Qu'il s'agisse des gothiques portés SM ou des amoureux du disque, le vinyle est une matière qu'on caresse toujours avec envie. Ultime portrait de notre série consacrée à ce format qui refuse de crever : Victor Kiswell. Véritable explorateur en matière de musique, il parcourt les terres les plus arides pour dénicher la perle rare. Cet Indiana Jones du disque gère son commerce depuis son canapé. Et pour cause, sa mystérieuse boutique est installée chez lui, à Cadet. Kiswell, ouvre-toi.

On associe l’image du disquaire aux vieux poncifs du genre. Pour résumer, le fantasme d’un quadragénaire aux cheveux grisonnants, qui tenterait tant bien que mal de refourguer sa camelote à des kids pas plus éclairés que ne l’est Philippe Manœuvre sur la musique du XXe siècle. Cette histoire n’est pas celle de Victor Kiswell, trentenaire dans la force de l’âge ayant décidé il y a quinze ans qu’il serait chasseur de vinyles. Et rien d’autre.

Avant d’atterrir dans ce spacieux appartement où le client peut aujourd’hui découvrir ébahi des pièces rares de Jean-Claude Vannier, David Axelrod et autres orfèvres italiens des sixties, le Parisien a débuté en bas de l’échelle. Comme pas mal de gosses à la fin des années 80, Victor commence par écouter du rap. Un jour, son beau-père lui conseille de se tourner vers la soul. C’est un déclic. Il prend conscience du lien étroit entre hip hop et soul : ben oui, les Blacks, pardi. Dès l’âge de douze ans, il commence à acheter des vinyles soul, de la Motown principalement, le Detroit des années 60 (Diana Ross, Marvin Gaye, Stevie Wonder, etc.). À l’inverse d’un James Chance ou d’un Michael Jackson dépigmenté, lui aurait aimé être black. On est à l’époque de Rap Line, des grosses baskets et des vestes Starter. La mode en 1990, c’est donc sortir avec des Blacks. « Moi j’étais pas foutu comme eux, pas grand comme eux, donc forcément les filles de ma classe, je les intéressais pas trop. » Ça a, quelque part, orienté son choix. Vince — ça lui donne un côté black, ce blase — considère même qu’il écoute davantage de musique noire que les Noirs. Entre deux consultations à domicile pour satisfaire les mélomanes en manque de pépites, et afin de pouvoir subvenir à ses besoins et à ceux de son mioche, Victor Kiswell vend des samples et des breaks à des producteurs de hip hop US. Ouais, c’est pas Dr Dre qui va s’emmerder à flâner chez les disquaires à la recherche d’un son potentiellement samplable, hein. Quelqu’un doit donc lui mâcher le travail. Également DJ à ses heures perdues, sa véritable fierté ce sont ses précieux vinyles qu’il vend chez lui, à l’abri des regards indiscrets. Musique de Bollywood, librairie, B.O. de films, mais aussi psyché, prog, arabic oriental, afro, early electro, sitar bangers, pop jerk, breaks loops, etc. Un menu on ne peut plus exhaustif, qui condense à peu près tous les genres disponibles sur iTunes.

Contrairement à Alexandre de Croque Macadam et Larry d’Exodisc, Kiswell n’est pas trop branché musique actuelle, ce n’est pas vraiment un dénicheur de nouveaux groupes. Ce casanier sort très peu, et considère la musique d’aujourd’hui moins prolifique que la période 1965-1985, deux décennies pour lui substantielles comme le fut la fin du XVIIIe siècle pour la musique classique. Tous les grands y sont, Mozart, Beethoven etc. Et t’en fais quoi de Satie, hein ?  « Satie c’est pas pareil, c’est même plus de la musique classique, autant Mozart est black pour moi, autant Satie c’est un avant-gardiste. » Tout ça pour dire que ce qui le fait vraiment bander, Vic’, c’est creuser, creuser et creuser encore, jusqu’à découvrir des trésors.

