Les freaks de Blu Anxxiety reprennent leur monstrueuse parade. Cet été, ils signaient chez Toxic State Records « Morbid Now, Morbid Later » leur dernière profession de foi, délivrée avec la même mention (qui tient presque, à ce stade, de l’avertissement) : dark freestyle.

Avis aux esthètes du grand-guignolesque : imaginez une fête foraine dégénérée, du genre à naître dans l’imagination fertile d’un Stephen King en retraite. Aux auto-tamponneuses, les Cramps percutent à fond de balle Cypress Hill, Rob Zombie et Marilyn Manson, pendant que sur le podium Alice Cooper se lance dans un strip-tease de mauvais goût.  Les enceintes crachent de l’indus à fond de balle, Skinny Puppy ou Alien Sex Fiend, dans la plus pure ambiance club gothique 90s. Voilà une petite idée de la couleur du deuxième album de Blu Anxxiety « Morbid Now, Morbid Later », sorti ce 30 juillet sur le label new-yorkais Toxic State Records. Un gros cocktail molotov d’influences diverses, où les seuls mots d’ordre semblent être excès, grotesque et violence sourde.

Blu Anxxiety se présente comme un « syndrome post-traumatique induit par l’État Policier et le bleu de l’uniforme ». Derrière cette description, c’est l’iconoclaste personnage de Dracula Orengo qui tire les ficelles depuis le premier album du trio, « Plaay Dead », paru il y a tout juste deux ans et dont le single Internet Terrorist avait connu une relative notoriété. Biberonné au hip-hop de Tupac et Biggie, le premier disque que le jeune Dracula s’offre avec son argent de poche porte un nom prophétique : « Back Da Fuck Up », signé Onyx. Il aime la rage des textes, leur description cynique de la rue dont son père est un habitué et la violence sourde avec laquelle les mots sont crachés.

Si dans le futur, Dracula s’illustre plutôt dans les scènes punk underground de New York (« Nuke York », dans la bouche de l’intéressé), l’héritage hip-hop gueulard restera une influence majeure du son de Blu Anxxiety, autoproclamé dark freestyle. L’image est assez claire, elle est le terrain de jeu parfait pour ce trio particulièrement friand de cercueils, de maquillage outrancier et de costumes de nonnes version film d’horreur série Z. Un joyeux carnaval, brièvement résumé sur le clip de Running. Et si les fantômes du hip-hop et du punk sont indéniables dans l’ADN du groupe, ils côtoient surtout ceux de la tristement sous-représentée Electronic Body Music, plus ou moins supplantée par sa nièce, la synthwave, revisité à la sauce bourre-pif par Dracula et consorts sur Macabre. Bref, mieux qu’un cours de pilates en plein air ou une playlist de pop acidulée fadasse, nous tenons peut-être avec là le véritable album pour aborder la rentrée avec calme et sérénité.

Blu Anxxiety // Morbid Now, Morbid Later // Toxic State, paru le 30 juillet 2023
https://toxicstaterecords.bandcamp.com/album/blu-anxxiety-morbid-now-morbid-later

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