Souvent relégués en trois lignes au fin fond de top 10 d’artistes à suivre mais que personne n’écoutera, ils luttent pour se faire une place dans le cœur d’auditeurs qui croient avoir déjà tout entendu. Eux, ce sont les jeunes musiciens qui aimeraient bien foutre un coup de pied au cul à tous les ancêtres que tu as usé sur son compte Spotify même pas premium. Aujourd’hui Abraham Fogg, un duo basé entre Nantes et Los Angeles, et qui joue sur le décalage horreur.
Il ne suffit pas marier contre leur gré un violon et une boite à rythmes et d’embaucher un VJ projetant un clip de buildings qui s’effondrent sur un drap blanc mal lavé pour dire qu’on fait de la « musique contemporaine ». Sans aller jusqu’à citer des noms de l’horrible scène art-visual de la fin des années 90 qui rendit aveugle une partie de sa génération, il y aurait néanmoins beaucoup à dire sur ces faux-groupes cachant leur manque de talents sous un tapis visuel.
Rien de tout cela, même plutôt l’inverse, chez Abraham Fogg, et dont le premier EP « Metamorphosis » sort le 21 mai. On citera l’étiquette « electronica » avec de grosses pincettes, tout comme celle de « musique cinématique ». Le fait est que le duo formé par Grégoire Vaillant (le compositeur) et Charles-Edouard Dangelser (le réalisateur) embarque un peu tout cela en même temps, parle d’une réunion entre la techno primitive du label Warp et des motifs minimaliste d’Arvo Pärt, et que le premier titre clippé nommé Le vol des sorcières, à découvrir ci-dessous, est bien plus qu’un titre clippé. Pour dire vrai, c’est un peu comme si les mecs de The Blaze avaient décidé de sortir un court-métrage dans une station de balnéothérapie pour gens traumatisés par le Projet Blair Witch.
Le vol des sorcières (la référence à Blair Witch, vous l’avez?) est un très bon préambule néo-classique au premier album prévu pour novembre, et « inspiré par l’un des premiers films d’horreur de l’histoire, au croisement de l’electronica, de la techno et de la musique de chambre« . On a connu pire pitch d’intro, non ? Le disque en question s’intitule « Blåkulla », du nom d’une île européenne où le diable rejoindrait chaque année les sorcières pour célébrer le Sabat. A priori donc, tout sauf un album festif composé à l’arrache par des beatmakers confondant le total de leur doigts et le nombre de synapses dans leurs esprits vides.
La pochette du « Blåkulla » d’Abraham Fogg est à découvrir ci-dessous. Plus d’infos ici.