L’archéo(disco)logue

L’aventurier n’est pas un fétichiste pur et dur, la possession de vinyles n’est pas une fin en soi. Ce qui intéresse Kiswell, c’est l’aventure pavée d’embuches, d’histoires et de rencontres, qu’il vit avant de choper un disque. Puis transmettre, faire découvrir aux autres. Féru de library music, il approuve le fait que c’est un genre bien sous-estimé. Longtemps jetés aux oubliettes, ces disques valent pourtant aujourd’hui très cher, vendus chez Victor aux alentours de 100 € en moyenne : « ce sont des disques hors commerce, avec des supers musiciens, des B.O. etc. Dans les années 90, les boîtes de prod’ ont mis leurs disques sur le trottoir, des DJ avisés et ouverts ont chopé ça et se sont dit ‘woow’. Parce qu’il y a des rythmes fous et des supers breaks. » Après avoir mis une claque à tout le monde, ça fait maintenant le bonheur des collectionneurs. À l’origine, la musique de librairie servait à illustrer des pubs et des jingles. Faire penser au consommateur à quelque chose de connu. Des connards incultes ont ensuite appelé ça « musique d’ascenseur » ou « easy listening ». « On leur disait de jouer à la manière de parce qu’ils savaient tout faire. Mais en studio, ces gars partaient dans des sessions incroyables. Quand je mixe à des soirées, des mecs me disent ‘toi t’es le type qui passe du lounge’ tout ça parce que je ne joue pas de la techno. »

Autre point commun, une passion pour les musiques de films français des années 60-70. Une faste période pour notre France forte, tant sur le plan cinématographique que musical, tout deux parfois étroitement liés. « Chez moi, on ne regardait pas de films populaires français des années 70. Pas de Sautet ni de Lelouche ou de Yves Montand. Les Lèvres Rouges, par exemple, j’ai d’abord découvert la musique, signée François de Roubaix, avant le film. Ou Un Homme est Mort de Jacques Deray avec la musique de Michel Legrand. » À l’époque — sans Internet, je le rappelle — fallait se lever tôt pour voir un film ou écouter une musique, y avait pas mille choix. Je me mets alors à lui parler d’un film quasi inconnu, Le Mariage Collectif, un film érotique franco-danois de 1969, aujourd’hui introuvable, avec une B.O. de Jean-Pierre Mirouze qui est tout simplement inouïe. Par le plus beau des hasards, il se trouve qu’il bosse en ce moment sur un projet de réédition de cet album en 33 tours, chaperonné par Born Bad Records. « Le film est bidon, paraît-il, mais la session de musique est ouf. C’est un ami qui l’a trouvé en l’achetant à un mec qui l’avait repêché dans une décharge publique. » Merde alors.

Si les disques que Victor vend sont chers, c’est parce qu’il attache beaucoup d’importance à la dimension mythologique du support. Tout ce qui entoure la chose, l’univers de l’artiste, la pochette, la rareté et l’histoire. Si c’est un truc libanais ayant survécu à la guerre, aux bombardements, pressé en Grèce parce qu’il  n’y avait pas de presse au Liban, puis ramené par la Diaspora, forcément ce sera mieux coté en Bourse. Tous ces facteurs constituent l’âme du disque, et donc son prix. Ce qui différencie Victor Kiswell des disquaires « classiques », c’est que ce qu’il vend ne se trouve pas en boutique. « En plus ils sont quasiment tous égocentriques, amers et alcooliques », ajoute-t-il. Bim.

Bon, parfois il lui arrive de se planter. Mais c’est aussi ça, la beauté du support vinyle, cette part de risque, d’excitation. Faire confiance à son intuition. Une aventure bien différente de celle du streaming sur Deezer. « Prends un disque russe, si tu vois écrit au dos ‘percussions latines ou africaines’, tu prends direct. » Comme un Italien avec un sitar ou un Danois avec une flûte de pan, faut que ce soit abasourdissant.

Mon enregistreur s’éteint. Deux heures se sont écoulées sans que je ne m’en aperçoive. En off, il me raconte une anecdote : celle d’un mec qui, avec une fourchette, s’est offert une maison. Tout cela par le système du troc — chose qu’il pratique fréquemment —, d’abord un couvert puis une assiette, puis une table, et ainsi de suite jusqu’à la maison. Ceux qui sont pour une métaphore en guise de message d’espoir, tapez 1. Et pour les autres, ne reste plus qu’à retourner le vinyle. Fin de la chanson.

http://www.victorkiswell.com/site_new/
Consultation sur demande, du lundi au samedi

Crédit photo d’ouverture : Nicolas Guerbe

18 commentaires

  1. Bonjour,

    marre de la dictature du, et de la propagande pour le, « retour du vinyle », cette marotte de petit-bourgeois ultra-matérialiste et conservateur !

