Donner un successeur à l’immense « Flower Boy » sans tomber dans la redite et en restant pertinent, il fallait y arriver. Tyler, The Creator s’est fait larguer et il l’a fait avec « IGOR ».
C’était déjà un peu perdu d’avance pour Tyler Okonma, dit The Creator : il a atteint son firmament avec son précédent et quatrième album « Scum Fuck Flower Boy », probablement le meilleur disque de 2017. Une merveille ensoleillée et psychédélique à la richesse opulente de mélodie et d’inventivité. Son « Midnight Marauders » ou son « 36 Chambers » si on parle de hip-hop, son « Innervisions » ou son « What’s Going On » si on parle de soul. Car c’est entre les deux registres que l’Angeleno opère désormais en y apportant une indéniable touche personnelle.
Souvent coincé entre la virtuosité raffinée de Frank Ocean et la sombre folie d’Earl Sweatshirt – ses anciens compères du crew Odd Future – Tyler a longtemps fait figure de vilain petit canard de la bande qui bousculait le rap il y a une dizaine d’années. Malgré des débuts fracassants, le MC à la voix rauque oscillait entre hip-hop ultra agressif (« Goblin » 2011) et influence de l’axe Neptunes/NERD/ Pharell Williams bien trop envahissante (« Cherry Bomb » 2015).
Jusqu’à ce « Flower Boy » donc où il a enfin trouvé son créneau, toujours sous l’ombre de l’auteur de l’écœurant Happy (époque de NERD et des Neptunes attention) mais en y ajoutant plus de matière, plus de folie, plus de noirceur. Le Boss d’Odd Future avait donc repris son trône, s’offrant même un petit tube avec See You Again et la BO du Grinch. Alors plutôt qu’essayer à même pas trente ans de rivaliser avec son propre chef d’œuvre, il a préféré opter pour un disque bordélique et un peu malade. Une des meilleures méthodes dans ce type de configuration. Il prévient sur les notes de la pochette : «Igor. This is not Bastard. This is not Goblin. This is not Wolf. This is not Cherry Bomb. This is not Flower Boy. This is Igor ».
Déjà catalogué « album de la rupture amoureuse » sans qu’on sache avec qui ni quoi (son « Here My Dear » ?), « IGOR » (tous les titres sont en majuscules comme sur « Cherry Bomb ») prend tout le monde de court en sortant sans vraiment prévenir et en partant souvent dans tous les sens. Le mec n’a plus vraiment de limite et ça le rend d’autant plus intéressant. Il faudra passer sur le chapelet toujours un peu fatigant des featuring des disques hip-hop mais, dans le désordre, vous pourrez peut-être (l’artiste laisse planer le doute) y entendre entre autres Charlie Wilson (The Gap Band), Playboy Carti, Frank Ocean, Solange, King Krule, Kanye West, Pharell Williams forcément ou encore même Al Green qui est sorti de son église. Autant dire le gratin d’hier et d’aujourd’hui.
A noter déjà – c’est une pratique devenue assez rare – que le disque possède un vrai morceau d’intro avec IGOR’S THEME aux nappes de synthés analogiques grandiloquentes et beats travaillés et une vraie outro avec la soul lancinante et classieuse de ARE WE STILL FRIENDS ? qui sonne la fin du banquet (et de la relation).
Entre les deux, le rappeur balade son chagrin en mélangeant tellement de genres et de sons qu’il en ressort une forme de cohérence bancale, mais réelle. Si le rap en tant que tel est finalement peu présent (NEW MAGIC WAND, WHAT’S GOOD et son breakbeat de 1989), les effluves de funk et de soul aux relents 80’s abreuvent le reste avec dès à présent le mini-hit EARFQUAKE, pas forcément le plus intéressant dans le lot. Et c’est encore foisonnant ailleurs. Beaucoup de guitares, des harmonies de voix sur fond de bagnoles (avec le collègue Frank Ocean ?) sur RUNNING OUT OF TIME, des basses remuantes sur le petit tube FM (I THINK), ou l’aspect pop à la NERD (PUPPET, GONE, GONE/THANK YOU). Si on retrouve parfois le psychédélisme foutraque de « Flower Boy » sur la merveille A BOY IS A GUN, « IGOR » cultive au final sa propre originalité. Dans un style un peu plus froid et mélancolique là où son prédécesseur fleurait bon la Californie rayonnante et les années 70.
Triste ou heureux, il n’en demeure pas moins que Tyler, The Creator produit actuellement l’une des musiques les plus passionnantes de son époque.
Tyler, The Creator // IGOR // Columbia
10 commentaires
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! alerte!!!!!!!!!!!!!! D iroquois cassent votre disqgodgraphie et revendent dans le 18ème chaque jour
CHECK ! STFU II
elle n’a pas une IMMENSSE tache de naissance sur la gueule!
… in May .. fait ce quil te plait pas le temps de finir les affaires courantes au 1O du cabinet
il est plutôt steve miller band ou steve reich ?
j’lai croise j’ai pas reconnu le Xavier Nolan je suis nul!
mon quinté hip hop dans le desordre :Kool Keith – album « Black Elvis / Lost In Space » , Dr. Octagon – Dr. Octagon chez mo wax et Deltron 3030 1er album et Madvillain – Madvillainy ,a coté tyler the photocopieur c’est un MICKEY MAINSTREAM
j’ai oublié pardon Rocé – « Top Départ « conclu mon quinté
interdit de chro_michey les albums hors de prixxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
Ecoutez voir aussi les CITY GIRLS!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
vive le chaos on 13/6/2019