Entre humour amer et acuité sidérante, entre pop synthétique, chanson française et électro sous Temesta, Claude signe avec In Extremis un premier album fort réussi. Quelque part entre l’hurluberlu Jacques et l’espoir Johnny Jane, la zizique du moustachu Claude colle parfaitement aux états d’âme contemporains. On est tous dans la merde mais c’est pas ça qui va empêcher ce « cool kid de l’attention » de danser. Nous non plus.
Claude, Claude… Mais qui est Claude ? 25 ans, francilien. Voilà, that’s all. Derrière ce prénom d’emprunt qui rappellera aux plus anciens les mots Barracuda et baignoire et aux plus vicieux le doux sobriquet d’une mère maquerelle, se cache un artiste complexe, au parcours aussi discret que prometteur. Un mec multi-tâches, pour être plus clair. Claude a fait ses armes loin des projecteurs, dans l’ombre des studios, préférant l’introspection à l’agitation des scènes exposées qu’il devrait pourtant prochainement fouler. Quatre ans qu’il a commencé à « faire de la musique ». Une paille. Il a longtemps écrit pour lui-même, déterminé mais silencieux comme Rocky Balboa, avant de finir par oser se lancer en solo. In Extremis est le fruit de cette maturation. Un premier album qui sonne comme un exutoire, comme un cri longtemps contenu. Pas besoin de gratter le vernis pop et la croûte synthétique de sa musique bien longtemps pour comprendre qu’on a affaire à un grand disque. Le seul risque. Une écoute trop rapide qui te conduirait inévitablement à faire contresens.
Avant moi, le dégel en EP
Avant la sortie de « In Extremis », Claude avait déjà commencé à se faire remarquer avec des singles et des EP bourrés de Pépito. Soient des pépites musicales pleines de chocolat à l’intérieur. Après quelques singles prudemment balancés sur les plateformes de streaming, son premier EP Bientôt la nuit (2023) contenait des bombes addictives (son titre éponyme, le sublime morceau d’amour Aide-moi un peu, le désenchanté Les accords de Lenny). Des morceaux que j’ai écoutés en boucle, hypnotisé. Suivront Soustraction/Addition, La pression (un morceau qui parlera à tous les fans du burn-out), Ode à Mark. Tous ces titres ont permis à Claude de se constituer avant « In Extremis » une fanbase certes encore limitée mais fidèle et curieuse de la suite. La suite ? C’est maintenant.
Un gars lambda qui finira Omega ?
On ne va pas jouer au jeu des influences, ça fatigue tout le monde. En même temps, en lisant ça, vous vous doutez bien qu’on va le faire. Plus j’écris des chroniques, plus je me trouve prévisible. Il va être temps d’arrêter. C’est ça aussi, l’effet Claude, ça te rend aussi lucide et courageux qu’un Griezmann en fin de carrière. Les influences, donc ? Diverses. En façade, une pop française synthétique s’écoutant aisément, un physique lambda, un minimalisme facile. En creux, Il y a pourtant du Suicide là-dedans, du Christophe, du Sébastien Tellier, du Dodi El Sherbini, du Bashung si j’abuse, du Jacques. Voilà un type qui navigue entre chanson sous anxiolytique, pop onirique et chanson Doliprane. Brouilleur de styles, falsificateur de frontières. Certains morceaux rappellent le minimalisme et l’élégance d’un James Blake. Finalement, on se demande si Claude a écouté Sigur Rós, Daft Punk ou Manset dans ses nuits d’insomnie. Textes sombres, mélodies lumineuses de minimalisme, le contraste est parfois un art. Pas envie de te faire le coup du regard neuf, des émotions complexes évoquées avec une simplicité apparente, du personnel mêlé d’universel. Pas envie. Insiste, et tu aimeras.
« In Extremis », gros coup de coeur qui n’a rien à faire sur Gonzaï ?
Claude // In Extremis // Microqlima
1 commentaire
C’est pas ma canette de café, restons francais, un ou deux morceau qui ont auto détruit fisherspooner ou d’autres. Sans préjugé, Paris IM, du pognon, vegan, début du piano vers 6 ans car maman le souhaite, des études, mais pas bon, ni beau, mais ce dernier est subjectif