    Vive la musique, au chiotte la déco d’appartement !

  2. Bonjour Yanko,
    Il se trouve que certaines personnes aiment les disques vinyles. Ce n’est pas ton cas, tu es libre de penser ce que tu veux, personne ne cherche à te convertir. Personnellement, dans la presse web, je trouve beaucoup d’articles sur des sujets qui ne m’intéressent pas (le foot, les collections de sacs plastiques, les voitures, le vie amoureuse de Pippa Middleton, etc.) Nous sommes libres de ne pas lire les articles qui ne nous intéressent pas, et, à plus forte raison, de ne pas les commenter.

  3. J’en remets une couche : portrait passionnant, et celui qui veut lire autre chose, qu’il aille jeter une oreille ou un oeil ailleurs. Le net est sans fin, il en faut donc pour tous : esthètes, amateurs, curieux, etc…Et des articles aussi intéressants sur le monde du vinyle, en français, je n’en ai pas lu des palettes. Continuez, les Gonzaï, on veut du personnage, des figures, de la gueule, et de l’ouverture d’esprit..

  4. A Sylvia,

    mais j’aime plutôt le vinyle, et l’article m’intéresse ! C’est bien pour ça que je réagi.
    Je pense que ce sujet « sociétal » (omniprésent ces temps-ci dans toute la presse musicale, et pas seulement) est la nouvelle tarte à la crème de l’industrie du disque, et personne ne dit rien, tout le monde s’engouffre dans ce nouveau joujou « vintage », comme si l’objet en lui-même était crucial, voire carrément un signe d’originalité et de dissidence.
    Sinon j’espère par ailleurs être libre AUSSI de commenter, en plus de ne pas commenter !

    A Robert,

    je ne fais qu’exprimer un avis (un ras-le-bol ?), c’est tout, je ne remet pas en cause les bonnes intentions, ni la qualité du travail du journaliste.
    Mon sujet n’était pas l’article, mais plutôt le sujet abordé dans l’article.

  5. Yanko,

    votre grille de lecture est mauvaise, désolé de vous le dire.
    Il s’agit bien davantage de portraits d’hommes passionnés que d’une énième tarte à la crème brassant les tableurs Excel et autres analyses sur le CD qui décline. Etant un client régulier de Kiswell, je peux vous garantir qu’on ne sort pas de chez lui dans le même état que, au hasard, de la FNAC Saint Lazare.

  6. A BSTR

    je n’ai pas de « grille » de lecture, juste un point de vue !
    Pour dire le fond de ma pensée : je trouve dommage qu’une revue comme Gonzaï (faite par des gens de ma génération), qui se veut pertinente, à part, subjective (c’est dans votre profession de foi), ne fasse que reproduire à son échelle (sans doute inconsciemment, je ne conteste pas votre sincérité) les stéréotypes et les figures de la presse musicale « dominante » la plus conformiste (ai-je besoin de donner des noms ?) : apologie du « passionné » (surtout s’il est vendeur ou journaliste), éloge de l’accumulation et de la culture (même s’il s’agit de « sous-culture »), mise en avant du « marginal » (généralement, s’il est artiste et français, il chante en anglais, pas dans sa langue maternelle, car c’est plus compliqué, ce n’est pas assez « pop », pas très efficace, pas libéral…).
    Enfin bref, comme le sous-entend Sylvia, je n’ai peut-être rien à faire là ! Je suis un peu déçu des options politiques de Gonzaï (à quand un article de fond sur la musique turque par exemple ?), mais c’est peut-être un sur-investissement de ma part, qui vous lis depuis longtemps !
    Il est vrai que pour moi, l’ensemble compte plus que le détail !

