Gare aux acouphènes avec l’artillerie de mini-synthés dingos des Californiens de System Exclusive. « Click », leur deuxième album, déferle sur la France sous la bannière du Cèpe Records.
Originaires de Pasadena en Californie, Ari Blaisdell et Matt Jones passent depuis deux ans leur vie sur la route. Contrairement aux péripéties de Kerouac, leur initiative vient prouver que la musique américaine n’est pas forcément là où on l’attend. Baptisé en référence à un terme du jargon technique de la production musicale en MAO (« SysEx »), System Exclusive a mis ses doigts dans la prise électrique pour élaborer le cyber univers de « Click » (Le Cèpe Rds /Mt.St.Mtn). Contrairement à leur premier album signé chez Castle Face en 2022, ici le tandem associe sa synth-pop rugueuse aux dissonances farfelues du math rock tout en conservant une approche pop dans la voix et les mélodies. L’équation prodigue un résultat assez délirant, plutôt harmonieux, voire même carrément explosif.
Écrites sur les routes de leurs tournées sans fin entre l’Europe et les États-Unis, les chansons ont ensuite été enregistrées sur l’île portugaise de Saõ Miguel où les deux Californiens ont enfin pu jouir de l’oisiveté insulaire. Voici ce que l’on peut lire dans le communiqué de presse :
« Ils ont effrontément cherché à enregistrer cet album sur l’île portugaise de Saõ Miguel, incroyablement belle mais isolée, et ont fait l’expérience d’un niveau de superstition confirmant les échecs, les bris d’équipement et la folie cosmique pendant le repérage. »
Que celles et ceux qui au travers de ces lignes n’ont pas pensé au séjour des Happy Mondays à la Barbade pour l’enregistrement de « Yes Please ! » me jettent la première pierre.
Sauf que le duo californien semble un peu plus fiable que les ambassadeurs de la dinguerie Madchester. Aucune vente de matos musical ni quelconque roublardise destinée à se défoncer au crack au lieu de travailler leur musique n’a été à déplorer selon nos informations. Saõ Miguel leur a-t-elle inspiré Fashion Island ? Qu’importe, c’est ensuite K. Dylan Edrich, connu notamment pour ses collaborations avec OSEES ou Ty Segall, qui s’est chargé de transformer ces maquettes en de véritables hits – un peu comme si Blondie et Cyndi Lauper étaient accompagnées par un backing band robotique.
L’aliénation technologique
Le résultat demeure assez déroutant avec ces superpositions de nappes grésillantes, de rythmiques aussi brinquebalantes qu’entraînantes, de candides mélodies et de sonorités parfois stridentes sinon tintinnabulantes issues des synthés. Associée au tranchant de la guitare post-punk, rythmée par une batterie efficace sans prétention qui accompagne les boîtes à rythmes, la voix lascive d’Ari se fond dans ces expérimentations sonores bruitistes qui évoquent un univers technologique et développent une atmosphère cyberpop plutôt singulière.
Dans Carry On, par exemple, on croirait que System Exclusive a invité R2D2 pour un featuring. Tower 23 associe la démarche à la surf music. On peut déceler une pointe de mal du pays à travers Pasadena, dont certaines sonorités imposent à l’esprit le bruit des vagues qui viennent s’écraser sur le rivage. La mélodie de Song With Hangover semble effectivement avoir été conçue un jour chômé de veisalgie durant lequel pianoter quelques notes éthérées reste la seule échappatoire à la souffrance induite par l’intoxication éthylique.
Il ne s’agit cependant pas de s’asseoir en tailleur d’un air contemplatif et d’écouter des délires ambients perchés au clavier. Au contraire, globalement les morceaux demeurent dynamiques avec une dimension dance, à l’instar de Can’t Stand 4 It. D’ailleurs, si vous ne savez pas sur quel pied danser là-dessus, suivez la chorégraphie de 2 Little 2 Late que l’on découvre dans le clip dédié.
System Exclusive // Click // Le Cèpe Records
https://systemexclusive.bandcamp.com/album/click
2 commentaires
la vache c abominanle!
free nelson caledonia!