Dieu merci, il reste encore certaines âmes bas de plafond pour ne pas s’encombrer à accoucher des disques JFK avec des restes de bout de cerveau. C’est le cas de Pontiak : trois frères au look consanguin, un nouvel album lourd comme un routier américain et l’impression d’enfin tenir la bande originale du néolithique et des premiers humains sacrifiés sur un bout de silex.

Il n’a jamais été écrit que le rock psychédélique (et ce qu’il en reste) devait être intellectualisé, et encore moins faire l’objet de colloques entre érudits puceaux aux genoux tremblant devant des saints galettes VG+. Dans ce monde cerné par les experts Discogs, les frères Carney – rien que leur nom évoque des triplés à maman jouant aux fléchettes sur le chat dans une baraque pouilleuse – passent dans le meilleur des cas pour des outsiders, au pire pour des crétins terminés à la pisse. C’est évidemment la première option qui est la bonne, et leur « Dialectic of Ignorance » devrait plaire à tous ceux qui refusent de se prendre la tête sur des articles de la taille d’un livre de David Foster Wallace – si vous êtes dans ce cas, vous pouvez quitter cet article autoroute à la prochaine sortie.

Résumons l’affaire : « Dialectic of Ignorance » est un putain de disque pour métallurgistes. Treize ans après ce qui ressemble à leurs débuts, les frères Dalton du psyché livrent une grosse pièce de boucher à la fois rudimentaire, sec comme un coup de trique et où chaque morceau oscille entre métal, stoner et hard psyché bien gras mais limé jusqu’à l’os. Ce qu’on tente d’écrire péniblement, c’est que ce disque ridicule à peu près tout ce qu’on a pu entendre en 2017 au rayon lourderies électriques ; et que les seuls points de comparaison sont encore Earth, Mars Red Sky et peut-être Endless Boogie pour l’aspect groove mécanique qui siffle comme un gros piston de truck.

Pontiak2

Ça pue le blues rock à tous les étages (pas celui de George Lang et autres dinosaures ventripotents) et ça devrait bien faire l’affaire pour vos prochaines course poursuite avec les flics. C’est évidemment mille fois conseillé à ceux que Black Angels endort plus que la tisane et les parties de batterie – et c’est assez peu fréquent de le dire – semblent tapées par des monstres des cavernes tellement fort qu’elles pourraient même ramener un fan de Tortoise à la vie. On fera l’impasse sur les étrangetés du disque, et notamment le fait qu’on pourrait presque imaginer un Eels possédé chanter sur We’ve fucked this up, pour conclure sur le fait que Pontiak a fait sienne la maxime de Platon : oui, la seule chose que les frères Carney savent, c’est qu’ils ne savent rien, et leur dialectique de l’ignorance a la gueule d’un gros caillou jubilatoire.

Pontiak // Dialectic of Ignorance // Thrill Jockey
http://www.thrilljockey.com/products/dialectic-of-ignorance

2 commentaires

  1. a vous lire de temps en temps, on vous croit lester dans les 70’s, y’a pas un bon klub faubourg-du-temple?

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