  7. @Yanko
    tu devrais lire toute la série quand même
    et peut être tu comprendrais ce qui animent les gens qui font / défendent le vinyle
    pour moi c’est pas une question de mode, si ce n’est de mode de vie: prendre son temps, apprécier les choses, savoir les désirer avant de les avoir…
    prends moi pour un petit bourgeois, ultra-matérialiste et conservateur si tu veux! mais je ne pense pas l’être… enfin lit les deux autres portraits avant de raconter ce genre de connerie
    la plupart des gens que je connais qui achètent des vinyles sont justes des vrais passionnés de musique qui aime avoir la musique sur un vrai support et soutenir les groupes

  8. effectivement le sujet « vinyle » en soit revient régulièrement dans la presse classique une ou deux fois par an, maintenant je pense que le traitement qu’en a fait gonzaï est bien plus intéressant que la façon dont les médias le traitent en général, c’est à dire très superficiellement, généralement en montrant un petit jeune qui va chez son disquaire chercher sa réédition des Doors à 20 boules et va tenir un discours de mec de 50 piges
    la réalité est heureusement plus variée et je crois que cette série en apporte l’illustration.
    La plupart des gens que je connais qui achète du vinyle le fait par conviction et amour profond de la musique, c’est presque un acte militant, et moi je trouve que ce geste a une certaine noblesse.
    S’agit-il d’une attitude passéiste ou conservatrice? j’en sais rien, je ne pense pas, je pense que c’est surtout une sorte de bon sens, et avoir envie de défendre certaines valeurs en rapport avec la musique…
    mais bon, je suis un mordu, et donc forcément subjectif sur la question
    (bon désolé pour les deux lettres au dessus, j’ai rippé sur mon clavier!)

  9. A Alex

    J’ai lu toute la série justement. Et ce qui peux motiver un amateur de vinyles, il me semble le comprendre (je possède moi-même une discothèque plutôt conséquente, et apprécie peu l’idée d’absence d’un support physique).
    Je ne pense pas du tout que ce soit un simple phénomène de mode (ce qui à la limite ne me poserait pas autant question), mais au contraire un mouvement (relativement) massif, au sein de la « communauté » des amateurs de musique.
    J’ai, pour ma part, du mal à trouver de la noblesse ou de la grandeur dans ce qui revient pour moi à de la pure possession autistique d’objets industriels.
    Je peux trouver ça vaguement sympathique, mais j’aimerais comprendre ce qu’il y a de transcendant là-dedans !
    Cette apologie du support, de la taille et de la « beauté » des pochettes (que je considèrent pour ce qu’elles sont : des images publicitaires), cette fascination pour le « son » en lui-même, sa soit-disant chaleur (à démontrer à mon avis), les crépitements style feu de cheminée…, me semblent être des préoccupations de pure surface, et complètement extra-musicales en plus.
    Pour déborder un peu, trois web-papiers sur ce sujet, ça fait beaucoup pour moi ! Il y a des tas d’artistes géniaux dont Gonzaï ne parle jamais, des tas de sujets passionnants à aborder et je crois qu’au fond c’est ce manque de curiosité qui m’énerve, plus que ces histoires de microsillons en fait !

  10. La transcendance, ces tchercher un objet rare. Et donc le vinyle. Et si vous préférez le cd, c’est votre problème’. On n’a pas écrit qu’il fallait brûler tous les possesseurs de compact Disc.
    Concernant votre déception vis à vis de ce dossier, merci de vous rapprocher du service abonnement pour effectuer un remboursement. Ah mince, j’oubliais: vous n’avez pas payé pour la lecture de ces papiers.

