Le dernier essai datait de 2013, et dire de « Black Tar Prophecies Vols 4, 5 & 6 » qu’il avait laissé l’impression d’un train fantôme traversant le pays de l’Oncle Sam avec des mimes Marceau pyromanes à son bord est encore en dessous du vrai. Quoi de neuf en quatre ans ? Un changement de locataire à la Maison Blanche, et des projets divers et variés pour chacun des membres du groupe (Om, Holy Sons, Watter, Lilacs & Champagne) qui tous, d’une manière ou d’une autre, ont retardé la sortie de ce « Chalice Hymnal ».
Là encore, écrire de ce nouvel album qu’il est un objet non identifié et notamment génial pour cette raison est un euphémisme qui peine à retranscrire le plaisir qu’on peut avoir à l’écouter. On ne sait pas si Emil Amos et ses copains ont trop regardé The Walking Dead, mais il se dégage de leur softcore métallique une impression diffuse d’Amérique désolée et dépeinte en onze morceaux instrumentaux à la fois mélodiques, planants et [rajoutez l’adjectif de votre choix].
Finalement pas si éloignés que ça des zinzins de Matmos à qui ils font penser pour leur capacité à rendre tout nouvel album impitchable, les intégristes de Grails ont pour eux de savoir avancer comme une vieille locomotive métallique ; et avec plusieurs wagons reliés les uns aux autres par un truc indéfinissable qu’on appellera la force du ferme-ta-gueule. De David Axelrod sur After the funeral (sympa le titre d’ouverture) à Earth sur New Prague en passant par le groove Tchik-tchak du hip hop sur Tough Guy, une harmonie des dissidences qui lentement infuse sans jamais choisir sa direction. On sort de là, paumé, tel un malade touché par Alzheimer qu’on aurait forcé à jouer à Colin-maillard. Et du coup, on ne sait plus trop vraiment comment finir cet article.
Grails // Chalice Hymnal // Temporary Residence Ltd
https://grails.bandcamp.com/album/chalice-hymnal