Mais bon, vous comprenez, cet album va mettre tout le monde d’accord. Vous comprenez ? Oui, vous comprenez que ce que je viens d’insinuer est que Dominique A va gagner une Victoire de la Musique, catégorie… « Révélation masculine ».
Deux points : d’abord, à 40 ans, on peut toujours être surpris par une révélation. Révélation personnelle, j’entends. La lumière au bout du tunnel, une vision et puis tout s’éclaire. Après, si Dominique veut passer pour un illuminé, c’est son problème. Secondo, le scoop c’est que Dominique assume sa masculinité. Bon, il ne va pas jusqu’à chanter les pieds écartés façon Lavilliers, mais au moins il ne siffle plus dans sa manche. Il ne fait plus dans le rouge coron mais dans le rouge criard. La peau qui brûle légèrement sous le soleil printanier, un peu de poussière, et un éblouissement parce qu’on a oublié les Ray-Ban dans le coffre du van.
En 4e, Mme Fouilloux nous avait péniblement appris ce qu’était la photosynthèse. Elle avait mis dans une boîte en carton une bouture sous un rai de lumière naturelle. « Les plantes synthétisent la matière organique en exploitant la lumière du soleil », qu’elle avait dit. C’est exactement ce que vient de réaliser Domi. « Vers les lueurs » synthétise son précédant album « La matière » grâce à l’exploitation de la lumière.
Dominique A, A pour « Apaisé » oui OK, mais surtout A pour « Aurore (boréale) ». Ça respire la vie, le vent, le vivant. L’air, le « R », R pour « Rasséréné ». C’est « frais », chlorophyllé, oxygène mon amour. T’as tout d’un coup envie d’aller à l’AMAP du coin partager Quelques lumières autour d’un bon verre de jus de blé, sans te soucier de la putain de chiasse qui s’étalera du lendemain au sur-surlendemain.
— Tu t’en serviras pour le compost !
Sacré Dominique ! Toujours la blagounette de sortie depuis quelques temps. Cet homme a changé (bon, il est toujours chauve comme un genou, ça c’est pas rétroactif, même avec Pétrole Hahn). Il est peace, ouais, il semble en paix avec lui-même. Quand il chante, ses poumons se gonflent et… Bref, il est prêt. 20 piges qu’il fait le siège de la programmation dans la matinale de France Inter et le pied de grue dans toutes les salles de 150 places de France et de Navarre (en plus, j’ai toujours trouvé que « Dominique A », ça fait vendeur de paninis), un moment faut savoir sortir de sa chrysalide.
Ce disque solaire le lui permettra. Pourquoi ? Parce qu’en plus d’être vert d’eau, il est bleu d’eau. A vrai dire, j’ai écouté l’album d’une traite, puis à la deuxième écoute, j’ai perdu le fil à la moitié de la troisième chanson, et eu comme un ravissement aux arrangements très Areski du milieu de l’album. Il y a alors comme un pic dans le tracklisting : quatre chansons (Loin du soleil, Quelques lumières, Vers le bleu, Ce geste absent) qui sont comme autant d’étoiles irradiant le ciel, créant un feu d’artifice incendiaire.
— Oh, la belle rouge !
« Oh, la belle bleue », plutôt. Le meilleur refrain depuis Tant de nuits de Bashung : « Mais comment vais-je faire pour te faire passer le goût du feu/Mais comment vais-je faire pour te ramener vers le bleu ? » Une belle histoire, aussi. Sans ce mot « aviné » (mais avec « gracile », hum-hum…) qui mettait une distance entre le répertoire de D.A. et moi, il y a peu. Pourquoi ? J’ai aucune raison valable dans mon chapeau. Juste que « aviné », c’est comme « décoction » chez Bashung, ça passe pas. Cherchez pas, c’est un problème que je dois régler personnellement. Et sur ce, je vais le régler maintenant.
Dominique A // « Vers les lueurs » // (Cinq7)
http://www.dominiquea.com/