L’Australie est un terreau de diverses espèces rares et plus ou moins curieuses, de l’araignée mortelle à une entière galaxie de divers groupes garage-psych (et autres dénominations complexes). Dernièrement, c’est Tropical Fuck Storm qui s’est illustré avec « Moonburn », un bel album pour accueillir l’automne.

Fin août, alors que les écoliers préparaient mélancoliquement leurs cartables, les Australiens de Tropical Fuck Storm (rien que le nom est déjà un délicat poème) ont sorti leur nouvel album chez Joyful Noise Recordings. Il s’appelle « Moonburn », un adorable cadeau de rentrée se situant quelque part entre le papier verre gros grain et le génie sauvage ruisselant de sueur. Cet EP est livré avec une explication assez cryptique du frontman Gareth Liddiard : l’idée qu’on ne peut pas vraiment se cacher des autres, mais au final qu’importe, puisque tout le monde est de toute façon à moitié flingué dans sa tête. Alors pourquoi s’en faire ? Bref, une ode à la simplicité et surtout, quatre bons morceaux.

Cette nouvelle sortie arrive six mois après « Satanic Slumber Party », où nos protagonistes rejoignaient les joyeux drilles de King Gizzard and the Lizard Wizard (les parangons du fameux viviers mentionné plus haut) pour trois morceaux épileptiques, parus sur le même label. Le résultat était alors cosmique, angoissant, parfois agréable, et n’avait pas grand-chose en commun avec ce nouvel album (bonne nouvelle).

« Moonburn » présente une intensité remarquable et une ambiance difficilement définissable, dont la complexité donne tout son charme à ce court album. Une teinte psychédélique et torturée nappe l’ensemble des compositions, chacune respirant l’authenticité et une touchante pureté. L’ensemble sonne comme un vent de fraîcheur bienvenu dans le monde nébuleux et parfois décevant du garage-punk-psych-noise-post-blabla. Ici, le bordel n’est pas qu’une solution de facilité, le chaos est compris, maîtrisé et en devient presque harmonieux. La lenteur générale donne une retenue bienvenue au déchaînement du groupe, et donne un excellent ancrage à ces quatre morceaux surprenants de justesse et de dénuement.

L’album s’ouvre sur le morceau éponyme, Moonburn, peut-être le meilleur, pépite de bizarreries angoissantes sur un rythme claudicant. Ann est le morceau le plus lisse, une reprise des Stooges dans un esprit presque « pop acidulée », avec tout ce que l’expression peut avoir de plus déprimant (mais fort heureusement, la lourdeur revient très vite massacrer l’intro geignarde et sa fausse mignonnerie, pour le bien de l’EP tout entier).

Ensuite, le groupe livre une version acoustique de son morceau Aspirin. Il prend ici une toute nouvelle couleur, transformé en ritournelle hantée, touchante, qui viendra vous remémorer vos plus tristes actes manqués. Sur le dernier morceau, Heaven, les Australiens proposent une reprise à la fois fidèle et personnelle des Talking Heads qui, sans être fondamentalement originale, clôt à merveille ce très bon album, court mais intense.

Pour celles et ceux qui souhaiteraient apprécier « Moonburn » en live, les Australiens rendront visite au public français en septembre pour une dizaine de dates (avec un passage à Paris le 13).

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