    Sur le manque de curiosité, tout ça… Je ne sais pas quoi répondre. Ah si: merci de me donner la liste des « artistes géniaux » dont on ne parle jamais. Je suis très curieux de savoir ce qui vous excite…

  11. A Bstr,

    je préfère pas le cd, je m’en fous ! Je dis juste que je pense que ces histoires de supports sont des préoccupations technicistes qui me semblent mineures.
    On pourrait gloser longtemps sur la notion de « transcendance » et je pense que nous ne nous raccorderions pas du tout. La définition que vous donnez n’est pas la mienne : trouver un sujet rare (et surtout le dépasser) me semble bien plus important !
    Quand à l’argument monétaire, je ne comprends pas bien pourquoi vous l’évoquez. Je ne demande rien, juste la possibilité de discuter, c’est tout. Je trouve dommage de faire l’économie (puisqu’on est dans l’argent) d’un débat !
    Sinon une liste pourquoi pas ?
    En vrac, et pour rester dans le champ musical 2011-2012 :
    Pierre Faa, Ibrahim Maalouf, Elisa Point & Leonard Lasry, Emmanuelle Parrenin, Sezen Aksu, Anthony Braxton, Los Van Van, Amira, Christian Mc Bride, Ensemble Initium, Poncho Sanchez, The Original 7ven, Max Raabe, Dick Annegarn, Mario Canonge, Mamadou Diabate, Oneira, Ahmad Jamal, Dion, Marcel Loeffler, Meshell Ndegeocello, Haidouti Orkestar, Sébastien Giniaux, Randy Newman, Debademba, Hortensia du Samba, Marcel Kanche…
    Et j’en oublie beaucoup !

  12. Okay, la liste des artistes que vous citez est super intéressantes, mais vous comprendrez bien que ce n’est pas à proprement parler notre ligne éditoriale… Ce serait un peu comme faire un procès à Rock & Folk parce qu’ils ne parlent pas de rap, ou bien encore à Rue 89 parce qu’ils ne parlent pas de musique.

  13. Mais vous savez, je pourrais leur formuler les mêmes reproches !
    A vrai dire, il est possible que je ne sois pas très sensible au principe de ligne éditoriale.

  14. @Yanko
    « Je ne pense pas du tout que ce soit un simple phénomène de mode (ce qui à la limite ne me poserait pas autant question), mais au contraire un mouvement (relativement) massif, au sein de la « communauté » des amateurs de musique. »
    N’étant pas un phénomène de mode il est intéressant de s’interroger sur le pourquoi du comment de plus en plus d’amateurs pensent que l’avenir du disque sur support physique passe par le vinyle, pour ma part j’ai tendance à penser que c’est parce qu’il s’agit du support le plus opposé au mp3 (pratique: mp3 > cd > vinyle / objet: vinyle > cd > mp3)

    « dans ce qui revient pour moi à de la pure possession autistique d’objets industriels. »
    bien sûr qu’il y a de la « collectionnite » mais en quoi est-ce un mal d’avoir envie de collectionner quelque chose d’autant plus que c’est aussi quelque chose que l’on peut écouter et aimer?
    moi personnellement je suis un peu collectionneur sur les bords (mais pas du tout orienté dans les goûts de Victor Kiswell puisque je suis plus garage, powerpop, indie-pop…) et je trouve ça cool parce que ma passion nourrit ma collection et inversement, mon caractère de fou du disque m’aide à découvrir énormément de musique, bien sûr j’aurais pu la découvrir autrement mais cette méthode est plutôt cool et agréable, alors je suis pas sûr d’avoir envie d’en changer 🙂
    concernant le caractère industriel c’est à moitié valable comme reproche: beaucoup de petits pressages actuels font intervenir l’humain: pour coller les pochettes, les plier, les photocopier, les sérigraphier etc.
    Quand on fait un disque à 500 copies (et encore d’avantage à 100-200-300 copies qui sont des pressages loin d’être des exceptions dans le paysage actuel) il est difficile de faire des objets industriels à un coût raisonnable, du coup pour faire des économies on photocopie la pochette et la coupe au massicot soit-même, c’est pas de l’artisanal pure bien sûr mais pas non plus de l’industriel …

    « Je peux trouver ça vaguement sympathique, mais j’aimerais comprendre ce qu’il y a de transcendant là-dedans ! »
    ce qui est transcendant dans le fait d’acheter ou écouter un vinyle?
    prendre son temps et « déguster », ne pas engloutir à toute vitesse le truc et le digérer aussi vite

