Crédit : Philippe Lebruman

Dix ans après avoir fait trembler le sous-sol de la chanson française avec un tube dont on ne s’est pas encore remis (L’éternel retour), le Français redescend sur Terre comme un Jésus bousillé du larynx avec un second album annoncé pour l’automne. Premier extrait à découvrir ci-dessous, et c’est toujours le remède ultime contre les refrains monogamiques.

Dans la série Perdu de vue, l’ombre de Dodi El Sherbini traine depuis des plombes sur le podium. Découvert en 2014 avec un premier titre traumatisant, à des années-lumières de la facilité benjaminbiolaysque, le chanteur sans âge enchainait avec 3 EPs en 2015 puis un premier album Fiction un peu passé à travers quatre ans plus tard. Le Fantômas de la post-pop avait-il simplement raté le bus ? Plus assez d’essence pour griffonner des textes cinquième degré ? Ou tout simplement un problème d’entourage et, comme on dit dans les labels peu inspirés, de positionnement ? Allez savoir. Presque deux quinquennats de Macron plus loin, le Dandy Dodi un peu maudit revient un peu vieilli dans ce luxe qui s’effondre et voilà qu’un deuxième album semble avoir poussé sur les cendres de l’ancienne décennie. Ca s’appelle Ave Cesar, ça sortira à l’automne et histoire de se faire les dents sur ce bout de ciel bleu déchiré, un premier single nommé Je rêve je rêve et qui ne passera pas à la radio vient de sortir.

Après nous avoir parlé de convalescence et de Leonardo Dicaprio jeune quand il était beau, Dodi s’attaquera cette fois aux problèmes du monde, du « Covid-19 aux gilets jaunes en passant par #metoo » dixit le communiqué. Vaste programme qui, dans la bouche de Sherbini, prend l’allure d’une tragédie grecque interprétée sur un synthé emprunté à David Lynch. Accompagné par le jeune groupe Rallye, le plus-que-chanteur est capable de sortir des punchlines du genre « Je rêve de piscines hors-sol / Je rêve de suicides hors-normes« ; le tout avec une désinvolture moins parisienne que carrément suicidaire, la tête fonçant vers le mur du son.

Bref : que tous les amateurs de Jacques Pradel et Christophe se rassurent, Dodi El Sherbini a encore de l’imagination sous la pédale, et toujours sans tomber dans le piège de l’overstatement. Et si ce come-back imprévu vous semble encore trop maniéré, reste toujours Julien Doré.

Dodi El Sherbini // Ave César // Sortie le 8 novembre chez Kidderminster

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