fort de ses deux albums depuis le début de sa carrière en 2018, Gyasi remet au goût du jour le glam rock, genre culte qui a pourtant mal survécu au passage du temps, injustement représenté par des groupes à l’élégance douteuse (jetez un coup d’œil du côté de Steel Panther et vous comprendrez le problème). Souvent comparé à Marc Bolan (à juste titre), Gyasi redonne ainsi quelques lettres de noblesse à tout un chapitre du rock 70’s, qu’il incarne évidemment jusqu’au bout de ses ongles vernis.

Quoiqu’un tantinet anachronique, Gyasi a vécu une enfance de véritable rockeur. Élevé dans la ferme familiale au cœur de la Virginie-Occidentale (la fameuse « West Virginia » que chante John Denver, pour vous donner une idée), un havre de paix où ses bohémiens de parents travaillent encore la terre à l’ancienne, aidés de leur fidèle mule, Gyasi découvre la batterie à quatre ans. Deux ans plus tard, il reçoit en cadeau sa première guitare d’occasion dont il se consacre assidument à l’apprentissage. Histoire classique.
Avec un appétit insatiable pour l’héritage culturel de ses parents et de ses voisins, des intellectuels russes de Saint-Pétersbourg, le jeune adolescent se passionne pour les classiques folk et rock des années 60 à 80, qui représentent pour lui un idéal encore totalement d’actualité. Il danse sur les centaines de disques qui meublent les étagères de la ferme, s’habille de vêtements de femme et se crée des alter egos de rockstars. Un écrin fragile souvent rattrapé par la brutalité d’un monde rural dont il se sent profondément étranger, à tel point qu’à l’école, Gyasi se fait souvent casser la gueule par les caïds des environs. Une histoire hélas aussi classique.

Après s’être produit sur quelques scènes locales durant son adolescence, l’artiste en devenir finit par prendre le large, motivé à vivre ses rêves de satin aux quatre coins du pays. Après quelques projets garage rock entre la Californie et Boston, Gyasi revient à la ferme où il installe son premier home-studio. Quelques années plus tard, il pose ses bagages à Nashville et c’est à ce moment que la mayonnaise commence à prendre. Ses deux premiers albums, « Androgyne » (2019) et « Pronounced Jah-See » (2022), marquent son engagement corps et âme dans l’univers glam rock : un son très anglais, quoique largement influencé par le boogie et le rock américain, de vrais bons solos de guitare (Gyasi s’en donne à cœur joie sur Tongue Tied), une maturité remarquable et un all-in absolu sur tout le cahier des charges rock 70s. Gyasi a signé son dernier EP « Baby Blue » au printemps, proposant pour l’occasion un nouveau single et un panel de captations live à la férocité déconcertante. On ressent indubitablement l’influence de Robert Plant (notamment sur Bring Your Love) et celle de David Bowie période Ziggy Stardust, mais c’est surtout la ressemblance avec Marc Bolan qui est perturbante tant elle colore son catalogue. Et si elle est de très bon augure pour la suite du parcours, on peut seulement espérer pour Gyasi une trajectoire moins tragique que celle du Cosmic Dancer.

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