La jeune formation new-yorkaise Been Stellar, qui sortira son premier EP en août, permet à la Big Apple de rester en vie sur l’autoroute du rock indé.

Écrire sur la musique, c’est avant tout raconter des histoires. Et quand l’histoire est chiante, ou trop banale, il reste quand même la musique. Mais oublions un instant cette philosophie à deux balles pour se concentrer sur Been Stellar. Depuis que Captured Tracks est à l’agonie (quelqu’un sait si le label a sorti un bon disque ces trois dernières années ?), et malgré les efforts d’une poignée de labels indie, New York peine à revitaliser sa scène rock, et encore plus à la faire vivre à l’international. Geese est sur le bon chemin, suivie de près dans l’échappée par nos champions du jour : Been Stellar. Ils sont cinq, ils ont le droit de conduire, à peine celui de boire, et ils ont les cheveux gras. La bonne base pour un bon départ, qui a eu lieu en 2017 quand les membres du groupe se sont tous retrouvés à New York pour étudier. Leur vie estudiantine dans cette ville étant aussi passionnante qu’un épisode d’Hélène et les garçons, on avance jusqu’à 2022.

Cinq ans et une pandémie plus tard, Been Stellar, qui a récupéré un espace de répétition dans un quartier d’hipsters où les loyers ne sont encore pas trop chers, a enfin mis en boîte un premier EP, prévu sur le prometteur label So Young Records et Rough Trade. Mais Been Stellar, c’est surtout un condensé ultra addictif de rock indé. Un peu comme si Thurston Moore et Kevin Shields faisaient un enfant et que le parrain était Lou Barlow (Sebadoh). Ça veut dire qu’ils ont les bases, qu’ils ont lu Rock’n’Roll : la discothèque idéale : 101 disques qui ont changé le monde de Philippe Manœuvre, mais qu’ils ont envie de créer la nouvelle B.O. de leur génération. On vous voit venir : c’est cool mais ils n’inventent rien en faisant du pseudo rock 90’s. Bah non. Mais ils s’approprient une culture rock d’une manière intelligente, en gardant le meilleur de l’underground mais aussi la possibilité de s’autoriser des gimmicks plus pop, pour faire en sorte qu’on retienne leur nom. Le meilleur exemple est peut-être le titre Kids 1995 qui passe au fer à repasser le shoegaze, le post-punk et le rock indie de long en large. C’est lisse, propre et prêt à ranger dans le placard des tubes indés de 2022. My Honesty et Manhattan Youth capturent ce qu’on imagine être l’effervescence d’une jeunesse américaine biberonnée aux tueries, à diverses angoisses oppressantes et à un way of life américain qui ne berne plus personne. Leur musique, encore un peu coincée dans les jupes des darons du rock qu’ils ont copiés pour faire leurs gammes, a cependant une énorme marge de progression. Comme si cet EP était en fait la vidéo de présentation de l’album à venir, histoire de vous mettre en appétit, mais qu’elle avait été réalisée à l’arrache avec un smartphone et montée sur iMovie.

Alors non, Been Steelar, comme Geese, ne seront pas les nouveaux Strokes. Et le fait que Rough Trade soit dans la partie n’est pas un gage de réussite — ils ont misé sur de beaux pneus crevés ces dernières années, comme The Creases ou Palma Violets. Mais tant que des gamins continueront de choisir des guitares, de tourner dans des tour bus pourris sans se laver tous les jours et de capturer en musique les états d’âmes de leur vie 2.0, alors la terre du rock continuera de tourner sur elle-même.

L’EP de Been Stellar sortira le 12 août. Plus d’infos par ici.

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