Etrange comme Ellah A. Thaun

« Quand tu es étrange, les visages se devinent dans la pluie, quand tu es étrange, personne ne se souvient de ton nom« . Ainsi parlait Big Jim avec ses Portes, en français dans le texte. Et si les paroles de People Are Strange évoquent à merveille le destin du groupe Ellah A. Thaun, musicalement, c’est une autre paire de gants. Influencés par un angle mort du rock allant de 1991 (date du premier album des Smashing Pumpkins) à 2004 (date de sortie du film Dig sur le Brian Jonestown Massacre), les freaks rouennais à coté desquels n’importe quel guitariste en perfecto semble aussi blanc que du papier toilette n’y vont pas avec le dos de la seringue niveau low-fi.

Des disques ? Il y en a assez sur leur bandcamp pour retapisser la chambre de n’importe quel adolescent cherchant un sens à sa vie au fond des pochettes d’album. Du malaise ? Il est livré par bombardier. De la transgression ? C’est marqué sur le visage de chacun des membres. Quant à la réflexion sur le rock en général et sur l’avenir du groupe en particulier, il y a cette interview à regarder attentivement comme une preuve que le genre musical existe encore en 2023, au fond du vide laissé par l’internet premier degré.

En attendant la sortie d’un nouvel album (« Animal ? Anyone ») prévu pour le 24 novembre, et en attendant simultanément la fin du monde et la suite de « Arcane Majeur Deux », déjà programmée pour septembre 2024,

Ellah A. Thaun évite de l’être, atone, et poursuit sa traversée du désert en semant du larsen comme d’autres des bombes sur un monde en ruines. Esprit de Throbbing Gristle, es-tu là ?