Holy Wave, l’un des groupes phares de la scène psychédélique d’Austin aux côtés des Black Angels, revient en 2020 avec un cinquième album : « Interloper », à mi-chemin entre sonorités du passé et regard critique sur le monde d’aujourd’hui.

En quatre albums, Holy Wave s’est imposé comme une référence dans la scène psyché internationale, en jouant sur les meilleures scènés du genre comme le Levitation (US et FR) ou bien le Desert Daze et en partageant l’affiche avec des groupes de comme Slowdive, Spiritualized, le Brian Jonestown Massacre et j’en passe. Ce cinquième album était donc clairement attendu, si bien que les précommandes du vinyle aux Etats-Unis ont fait sold-out, encore une fois publié chez « The Reverberation Appreciation Society« , la face label du festival Levitation.

Commençons par le nom de l’album, « Interloper ». Rien à voir avec les antylopes, mais on nous fait savoir qu’il s’agit « d’une personne qui s’implique dans un lieu ou une situation où elle n’est pas désirée, ou qu’elle est considérée comme n’appartenant pas au groupe« . On pourrait rapprocher ça d’un intrus ou d’un pariah en français. Mais le groupe apporte un peu de précision sur ce choix en posant ce constat introductif : « Que se passe-t-il lorsque le monde devant vous  change à tel point que vous vous sentez comme un étranger à votre propre place ?« . Bonne ambiance.

On vivrait donc dans une période où tout fout le camp ? Étonnant. Comme de nombreux groupes préoccupés par leur environnement, au sens littéral comme au sens figuré, Holy Wave s’inscrit donc cette nouvelle lignée d’artistes qui remettent en question le monde  et le système dans lequel nous vivons ; et ils sont de plus en plus nombreux dans la scène psyché (le ‘Currency’ des Black Angels est encore l’un des meilleurs exemples récents). C’est à se demander si ces artistes n’auraient pas davantage pas leur place dans les gouvernement locaux plutôt que sur scène ; quitte à faire les deux. Etant donné la situation actuelle, une reconversion professionnelle n’est pas forcément inenvisageable ; surtout dans un pays où un businessman de la télé-réalité est président, où Terminator est gouverneur de Californie, où des chiens sont maires de ville et où des candidatures à la présidentielle complètement WTF fleurissent comme de la mauvaise herbe (Kanye West et Tiger King pour ne citer qu’eux). Holy Wave au pouvoir au Texas, s’il vous plait.

Bref, revenons sur l’album. Ecrit notamment sur la dualité entre la vie pépouze à la maison et la vie en tournée sur la route (surtout à la maison en ce moment), « Interloper » voit le groupe s’étendre sur des thèmes ésotériques et existentiels ; comme le fait de savoir garder les pieds sur terre, sur la condition humaine au 21ème siècle, ou bien le fait de voir le monde s’enflammer. Entrée en matière avec le premier single a être paru en amont de la sortie du disque, I’m Not Living In The Past Anymore, bel oxymore entre style musical d’antan et paroles se projetant vers l’avenir avec un mantra répété en boucle sur le fait de briser le cycle de la banalité de la vie et de se renouveler en quête d’un renouveau rétro-futuriste. Sans aucun doute un des morceaux les plus percutants du disque.

Pour le reste, l’album oscille entre dream-pop rêveuse très Beatles et surf-music à leur sauce dont ils ont le secret depuis plusieurs années. Holy Wave nous emmène dans un voyage haut en couleurs aux accents oniriques qui donne clairement envie de s’écouter l’album en s’allongeant quelque part dans un coin de nature et de se laisser porter en fermant les yeux à la découverte des 10 morceaux qui composent « Interloper », et qui forment une jolie ballade. Un bon disque pour l’été en soi.

On y trouve des morceaux qui parlent du fait que nous soyons tous et toutes des bâtards de l’enfer (Hell Bastards). Sympa les mecs. Mais à côté de ces constats assez négatifs sur différents sujets, les mélodies restent rêveuses et aident à faire passer la pilule en douceur. Critique oui, mais plein d’optimisme. Autre cadeau pour les connaisseurs du groupe, le morceau Buddhist Pete qui sort ENFIN sur ce disque ; morceau jusqu’alors connu pour être joué uniquement en live et avoir été enregistré lors d’une session dans les studios de Fuzz Club à Londres il y a de ça quelques années.

Depuis leurs débuts en 2012 avec « The Evil Has Landed », Holy Wave garde cette constance entre pop des années 60 et krautrock synthétique qui montre que le groupe est plus créatif que jamais et ne renonce pas tant que ça à ses origines tout en cherchant à se renouveler. « Interloper » s’inscrit donc dans la lignée des précédents disques du groupe, vous ne serez pas choqués d’un revirement radical.

Hélas, à cause de ce connard de virus comme dirait Renaud, on ne les verra pas en Europe avant 2021, si le monde n’explose pas d’ici là. On met Roselyne Bachelot dans la boucle pour qu’elle puisse nous apporter une réponse rapidement. En attendant, si vous l’avez raté, vous pouvez vous écouter l’album qui vient de sortir début juillet, et/ou vous entraîner au karaoké sur l’un de leurs fameux précédents titres. Ca vaut le détour.

Holy Wave – Interloper – The Reverberation Appreciation Society
https://holywave.bandcamp.com/album/interloper

2 commentaires

  1. Il y à 10, 20 ans, on nous bassinez avec les guitares Velvetiennes pour tout les branleurs de manches grelin grelin, là dès que les mecs couinent à 3 ou 4 autours du micro c’est les Beatles, ou les Beach Boys.
    Si c’est Brainorama que vous voulez faire très bien, mais si vous chercher autre choses, ne prenez pas vos lecteurs pour des buses.

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