Un player de cinquante-cinq minutes entre les dents. Un volume au départ maximal mais qui, au fur et à mesure, vient s'éteindre, terrassé par la violence de l'éclat. Une merde

Un player de cinquante-cinq minutes entre les dents. Un volume au départ maximal mais qui, au fur et à mesure, vient s’éteindre, terrassé par la violence de l’éclat. Une merde qui tombe du quatrième étage. Explosion de saveurs entre disco ringard, BO de séries allemandes, coupe mulet, photo jaunissante et ambianceur d’ascenseur. L’horreur. Je me dois de réagir.

La question est généralement vite tranchée. Mais lorsque cette putain de conscience professionnelle revient à la charge, il est difficile de jeter pour mieux récupérer. L’album qui trainasse au coin du bureau, un peu poussiéreux et déshérité par la majorité. La belle daube qu’il faudra impérativement chroniquer au risque d’être à notre tour, oublié. Le pire dans l’histoire, c’est que cet album personne ne veut l’écouter. Un physique ingrat, un pseudo fluo, une réputation chienne font de Chromeo l’exemple type du « groupe inécoutable », celui qui s’attache et qui ne sera libéré que chié sur du papier. Que fait-on d’une future chronique pas la moins du monde désirée ? Quelques astuces pour réussir à camoufler son dégout profond et feinter l’ennui mortel d’une page blanche qui n’en finit pas de gueuler son désarroi solitaire..

Il est délicat d’argumenter sur un album non écouté. L’angle doit être superficiel, humoristique et blindé de second degré.

Etre drôle est l’une de mes qualités principales. On me surnomme le petit fanfaron des Carpates ou le boutentrain de la Saint Glinglin. J’ai cette capacité mytho-maniaque de créer l’intérêt, un certain suspens bien amené pour un groupe qui m’est totalement égal. Ouais, on peut dire que je suis assez doué pour ça. Alors pour cette daube de Chromeo, je balance un extrait de la bio livrée par le label et m’en amuse pour conclure qu’à l’évidence les patrons sont tous des cons. Puis je continue dans cette voie, fais preuve d’imagination et surtout ne parle jamais musique. Tiens, critiquer violement l’aspect superficiel de la bête, entre goûts vestimentaires et pseudonymes terre à terre. Très aisé, giga marrant et souvent estimé. Pour éviter la critique facile, il faut dorénavant que j’intègre la bouse préalablement étalée dans une sorte de mouvance pseudo-sociétale et expliquer que ce phénomène contemporain n’est autre que la conséquence passée d’une génération double zéro perdue entre passé non respecté et futur désabusé. Ca balance du lourd, ça claque dans les dents, c’est percutant. Un angle d’attaque réfractaire, sans réflexion et stéréotype des anti-fluos.
Mais bon, je ne suis pas là pour théoriser des débiles en casquettes hein mais bien bâcler un papier qui fait chier. Maintenant, conclure. Une tâche ma foi bien compliquée. Il est de bon ton de finir sur une note humoristico-sarcarstique et laisser présager un avenir maussade fait de plaintes et de gémissements ininterrompus. Tu vois, le truc ultra lourd pour bien peser mon papier. Et énerver. J’adore énerver. C’est mon truc à moi. Là aussi, j’en suis génie dans ce royaume.

Voilà le bouzin que ça peut donner :

« So there you have it: Chromeo, the band reborn…the sex, the beats, the dream, the suits, the gloves, the laughs, the tears, the past and the future. All rolled up into one big blunt, smoked up through Pee’s talkbox tube and exhaled into your brain. Enjoy. » Il me font marrer ces labels, à défendre leur soupe froide à deux balles. Le sexe ? Une putain de syphilis italienne, suintante et perverse. Le rêve ? Oui, celui d’un porno rafistolé à la sauce 80, le cliché du plombier et la MILF de maison en courbette. Le futur ? Il faut oser. Pomper toutes les recettes (NDR : soupe ,sauce, recette, je suis fasciné par le culinaire) du passé, les trafiquoter pour le nier et déverser ce flot de conneries, si cela est notre futur, la mort et vite. Chromeo, je ne veux pas t’apprécier, ni te rencontrer et encore moins t’écouter. Je suis critique, superficiel et malsain. Et lorsque je découvre, les yeux qui saignent, l’enchevêtrement maladif d’un mauvais-goût aussi intensif, je vomis, face contre terre, mon désespoir infini. Des surnoms d’un ridicule assassin (P-Thugg et Dave 1), un gros lard à casquette et sweat Nike délavé, une pochette quadricoloro-fluo-pédo, une liste sans limite et qui, par respect du pathétique, s’arrête ici.  Que retenir d’un coup de vent déjà oubliée, abandonnée entre dj de pacotilles et dance-floor crasseux ? Que Chromeo n’est autre que mon déo, puant, aggressif, nocif.

Chromeo // DJ Kicks // K7!

http://www.myspace.com/chromeo

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