    « Cette apologie du support, de la taille et de la « beauté » des pochettes (que je considèrent pour ce qu’elles sont : des images publicitaires), cette fascination pour le « son » en lui-même, sa soit-disant chaleur (à démontrer à mon avis), les crépitements style feu de cheminée…, me semblent être des préoccupations de pure surface, et complètement extra-musicales en plus. »

    l’argument du son me convainc aussi à moitié, bien qu’il y ai un son particulier au support (pas forcément supérieur d’ailleurs), c’est moins précis mais plus vivant, le disque vinyle « réagit » physiquement à la musique contrairement à un cd ou un mp3 en gros, des paramètres comme la chaleur peuvent influer sur le rendu (si si une platine peut être « grippée » par le froid par exemple) et moi je trouve que ça donne de l’air et un son spécifique, mais pas meilleur (car il est finalement moins proche de la reproduction « pure » du son)
    les pochettes ont un aspect commercial mais font parti d’un disque, un album a été conçu depuis presque son origine comme un tout avec deux faces et un visuel, pourquoi vouloir renier ce format? bien sûr que d’autres formats peuvent exister mais celui de l’album fait largement sens pour apprécier des disques de pop music
    de toute façon je trouve justement que les aspects « extra-musicaux » font parti du plaisir et sont des éléments de l’expérience que l’on ressent quand on écoute un vinyle
    le simple fait de compulser une pile de 33 tours et se laisser guider par une pochette pour sa prochaine écoute a quelque chose de particulièrement agréable

  15. A Alex

    je trouve vos arguments hyper-convaincants, je sais qu’ils sont justes.
    Tout ce qui peut tirer vers le haut la vie quotidienne (une mélasse insondable et intéressante selon moi) est bon à prendre il me semble !
    Quand je dis « petit-bourgeois »…etc., bien sûr je dénonce mes propres tendances, je me mets en colère contre moi-même, aussi et d’abord !
    Non, ce qui me fait chier, c’est ce que je perçois comme l’installation progressive d’une énième-nouvelle micro-doxa (parmi des tonnes d’autres), d’un prosélytisme (sur un sujet de niche en plus) de la part de la presse.
    Moi ce qui me plairais, c’est de lire la description critique et/ou raisonnée d’un évènement, d’un phénomène. Un vrai rapport de distance quoi !
    Ou alors, à 363°, une subjectivité intégrale, pourquoi pas, véritablement passionnelle et (attention gros mot !) politique.
    Ma question est celle-ci en fait : pourquoi ma génération est-elle si molle ? Pourquoi la philosophie Philippo-Vincento-Delermiste est-elle appliquée par ceux-là même qui la fustige ?
    Mais j’ai peut-être le tort de n’aimer que les grands sujets, les plans larges et les Dieux Grecs !

  16. yanko je crois que vous faites fausse route… il ne s’agit pas ici de « collectionnite ». ces disques sont mon instrument de travail. je ne fais que l’améliorer jour après jour, comme vous quand vous êtes passé du stylo à l’ordi (du tamtam au portable ?). d’autre part, dans la liste que vous citez, anthony braaxton, emmanuelle parrenin et los van van sont des artistes des années 70, et il se trouve que j’ai ces disques ici. la « transcendance » c’est dans mon salon. va donc pour la doxa, va pour le prosélytisme. un prosélytisme d’émotions et de plaisirs alors.

    enfin, à propos de la récurrence des articles dans la presse, je ne vois pas où est le problème… ces articles pour la plupart regorgent d’informations, de références, et comme vous devez le savoir, la connaissance est la première étape sur la piste d’un disque. auriez vous connu l’oeuvre d’emmanuelle parrenin pour ne citer qu’elle, si un passionné un peu fou et désintéressé n’avait exhumé son disque (vinyle, of course, puisque tout part de là). pour que des gens comme vous, les consommateurs modernes, puissent s’en repaître, voire même y trouver un moyen de distinction (au sens où bourdieu l’entendait).

    hormis gloser en parlant de « subjectivité intégrale à 363° », je ne vois pas où vous voulez en venir… peut-être passer de commentateur à rédacteur ?

  17. Victor kiswell alias Ali baba et les 40 voleurs,un hyper narcissique qui se sert de la musique uniquement à des fins d’ascension sociale et aussî pour pêcho des ragazzas.Il faut être au service de la musique et non pas se servir de la musique à des fins personnels.

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