« Parce que la seule différence entre un suicide et un martyr, vraiment, c'est la couverture presse » Chuck Palahniuk in Survivant.
Le 16 novembre sortira
« Parce que la seule différence entre un suicide et un martyr, vraiment, c’est la couverture presse » Chuck Palahniuk in Survivant.
Le 16 novembre sortira Yes is more, premier album studio de Danton Eeprom, français exilé à Londres. Après avoir conquis tout ce que le monde compte de clubs, le voilà qui passe à la vitesse supérieure. Le reste du papier est beaucoup moins clair. Let’s dance !
A quoi bon tartiner ? Le gonzo ultime, je vous le donne en mille : copier-coller tous mes mails de correspondance avec Danton Eeprom. J’imagine d’ici la scène: je balancerais deux trois trucs, il m’en voudrait, j’aurais des remords, c’est sûr, on rigolerait. Au lieu de ça, j’ai décroché mon téléphone . On s’est bien marré aussi, remarque. J’avais des tonnes de question, vingt quatre pour être précis. J’en ai bazardé quelques-unes au dérushage. Là dessus, le réd chef s’y est mis, en m’envoyant des mails rigolos, Danton, qui était à New York, aussi. Je m’en sortais pas. J’ai reçu des photos de lui sur un cheval. J’avais la fièvre. Yes is more, le titre de son disque, tournait en boucle dans ma cervelle, je savais plus par quel bout commencer. La fièvre, quand elle pulse dans ta nuque, tu n’as plus toute ta tête, faut bien le reconnaître. C’était la nuit.
Le phoner (terme élégant pour dire que tu n’as pas parlé de vive voix avec ton correspondant, l’anglicisme donnant un côté so professionnel à de l’entretien longue distance) débuta comme ça:
La question à ne plus poser, promo au kilomètre oblige ?
« Pourquoi Danton Eeprom ? »
Celle que tu aurais aimé qu’on te pose et qu’on ne t’a pas posé ?
Est ce que tu baises ?.
(Faut pas croire, Danton, il a de l’humour. Il se reprend
).
Sinon, quelque chose qui aurait eu avoir avec l’optimisme, dont on m’a pas trop parlé en interviews. C’est plutôt « disque noir » qui revient alors qu’il y a un message positif dans mon disque. Sinon, parler du reste du monde plutôt que d’aborder des questions pointues sur la musique, je préfère. J’aime bien amener le débat ailleurs ».
(Ca oui merci, j’avais remarqué. Depuis cinq ans, tous les clubbers connaissent Danton Eeprom. Laurent Garnier parle de lui dans ses interviews. Andy Weatherall joue ses tracks dans les festivals. Les capitales du monde entier ont-elle pris des ecstasys et du champagne en l’écoutant?)
La question Julien Doré : plutôt la couv de Technikart ou celle de Télé 7 jours ?
Télé 7 jours, s’te plait.
(Ma nuque siffle. Mes enceintes jouent «Tight». Ce truc est un hymne au cul où je ne m’y connais pas. Nota Bene: Danton Eeprom est allé fouiller où personne ne s’était aventuré depuis un moment. Qu’entre une émeute et une révolution, ça se joue parfois à un seul BPM.)
Tu joues ta tête avec ce disque ?
Oui ! Elle est bonne cette question !
(Nous voilà déblatérant des âneries marquées du sceau du professionnalisme : lui l’artiste en promo mais pas trop, moi tenant le micro dans l’espoir d’une réponse plus originale que celles recueillies par tout le reste de la presse. Spécialisée, ça va de soi).
Bon, oui et non. Oui, parce que c’est quand même mon premier album. Etre disponible dans un réseau d’initiés, c’est bien mais je trouvais ça un peu dommage. J’aime bien l’idée que n’importe qui peut accéder au disque. Non, parce que j’y crois, à ce disque, alors il ne peut pas me faire de mal. Je n’ai pas essayé d’être quelqu’un d’autre, je n’ai rien à me reprocher. S’il fait discuter, au moins c’est qu’il ne suscite (là c’est moi qui ai mis « suscite », impossible relire mes notes, putain de stylo, putain de fièvre) pas l’indifférence.
(Il faudrait plutôt parler de Chuck Palahniuk, qu’il est impératif de relire si on veut bien comprendre de quoi il retourne, avec Danton Eeprom. « Mais le Danton n’est pourtant pas un plumitif » me souffle la fièvre dans mon cou. C’est vrai lui réponds-je, mais que veux-tu, c’est comme ça.)
N’empêche, tout le monde t’attendait sur le dancefloor, ils vont être surpris…
Encore une fois, je voulais mixer les deux : le côté musique ET le dancefloor. J’aime faire danser les gens, c’est un moteur, c’est une drogue. Mais y glisser de la musique plus écrite, c’est cool.
T’y penses depuis quand à cet album ?
