La pop intimiste de Studio Electrophonique revient encore plus à nue qu’à ses débuts en 2019 avec un nouvel EP, « Happier Things » : cinq chansons tellement fragiles et dépouillées qu’elles feraient presque passer Nick Drake pour Phil Spector.
Il y a les musiciens qui s’évertuent à multiplier les influences allant du free jazz polonais au funk nigérian et ceux pour qui un seul artiste, voire même un seul disque suffit. En la matière, l’Anglais au nom francophile Studio Electrophonique fait figure de cas d’étude particulièrement monomaniaque. A l’écouter, il apparait quasi instantanément que James Leesley a poncé pendant toute sa jeunesse le troisième album du Velvet Underground. Celui avec le canapé, ce qui n’est pas forcément une mauvaise référence. A croire qu’il est resté séquestré pendant 10 ans dans la cave familiale par son père fan de Susan Boyle avec pour seule distraction le premier disque des New-Yorkais sans John Cale. Avec Candy Says et Pale Blue Eyes pour parents de substitution, il a développé ce même son paisible et délicat propre à tout bon dimanche matin pluvieux. Et il n’y a ici rien d’insultant ou de péjoratif tant il parvient à rester pertinent dans ce périlleux exercice de style.
Venu de Sheffield, fameuse cité industrielle du nord de l’Angleterre connue pour avoir enfanté du label Warp, The Human League, Pulp ou d’un club de foot appelé Sheffield Mercredi (Wednesday ndlr), Leesley avait déjà surpris tout le monde en 2019 avec son premier EP « Buxton Palace Hotel ». Soit six titres enregistrés probablement chez lui avec sa guitare, un modeste clavier et une boîte à rythmes fatiguée. Déjà, il invoquait l’âme de Lou Reed dans une série de mini pop songs de chambre de bonne dégageant une magie totalement désarmante et adoubées notamment par Etienne Daho. Disparu depuis alors que Jul avait déjà sorti une demi-douzaine d’albums, le Britannique revient avec un nouvel EP de cinq titres chez Violette Records. Comme si cela pouvait être possible, « Happier Things » fait preuve d’une économie de moyens encore plus grande que son prédécesseur. Sa vieille boîte à rythme a visiblement dû rendre l’âme entretemps. Il l’a remplacée par un tambourin.
Ce que sa musique perd en – relative – immédiateté pop par rapport au premier EP, elle le gagne en intimité et en profondeur. Le souffle de son petit magnétophone est toujours présent et serait presque part active de cette inexplicable proximité que revêt la musique de Studio Electrophonique. Si le premier single Happier Things garde encore des arrangements légèrement travaillés, le son se dépouille de titre en titre avec pour thème majeur l’amour perdu. Du forcément très velvetien Can’t You Just Want Me à If I Loved You Less où ses airs de voix rappellent Stuart Murdoch de Belle And Sebastian ou le sublime The Lovers In The Café, il termine avec seulement un orgue sur All-Time Biggest Fans : de drôles de petits formats sans véritables refrains mais dont certaines phrases procurent le même effet et restent durablement en mémoire. A chaque fois, le charme opère avec une telle fragilité qu’elle ferait presque craindre que ces douces mélodies viennent à se briser. Le genre de bluettes qu’on aurait rêvé de composer pour sa chérie dans sa chambre d’adolescent en essayant désespérément de triturer une guitare désaccordée.
Studio Electrophonique // Happier Things // Violette Records
1 commentaire
CE titre sonne comme du belle and sebastian periode If You’re Feeling Sinister , James Leesley encore un suceur de roue , c’est le soucis de tous ses groupe indie pop depuis le debut des années 2000 , il n’arrive jamais a depassé leur influence , j’ai mille fois entendu ce genre de musique , Studio Electrophonique pour moi c’est sans intérêt aucun