Depuis que je suis né… C’est la réponse Julien Doré. Sérieusement, ça fait un moment. Je voulais prendre mon temps, je me suis posé pas mal de questions sur la musique électronique et ses formats. Si ça avait été pour faire du boom boom sur 12 titres, c’était pas la peine. Je voulais faire un truc entre les deux, qui puisse t’accompagner tout le temps. L’électro, c’est une musique qui a été créée dans un but précis : faire danser, c’est une arme à danser. C’est de la musique de commande. J’ai pris cet album comme un moyen de montrer enfin ma musique. Tout ce qui rythme ma vie »
Si je te dis électro rock, tu en viens aux mains ?
On va dehors…Ca me fait penser à un tee shirt.
(Danton Eeprom est-il un Dj miroir qui vous fera boire le calice jusqu’à la lie?)
Ton avis sur le rock ?
Il se déplace, discrètement, de style à style, sans qu’on le voit. Le rock a pu être dans les groupes à guitare, aujourd’hui, c’est assez bourgeois, style « maman, tu me prêtes la BM pour aller à la répét ». Pour moi, certains groupes de rock sont un peu des poseurs, c’est pour faire joli. Le rock s’est déplacé dans les clubs, là où la loi est floue. C’est dans les clubs qu’il y a un problème, c’est là où il est, le rock. Je l’ai toujours cru.
Des héros qui t’ont déçu…
J’ai pas vraiment de héros. Mais un mec comme Bowie au contraire, il ne m’a pas déçu, on a jamais pu le figer dans le marbre. J’aime bien les gens comme ça. Les gens sont décevants en général, si on s’arrête aux cas particuliers, on s’en sort plus…
(J’adore cette dernière phrase. Il faudrait la mettre dans un gros encadré. La souligner en rouge. Y consacrer 2500 signes digressifs. Rien que pour le plaisir.)
J’écoute Lost in Music. Ca c’est tube pop, où je ne m’y connais pas. J’écoute Feminine man et ses « may be or may be not ». Je ne savais pas que Chloé savait chanter.
Phoner en roue libre : La révolution, d’après toi, c’est encore possible ?
Non. Question suivante ?
Le meilleur côté du monde de la nuit ?
Les boissons gratuites. Bon, sinon, n’importe qui y ayant goûté le sait, mais c’est difficile de mettre des mots dessus. Cette espèce de zone de non-droit mais avec en même temps une certaine chevalerie.
Le pire côté ?
Les boissons gratuites ! Si ça part en couilles, après, y a plus grand monde pour t’aider.
Bon, et sinon, Yes is more than what ?
Than you can handle… Sinon, ça veut dire, en ces temps de diète: autant profiter de tout, plutôt que de se réclamer martyr de la société : on peut fleurir tout ça !
Imagine, l’électricité fout le camp, tu fais quoi ?
Je baise toute la journée !
(D’habitude, quand je pose cette question aux musiciens, ils me disent qu’ils se mettent à l’acoustique. Ca donne quoi, baiser en acoustique ?)
Gonzaï, t’en penses quoi ?
Au départ, je pensais que c’était un ramassis de journalistes frustrés bloguant à tout va dans l’espoir d’avoir un écho. Et puis en fait, je trouve que ça a du chien, bon, quelque part, vu le créneau, t’as intérêt. Je pense que c’est un peu casse gueule mais que vous vous en tirez bien.
Il est sympa, ce Danton.
Le duo rêvé ?
Attends, laisse moi rêver… Avec Beyoncé, tiens… Ouais ! A fond.
Le duo cauchemardesque ?
Un truc avec ces Enfoirés de mes c….
C’est quoi le meilleur compliment qu’on t’ait fait ?
Enculé ! (il s’adresse à moi hein, c’est pas le plus beau compliment qu’on lui ait fait). Il se reprend : oh tu sais, on m’en fait tellement…
A lire avec BEAUCOUP d’autodérision. Ca va de soi.
Le pire ?
Avec l’accent : « Ce soir, tu nous as régalé ! »
Le mot de la fin ?
Magne toi de dérusher tout ça et mets le en ligne.
(Putain, il parle comme mon réd’ chef)
Le papier gonzo ultime ? Me contenter de faire un immense copier-coller de mes mails. A un moment, dans le corps du texte, il y aurait marqué : « Pourquoi s’emmerder à faire des interviews ? Rien qu’avec mes mails je pourrais écrire un roman ». Dans la barre d’adresse, il y aurait marqué Danton Eeprom. J’attends toujours sa réponse.
il est pas allé à l’école ce gars là. ou je m’y connais pas.
mais je peux vous affirmer que bachelorette était assise au premier rang, et l’est toujours
22 commentaires
Ah oui ça y est : tu l’as choppé chez Bachelorette. La pauvre, elle qui voulait devenir notre SR…
Question subsidiaire : Danton, vous croyez qu’il touche sa bille en orthographe / grammaire ?
il est pas allé à l’école ce gars là. ou je m’y connais pas.
mais je peux vous affirmer que bachelorette était assise au premier rang, et l’est toujours
Danton est tres a cheval sur l’Orthographe croyez moi j’ai eu droit a des corrections…